samedi 18 août 2012

Les cours des céréales s'envolent!


Depuis quelques jours fleurissent dans la presse des articles ou reportages sur la hausse des cours des céréales et donc inévitablement des aliments qui en sont issus. Ceci renforcé par quelques patrons de la grande distribution ( Papin, Leclerc…) qui commencent à crier au loup et demander une contractualisation sur les matières premières agricoles.

En premier je m’étonne fortement que ces patrons,  dont on connaît la grandeur d’âme envers le consommateur et le producteur, se réveillent lorsque les prix sont élevés mais n’ont jamais pensé à le faire lorsque les prix étaient au plus bas. Sans doute voient ils que leurs confortables marges sur les produits issus des céréales vont devoir faire une cure d’amaigrissement.

En second lieu, les journalistes s’émeuvent de ces prix élevés par voie de conséquence pour le consommateur,  sans se soucier un instant que ces prix élevés vont peut être enfin rémunérer une profession qui pendant des années a produit des céréales en dessous du coût de revient. Enfin si les prix des céréales sont élevés il ne faut pas oublier de dire qu’en même temps les intrants qui ont servi à les produire ont aussi considérablement augmentés rendant les marges pour les producteurs pas si importantes que cela.

Il ne faut pas oublier non plus que dans la baguette par exemple le prix du blé ne représente que 7% du prix total, comme dans beaucoup de produits similaires.

Alors certes les éleveurs vont payer plus cher leur alimentation, ce qui n’est pas normal c’est que ce soit eux qui compressent leurs déjà faibles marges. Non, ce n’est pas le prix des céréales qui est trop cher pour eux, c’est la viande qui n’est pas assez cher ! Le consommateur a depuis trop longtemps pu diminuer son budget alimentation au profit des loisirs et produits de confort ou de luxe. Il faudra sans doute que dans les années à venir il choisisse entre manger et téléphoner avec le dernier Smartphone à la mode.

Ces prix rémunérateurs vont pouvoir bénéficier à des millions d’agriculteurs dans le monde, alors que lorsque l’acier, autre matière première, augmente le bénéfice ne profite qu’à une poignée d’hommes milliardaires. On n’écoute jamais personne lorsque le prix des autres matières premières augmentent, sauf lorsque c’est le pétrole ou les céréales.

Evidemment le prix des céréales augmente car des sécheresses sévissent en différents points du globe. Là encore on s’émeut davantage lorsque c’est au USA plutôt qu’en Somalie, mais il faut bien se dire que nous aurons de plus en plus de mouvements climatiques destructeurs dans le monde.

Déjà des voix s’élèvent contre la transformation des céréales en éthanol. C’est sans doute une hérésie, mais on oublie trop vite l’époque récente ou les cours des céréales étaient si bas que les détruire en produisant de l’éthanol, dégageait le marché et permettait un maintien des prix. Une filière industrielle s’est créée sur ce produit en construisant des usines et embauchant des milliers d’emplois, souvent à grands coups de subventions publiques, et comme toute filière industrielle qui s’amortie sur de longues années il est impossible d’ouvrir ou de fermer le robinet au gré du cours des céréales.

La solution revient à des décisions politiques, oui il existe des solutions, encore faudra t’il avoir le courage de les appliquer. Il faut augmenter l’offre et revenir à une production abondante, d’autant plus que la population augmente. Cela passe par l’accroissement des rendements et inévitablement l’amélioration de la génétique des plantes, dans la résistance à la sécheresse, la captation de l’azote de l’air etc… Cela passe par revenir à produire sur toutes les surfaces agricoles utiles, et en premier lieu toutes celles retirées de la production pour des raisons écologiques. Cela passe par la fin de l’urbanisation exponentielle et la stérilisation de bonnes terres agricoles en parking d’usines ou supermarchés comme dans le bassin parisien. Cela passe par moins de contraintes écologiques sur les producteurs et la possibilité de protéger leurs cultures contre les ravageurs, par l’irrigation contre la sécheresse en captant l’eau de pluie hivernale, ou moins de cahiers des charges titanesques.

Et cela passe inévitablement par une régulation des marchés en limitant la spéculation financière sur les matières premières. Dans la future PAC 2014 il n’existe même pas une ligne sur la régulation des marchés agricoles.

Laissons faire le bon sens paysan, n’allons pas chercher des idées farfelues ou des raisons issues d’un autre monde que celui de l’agriculture. Nous sommes capables d’aller aujourd’hui sur Mars, mais nous ne seront pas capables demain de nous nourrir.

2 commentaires:

RemDumDum a dit…

Salut
je crois que nous ne pouvons plus dissocié alimentation et énergie renouvelable de la biomasse, l'enjeux du XXI siècle est de produire de l’énergie renouvelable pour nourrir 9 M d'habitants et leurs machines !!
en fait, avant la machine a vapeur, l’énergie ne provenait que des champs et de la foret (un peu de l'eau et du vent)et ça il y a 100 ans seulement !!

Anonyme a dit…

Bonjour,

Alors que le maïs OGM résistant à la sécheresse est enfin cultivé aux USA, il y a une telle baisse de la production ???

Quand aux paysans, j'ai bien peur que peu profitent de la hausse des prix, ce ne sera pas en tout cas les intermédiaires qui y perdront.


Comme d'habitude certains y gagneront, parmi les paysans également, mais c'est un peu la loterie, et cela ne résoudra pas le problème de l'agriculture française au niveau de la baisse du nombre et du viellissement des exploitants...

Mac le Givré