lundi 13 décembre 2010

Coopération agricole


La coopération agricole date de 1947. Ce sont nos grands-parents qui à la sortie de la guerre ont créé ce système très particulier qui est basé sur le principe de se rassembler entre agriculteurs afin de mettre en commun des moyens de production, d’approvisionnement et de commercialisation.
C’est un système français qui a été reprit dans la plupart des pays du monde ayant une agriculture pesant dans l’économie nationale.
La coopération est la démocratie par essence puisque sa gestion est basée sur le principe d’un homme une voix, quel que soit le chiffre d’affaire fait avec elle.
Il ne faut pas confondre ce principe avec le collectivisme de l’URSS où pendant longtemps on nous présentait les Kolkhozes comme des coopératives… Dans ces dernières les agriculteurs étaient des employés sans aucun pouvoir décision pour eux-mêmes.
Le but des coopératives est de se regrouper et très clairement d’économiser sur les charges et les prix de vente en offrant face à l’offre ou la demande un poids économique capable de négocier.
Tous les secteurs agricoles ont été marqués par le système coopératif, que ce soit la production bien sur, mais aussi la banque avec le Crédit Agricole Mutuel et la protection sociale des agriculteurs avec la Mutualité Sociale Agricole.
Quel constat peut on faire en France du système près de 65 plus tard ?
D’abord qu’il a permit aux agriculteurs français de gagner en productivité comme aucun secteur économique ne l’a fait. Ensuite que certaines de ces coopératives sont devenues des entreprises fleurons de l’économie française. Et qu’enfin devenues tellement importantes que le pouvoir des agriculteurs a complètement échappé aux mains des directeurs très instruits.
C’est le cas du Crédit Agricole, qui pour faire plus moderne a abandonné le mot mutuel dans son nom, et dans lequel les conseils d’administration composés d’agriculteurs n’ont plus aucun pouvoir. Les directeurs ont même osé faire une S.A à côté échappant au pouvoir de la caisse fédérale. Le malheur c’est que tout cela s’est fait avec les parts sociales des agriculteurs, c’est à dire les capitaux propres de la banque, qui n’a jamais été rémunéré durant 50 ans…
En résumé un coopérateur au Crédit Agricole a souvent beaucoup de capital social, mais aucun pouvoir de décision.
Cela a été aussi le cas de très grands groupes laitiers qui sont devenus des SA, puis rachetés par des groupes privés.
Pourquoi en est on arrivé là ? Car trop peu d’agriculteurs se sont investis dans le fonctionnement de leur coopérative, beaucoup ont même mis en concurrence leur coopérative avec des sociétés privées, trop peu ont exercé leur pouvoir de censure lors des assemblées générales, et beaucoup trop ont fait confiance aux directeurs « beaucoup plus instruits… »
Quelques exceptions existent encore tels Limagrain, Champagne Céréales, ou des coopératives viticoles. Mais la plupart ne jouent plus leur rôle fondateur peser pour mieux rémunérer les agriculteurs sociétaires.
Certaines coopératives proposent même des services à moins bon marché que le secteur privé ; navrant !
Alors tout est il perdu ? Je crois que non ! En effet tant que ces coopératives existent au moins sur le papier, il est possible de faire jouer pleinement son rôle aux sociétaires, et que là où le pouvoir semble perdu les assemblées générales reprennent le pouvoir. Les assemblées générales nécessaires aux modifications statutaires doivent rassembler 2 tiers des voix des sociétaires il est donc possible de bloquer la machine.
Et je crois que nous aurons demain plus que jamais besoin de donner un nouveau souffle au système coopératif, c’est une chance pour se regrouper face à la grande distribution ou toutes les entreprises achetant ou fournissant l’agriculture.
Les agriculteurs de moins en moins nombreux doivent pouvoir peser dans le monde économique en se regroupant davantage et en espérant un retour économique plus important.
Notre bon sens paysan a été galvaudé dans un spot publicitaire, il nous faut l’affirmer et ne plus avoir peur de poser les questions qui dérangent, et ne plus accepter ce qui nous est présenté comme une évidence. La confiance que nous portons à nos conseils d’administration n’interdit pas le contrôle et la compréhension des sujets. La coopération nous appartient, nous devons décider ce que nous voulons en faire.

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