samedi 22 octobre 2011

DSK suite....




Le maire, DSK et la tentative de suicide de Marie-Victorine


Au service des urgences de l'hôpital de Gonesse, dans le Val-d'Oise, en ce début février 1998, Marie-Victorine M'Bissa sort du coma. La veille, la jeune étudiante en droit international a avalé une bonne poignée de comprimés dans une salle de cinéma des Halles, à Paris, puis s'est enfermée à double tour dans la chambre du pavillon de Sarcelles où vit alors son père. Un gros chagrin d'amour, l'envie de mourir. Au milieu des appareils de réanimation, elle ouvre enfin les yeux. François Pupponi, le maire (PS) de la ville, est à son chevet.
Depuis six mois, la jeune femme de 24 ans entretenait une liaison avec Dominique Strauss-Kahn. Sur la table du séjour, avant sa tentative de suicide, Marie-Victorine avait laissé une lettre destinée à son père, André M'Bissa, un militant socialiste, qui a aidé " Dominique " à prendre Sarcelles. " Pour une raison que j'ignore, le silence s'est installé entre nous ", raconte la jeune fille d'une écriture régulièren, en évoquant sa liaison avec celui qui est alors devenu ministre de l'économie. " Il y a un an (...), j'ai su que je ne pourrais plus vivre sans avoir cet homme dans ma vie ", ajoute-t-elle. " Tu liras dans mon journal intime tout ce qui s'est passé entre nous. (...) Je ne veux plus pleurer. Plus de force. " Elle laisse un numéro de téléphone, que compose son père. " Je tombe sur Dominique ", raconte M. M'Bissa au Monde." Je dis : "C'est André. La fille est morte" ". A l'autre bout du téléphone, un silence lui répond. " Il ne dit pas un mot, puis il coupe. "
Que fait donc le maire de Sarcelles à l'hôpital, quelques heures après ce coup de fil, au chevet de Marie-Victorine ? Est-ce " Dominique " qui l'a envoyé ? " Certainement pas !, répond M. Pupponi. Qui m'a averti, je ne sais plus, c'est loin. Je ne connaissais pas cette fille, elle était shootée et délirait. Les médecins m'ont dit que ses jours n'étaient pas en danger, je suis parti. " Il dit n'avoir jamais su - et ne pas croire - qu'une liaison passionnelle ait pu se nouer entre elle et DSK.
Rattrapée par cette histoire
Tant que sa fille avait gardé le silence sur sa liaison, M. M'Bissa s'était tu. Mais après l'épisode du Sofitel, Marie-Victorine, 38 ans aujourd'hui, désormais consultante en Californie, répond au questionnaire serré de Kenneth Thomson, l'avocat américain de Nafissatou Diallo. Puis, à Paris où elle se réfugie, elle accorde un long entretien à l'hebdomadaire suisse L'Illustré. Aujourd'hui, elle n'en soustrait ni ne veut y ajouter un mot.
Car comme M. Pupponi, elle est rattrapée par cette histoire qu'elle voulait oublier. Le 9 août, son père est contacté à Sarcelles par Youri Mazou-Sacko, adjoint au maire : " Il est venu me chercher en voiture, m'a conduit au stade de la ville, et m'a demandé de donner le numéro de ma fille et son adresse, sans me donner le motif ".
Faux, a répondu M. Mazou-Sacko au Parisien, le 2 septembre. " André M'Bissa voulait me parler de sa situation personnelle délicate (...) - pas de logement, pas d'emploi... " Il ajoute que " DSK n'a jamais été au courant de cette rencontre " et qu'à M. Pupponi, il a " juste dit " qu'il allait voir " l'ex-militant socialiste, sans qu'il soitjamais question de Marie-Victorine ". M. Pupponi insiste : il n'a jamais donné l'ordre à son adjoint d'aller dire à M. M'Bissa que sa fille parlait trop, dit-il au Monde.
La justice tranchera : le 23 août, les avocats de Nafissatou Diallo ont déposé plainte pour " tentative de subornation de témoin ". Le dossier est entre les mains des policiers de Versailles.
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E. C. et Ar. Ch
© Le Monde

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