mardi 20 mars 2018

Molécules, perturbateurs endocriniens, pesticides, pollution des villes ou des campagnes?


J’avais promis de livrer quelques résultats d’analyses des micropolluants et perturbateurs endocriniens (PE) traités par la station d’épuration de St Pourçain la seule à posséder un traitement tertiaire en activité réelle.

En effet la municipalité a construit cette station connaissant la charge polluante de notre ville en ayant pour but qu’aucun rejet de nature humaine retourne dans le milieu naturel, les boues de station étant incinérées l’objectif est complètement atteint.

Ainsi je vais livrer quelques données d’analyses qui vont permettre à tous de mesurer la performance de la station et de son traitement des micropolluants, mais surtout de transposer à toutes les autres stations françaises qui elles ne les traitent pas et ainsi de bien mesurer la pollution humaine et les rejets dans le milieu naturel. Au passage une démonstration qu’il n’y a pas que l’agriculture qui pollue et parfois même bien moins car la pollution sortant d’une station étant concentrée sur un seul point.

Ces analyses ont été faites en 2012 avant la construction, 2015 et 2017, désormais nous en ferons chaque année. Ces analyses portent sur une très grande quantité de molécules, je n’en ressortirai que celles les plus significatives ou dangereuses. C’est le laboratoire départemental de l’Allier qui a fait les prélèvements et les analyses. Bien entendu ces analyses sont propriétés de la ville de St Pourçain.



Molécules
2012
2015
2017
En µg/L
Entrée
Sortie Clarif
Sortie
Entrée
Sortie Clarif
Sortie
Entrée
Sortie Clarif
Sortie
AMPA


3,3
3,10
2,10
1,93
6,47
2,37
3,84
Bisphénol A
< 0,5

< 0,5
0,89
0,11
0,28
< 0,02
< 0,02
< 0,02
Ibuprofène
1,7

0,25
3,48
< 0,05
< 0,05
0,3
< 0,1
< 0,1
Carbémazépine
0,05

0,064
1,57
1,54
0,23
0,24
2,19
0,019
Benzotriazole
1,2

1,3
2,85
0,89
0,33
1,6
1,7
0,2
atenolol
0,52

0,99
2,75
0,15
< 0,05
0,268
0,298
0,014
Diclofenac
0,37

0,28
2,55
0,81
0,12
0,15
0,95
0,01
Clarithromycine
< 1

< 1
0,30
0,14
< 0,05
< 0,05
0,108
< 0,05
Furosemide






0,43
0,77
< 0,02
Androstérone






0,35
0,30
< 0,25
Caféïne






0,71
0,39
< 0,02
cotinine






0,563
0,043
0,011
Paracetamol






4,85
0,43
0,10
Paraxanthine






9,07
0,16
< 0,05
Valsartan






0,7
0,5
< 0,1
Metformine






200
< 1
< 1



Il faut bien comprendre dans ce tableau que la « sortie » veut dire après traitement tertiaire qui détruit les molécules, s’il n’y avait pas ce traitement ou les stations qui n’en sont pas équipées, c’est la « sortie clarif » qui veut dire sortie après le clarificateur qui rejette dans le milieu naturel.

Il y a beaucoup plus d’analyses en 2017 car nous avons décidé de faire porter les analyses sur plus de 300 molécules depuis cette date.

A noter que l’AMPA est issue de la dégradation du glyphosate mais ici c’est davantage la dégradation des lessives, car il n’y a pas ou peu d’épandage de glyphosate en ville et c’est désormais interdit.

On voit aussi très bien que le passage en station pour certaines molécules reconcentre la matière active et il est tout à fait probable sans traitement tertiaire d’avoir plus de pollution en sortie qu’en entrée.

Ces analyses ne sont pas inclues dans un protocole scientifique établi, mais elles sont le reflet au moment de l’analyse de la vie normale de tous les jours sans choisir particulièrement de jour mais en évitant que ce soit par temps sec ou de grosses pluviométries et des conséquences de l’activité humaine sur notre environnement.  Nous continuerons chaque année de faire ces analyses pour étoffer notre banque de données.
La conclusion est vraiment de démontrer que l’activité humaine pollue avec parfois des produits dangereux, que certains comme les médicaments pour le cœur ou le diabète sont difficilement inévitables, qu’il convient donc d’avoir des traitements éliminant le rejet en milieu naturel surtout quand dans le cas d’une station le rejet est sur un seul point avec une dilution plus ou moins faible.

dimanche 4 mars 2018

Au delà de leur salon, l'agriculture et la ruralité se meurent.


