samedi 22 octobre 2011

DSK suite...



Le chef de la sûreté est allé à Washington avec des jeunes femmes pour rejoindre le patron du FMI


Jusqu'où l'affaire du Carlton lillois ira t-elle ? Après avoir commencé, il y a maintenant près de trois semaines, par éclabousser le petit milieu de notables de la métropole du Nord, avant de rattraper Dominique Strauss-Kahn au second tour de la primaire socialiste, voilà qu'elle commence à ébranler sérieusement la hiérarchie policière du Nord.
Depuis jeudi 20 octobre, le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, chef de la sûreté départementale du Nord, est entendu par l'inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. Les enquêteurs sont venus l'entendre dans son bureau, dès huit heures du matin, alors qu'il prenait sa permanence, comme tous les jours depuis une semaine, comme chef de la police du Nord.
A l'hôtel de police de Lille, personne ne fut vraiment surpris. La semaine précédente, le commissaire avait annoncé à ses chefs de groupe qu'il serait prochainement entendu dans cette affaire où cinq personnes - un avocat reconnu, la direction d'un hôtel de luxe lillois, et un chef d'entreprise - sont déjà mises en examen pour " proxénétisme aggravé en bande organisée ".
Directement impliqué
Vendredi 21 octobre, Jean-Christophe Lagarde était toujours en garde à vue. Selon des sources proches du dossier, l'implication celui qui est présenté comme un " super flic " et un " meneur d'hommes " ne fait plus de doute. Le policier, qui travailla dans les années 1990 aux côtés de Michel Neyret, ancien numéro deux de la police judiciaire lyonnaise récemment incarcéré dans une affaire de trafic de stupéfiants et détournements de scellés, est directement " impliqué dans cette affaire de proxénétisme ". L'enquête montre que Jean-Christophe Lagarde a fait le voyage à Washington, à plusieurs reprises, accompagné de jeunes femmes de Dominique Alderweireld, alias " Dodo la Saumure ", un proxénète français installé en Belgique. M. Lagarde aurait même fait plusieurs allers-retours, notamment en mai, peu de temps avant l'affaire du Sofitel de New York. Il aurait été accompagné de David Roquet, le chef d'entreprise du bâtiment, aujourd'hui incarcéré dans le dossier. Celui-ci aurait joué le rôle de rabatteur lors d'une soirée organisée à Paris.
" Il y a peu de doutes sur la matérialité des faits (voyages, soirées) mais les vérifications restent à faire ", appuie une source policière. Il s'agit d'un réseau de queutards invétérés ", poursuit cette même source. Les enquêteurs précisent cependant que recourir à des prostituées n'est pas puni par la loi. En revanche, selon l'article 225-5 du code pénal, amener et présenter des jeunes femmes professionnelles à des clients répond à la définition légale du proxénétisme.
Le nom de Jean-Christophe Lagarde avait déjà été cité par René Kojfer, 70 ans, vieille connaissance de Dodo la Saumure, et indic de la brigade des moeurs à ses heures. René Kojfer est connu de tout le petit milieu lillois. Le chargé des relations publiques du Carlton a affirmé aux enquêteurs sur procès-verbal qu'il a déjeuné avec le commissaire Lagarde en compagnie de Dodo la Saumure.
Un autre membre de la hiérarchie policière lilloise, Jean-Claude Ménault, directeur de la sécurité publique du Nord, a fait le voyage aux Etats-Unis. " Mais il n'apparaît pas mis en cause dans l'affaire de proxénétisme ", précise une source judiciaire.
Laurent Borredon et Emeline Cazi
© Le Monde

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