dimanche 31 juillet 2016

Sioule-Biogaz, si vous voulez vous occuper lancez vous dans la méthanisation avec injection de biométhane


Depuis mon dernier article il s’est passé pas mal de choses et les quelques espoirs sur le fonctionnement du purificateur Air-Liquide se sont effondrés.  Le 30 mai le purificateur s’est arrêté et impossible de le remettre en route. Un technicien est venu et après plusieurs tentatives le compresseur, pièce maîtresse, s’est cassé sans qu’à ce jour nous n’ayons eu l’explication et sans doute la saurons-nous jamais, bien que nous ayons notre petite idée. Résultat 30 jours d’arrêt de production et la perte d’exploitation qui va avec, qu’Air-Liquide n’entend pas dédommager, pas plus que les jours d’arrêts depuis 1 an de leur fait. Une fois le compresseur remis à neuf, la panne initiale n’étant pas trouvée pour autant, la cause fut enfin trouvée, c’était un filtre bouché par l’huile du compresseur.
En bon paysan que je suis lorsque mon tracteur ne veut pas démarrer et qu’il étouffe au bout de quelques minutes je sais que cela vient ou du filtre à gasoil ou du filtre à air. Et en quelques minutes je trouve la panne. Chez Air-Liquide il a fallu des jours de recherche par des ingénieurs et des vérifications à n’en plus finir au bureau et sur le terrain  sur tout, sauf le filtre. Sont venus s’ajouter à cela des défauts de sondes en tout genre et qui bien entendu bloquent tout, car la sécurité chez Air-Liquide est primordiale, je pense même que quand ils conçoivent une installation ils commencent par là, mais résultat à force de sécurité rien ne fonctionne.
Une fois donc le purificateur en état de refonctionner avec tout plein de défauts non résolus, il a fallu relancer la méthanisation qui était bloquée par le non soutirage de gaz et donc la saturation en H2S et c’est encore au moins un mois pour obtenir du gaz à peu près conforme. La méthanisation c’est de la biologie, imaginez une vache à qui vous mettez un bouchon dans le cul, soit elle crève, au mieux elle devient malade et ce n’est pas parce que vous enlevez le bouchon que le gaz se met à sortir en quantité et en qualité.
Evidemment cette perte de production durant presque 2 mois met à mal notre business plan et il faut encore une fois la patience et la compréhension du Crédit Agricole qui attend, le soutien de nos actionnaires, l’aide d’amis tant techniques que financiers pour réajuster tout ce qui peut l’être, et GRDF toujours fidèle qui s’adapte à notre situation.
Au stade où nous en sommes nous pouvons dire que la méthanisation avec injection de biométhane est chronophage à un niveau qu’on n’imagine pas, c’est comme un éleveur qui ferait des vêlages toute l’année, tant la surveillance doit être en permanence.
Et économiquement à moins de disposer de capitaux très importants, ou que ce soit porté par une  collectivité qui ne regarde pas trop la rentabilité cette énergie renouvelable ne rapporte pas grand-chose aux prix de risques très importants.
Pour discuter avec beaucoup d’acteurs dans le monde de la méthanisation et particulièrement l’injection de biométhane, hormis quelques cas particuliers ou de très grosses unités portées par des entreprises ou des collectivités, la rentabilité est plus faible qu’annoncée sur le papier car l’évaluation de la production est très souvent surévaluée et les pertes de rendement soit par la complexité de la chaine qui forme l’ensemble en multipliant les sources de pannes ou par les causes de non-conformité du gaz diminuent fortement cette rentabilité. Il ne faut pas chercher à faire fortune dans ce secteur.
Dans le cas de l’injection il y a trois maillons de la chaine très souvent portés par trois acteurs différents, la méthanisation, la purification et l’injection.  C’est donc trois fois plus de sources de pannes, trois fois plus de sources de conflits entre entreprises différentes se rejetant la responsabilité et trois fois plus de raisons pour l’exploitant de ne pas pouvoir commercialiser du gaz.
Les porteurs de projets ou les banquiers qui nous appellent pour avoir des renseignements ont tous bien conscience de cela et c’est sans doute la chose qui les freine le plus. La solution pour permettre l’essor de cette filière passe par l’assouplissement des normes de qualité du gaz, je ne cesserai de le répéter et par la création de groupes industriels capables de livrer clés en main l’unité au complet maîtrisant les trois maillons de la chaine. Et je n’invente rien c’est comme cela que ça se fait à l’étranger et c’est d’ailleurs la raison de leur plus forte progression sur cette énergie.
C’est d’ailleurs fou que cela n’arrive pas à se faire ne serait-ce par ENGIE qui rappelons le est « propriétaire » de GRDF, et qui est une entreprise capable de maîtriser la totalité de la chaine en s’associant avec des entreprises compétentes et livrer à des exploitants à qui elle achèterait le gaz produit.
Cette production est davantage industrielle qu’agricole et les entreprises industrielles n’ont pas la souplesse et la débrouillardise du monde agricole pour s’adapter à celui-ci qui est pourtant la première source de matière pour produire du biogaz.
Rappelez-vous de cet adage  qui est l’exact résumé de la situation que nous vivons :
La théorie c’est quand on sait tout alors que rien ne fonctionne.
La pratique c’est quand tout fonctionne bien que l’on ne sache pourquoi.
Les industriels c’est la théorie et le monde agricole c’est la pratique. Comment faire accepter à un industriel bardé d’ingénieurs qu’il faille faire confiance au bon sens du paysan qui a les solutions sans les expliquer.

Rendez-vous à un prochain épisode.

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