Alors que le Salon International de l’Agriculture de Paris se ferme avec un nouveau record de fréquentation, nous faisons face soit à une schizophrénie incroyable des français, soit à des médias et un pouvoir qui nous mènent dans une autre direction de leur volonté.

Dès l’ouverture du salon des militants L214 manifestaient devant l’entrée contre l’usage d’animaux pour notre usage humain. Mais alors que venaient donc voir ces français toujours plus nombreux au salon si ce n’est l’excellence des produits agricoles avec une fréquentation la plus forte dans les rangées exposant les animaux rassemblant le meilleur de chaque race dont leur destination est sans ambiguïté dans notre assiette. La file d’attente devant chaque restaurant des différentes races ou produits ne laissait là encore aucun doute. Et pourtant les médias n’ont pas ménagé leur peine relayés par quelques stars médiatiques sur des plateaux de télévision, pour montrer la manifestation de L214 faisant croire à la France entière que c’était presque le seul évènement de l’ouverture du salon. La réalité ce sont près de 700.000 visiteurs contre une centaine de militants.

Que penser de tous ces stands démontrant le meilleur de notre agriculture très largement conventionnelle avec force d’explications sur les pratiques préservant la qualité et le rendement procurant une alimentation saine et sécurisée au consommateur français et étranger. L’agriculture biologique était bien sûr représentée mais par quelques stands au milieu d’autres tout à la hauteur relative de sa présence dans nos campagnes.

Et pourtant nos médias et nos dirigeants ne cessent de défendre une agriculture moins productiviste et plus naturelle, autant dire sans pesticides et décroissante, reléguant la France du 1er au 2eme et bientôt 3eme pays agricole européen et de 3eme à 6eme exportateur mondial.

Ce soir le journal de France 2 pour le lancement d’un reportage sur l’élevage d’insectes comestibles affirme une contre vérité en annonçant la réduction des terres agricoles dans le monde.

Pendant ce temps et en raison de l’embargo européen sur les produits agricoles, la Russie est devenue en 2 ans le premier producteur et exportateur de blé mondial en remettant en culture des millions d’hectares avec un potentiel à venir extraordinaire. La Chine achète des millions d’hectares partout dans le monde y compris en France pour assurer sa sécurité alimentaire. L’Amérique du nord et bientôt toute l’Amérique du sud grâce aux traités du CETA et du Mercosur nous inonderont de produits agricoles bons marchés et produits dans des conditions que nous avons interdites sur notre sol depuis plus de 20 ans. L’Afrique relève la tête et met en place des politiques agraires et agricoles dans les parties centrales de ce continent. Le Moyen Orient riche de son pétrole, met en culture à grands frais ses déserts en asséchant ses réserves en eau à des centaines de mètres sous terre ou dessalant l’eau de mer.

Bref, le monde entier réveille son agriculture, lui donne les moyens d’être plus productive, intensifie sa recherche, augmente le commerce à grand renfort de construction de ports, de silos, d’entrepôts de voies ferrées de routes tandis que les dirigeants européens et particulièrement français abandonnent leur agriculture et le monde rural.

En France contraintes multiples et croissantes à la production, baisse des budgets agricoles, diminution de la recherche qui a été la meilleure du monde, abandon du monde rural en fermant ses écoles, contraignant et limitant ses déplacements par la dégradation des moyens de circulation. Est-ce vraiment la volonté de cette France qui a parcouru les allées du salon durant 7 jours ?

Une fracture se créé entre le pouvoir issu des villes contre ce monde rural et agricole abandonné, laissé pour compte au nom d’intérêts économiques favorisant notre exportation du secteur tertiaire concentré dans les villes.

Je ne crois pas à la schizophrénie des français qui aiment leurs campagnes et pas seulement pour venir en vacances, je désespère juste d’un pouvoir qui abandonne le monde rural qui ressemblera sous peu aux territoires ruraux abandonnés et sinistres de l’Union Soviétique où une centaine de familles par canton travaillaient la terre dans un kolkhoze gigantesque regroupant en interne le pouvoir politique, l’état civil, l’éducation, la distribution du minimum vital, dénué de vie sociale culturelle et spirituelle.

Si nos dirigeants n’y prennent garde, dans quelques années le salon de l’agriculture de Paris deviendra un conservatoire du monde rural, celui qui a nourri la France et l’Europe, vitrine d’un passé qui a fait les belles heures de la France mais qui a abandonné sa souveraineté alimentaire par dogme, par intérêts commerciaux et désintérêt de ceux qui l’habitent.

L’agriculture, la ruralité sont encore une chance pour la France, réagissons avant qu’il ne soit trop tard !