En préparant ce rapport moral, en rassemblant les idées et
arguments j’ai soudain vite pris
conscience du sentiment d’un homme trompé, à qui on a fait des promesses et qui
ne se réaliseront pas, par des gouvernants incapables de mettre en pratique
leurs bonnes paroles.
Vous me direz que je ne dois pas être le seul, à la vue des
dernières élections municipales il n’y a pas que les agriculteurs qui doivent
avoir ce sentiment, et c’est bien connu les promesses ne valent que pour ceux
qui les entendent.
Mais tout de même n’est il pas honteux d’avoir promis durant
des mois et presque des années que les aides de la PAC seraient rééquilibrées
en faveur de l’élevage et se rendre compte à ce jour que sur un département
comme le notre ni l’élevage ni même les grandes cultures ne seront davantage
aidées que sous l’ancienne PAC.
Pour les grandes cultures la facture était annoncée il y
aurait prélèvement et tous imaginions que cela concernerait surtout les régions
de grandes cultures, en cela renforcé par les pressions impressionnantes des
acteurs de ces régions sentant la lame de l’épée passer tout près. La
convergence devait favoriser nos zones de grandes cultures faiblement dotées en
DPU et au final ces zones vont perdre aussi et pire même en pourcentage plus
que dans les régions vouées à ces productions.
Le 23 juin dernier nous manifestions à Paris en faveur de
l’élevage dans un grand sentiment d’intérêt général, de défense des territoires
soutenus par des hommes politiques tous attachés à cette cause devenue noble.
L’euphorie était à son comble lors du sommet de l’élevage
lorsque le président de la république en personne annonçait une série de
mesures et d’orientations qui tout en soutenant les productions exportatrices,
lisez derrière cela les céréales, feraient passer l’élevage du moyen âge aux
temps modernes. La mariée était trop belle…
Je me souviens des syndicalistes dont je faisais partie, la
calculette à la main traduisant les propos du chef de l’Etat en chiffres
comptables des exploitations.
L’euphorie n’a été que de courte durée, et de réunions en
réunions nous nous sommes vite aperçus que les propos ne pouvaient tenir la
route pour une simple et bonne raison qui est que l’enveloppe globale de la PAC
pour la France bien que maintenue à un bon niveau, ne pouvait pas contenter
toutes les promesses faites.
Quelle déception et quelle décridibilité de la parole
présidentielle. Jamais dans l’histoire de la 5e république la parole
du chef de l’Etat n’a eu aussi peu de valeur les faits le prouvant. Imagine
t’on un ministre défaire les promesses des présidents qu’étaient De Gaulle,
Mitterrand ou Sarkozy ?
Oui le président de la république devant un millier
d’éleveurs a annoncé la PMTVA à 200€ pour toutes les vaches ! Oui le
président de la république a annoncé une aide laitière conséquente ! Oui
le président de la république a annoncé que le deuxième pilier serait très
largement renforcé avec des crédits supplémentaires pour les zones dites
défavorisées ! Oui le président a annoncé durant 45 minutes que la PAC
2015 serait toute orientée en faveur d’un rééquilibrage entre régions et
productions !
Et bien cher collègues à moins d’un revirement de dernière
minute qui ne peut pas être impossible tant la faiblesse des mots ne comptent
plus et tant nous faisons tout chaque minute pour faire tenir ces promesses au
plus haut niveau de l’Etat, la PMTVA accusera dans notre département une baisse
de près de 15% et si les 40 premières vaches seront primées aux environs de
200€, les suivantes le seront entre 50 et 70€. La prime laitière ne sera que
symbolique, les zones défavorisées ne seront réellement compensées qu’à partir
de 1000 mètres d’altitude et l’Allier aura toujours 84% de son territoire en
zone défavorisée qu’avec le nom et les contraintes sans les compensations.
On aurait pu espérer quelques secondes que le deuxième
pilier profitant d’un abondement de crédits européens conséquents aurait pu
nous permettre de retrouver dans la main gauche ce que nous perdons de la main
droite. Mais c’était sans compter sur une gestion régionale de ces crédits dont
la collectivité veut s’en servir pour assouvir un dogme, une vision qui ne
concerne que 2% des agriculteurs de la région quit à ne pas consommer les
crédits alloués par l’Europe. Le Conseil Régional n’a cure de 90% des agriculteurs
de cette région et de ce département et refuse d’entendre les propositions
faites par la profession et les syndicats très majoritaires qui la représente.
Certaines régions pour le bien de ses agriculteurs va tout mettre en œuvre pour
accompagner ses agriculteurs dans ses pratiques voir même en abondant sur son
propre budget les mesures européennes, voir même en modifiant dans la limite de
la légalité le règlement afin de toucher le maximum d’entre eux. Ce ne sera pas
le cas de l’Auvergne où le dialogue n’existe pas. Les agriculteurs sommes
pragmatiques et ce qui compte n’est pas l’affichage dans un budget voté, mais
sa consommation en fin d’année.
Hormis 2% des agriculteurs qui sont dans la filière bio de
cette région, et tant mieux pour eux, les autres devront se contenter d’un
cadre strict voir même plus contraignant en Auvergne que dans les autres
régions. Et bien je dis chiche, passons tous en bio et nous attendons que les
élus régionaux s’engagent solennellement à maintenir les même aides pour tous quel
que soit le nombre d’agriculteurs
éligibles ! Nous verrons là aussi si la parole des politiques sera
tenue !
Mes chers collègues je vous le dis la PAC va rééquilibrer
les aides en 2015, mais à l’inverse des grands discours du plus grand nombre
vers le plus petit. Certes les zones de montagne vont mieux bénéficier des
aides européennes mais ce seront les seules, et vous comprenez mieux maintenant
la fracture qui existe dans notre région entre deux agricultures que rien ne
rassemble plus.
A l’heure où je vous parle les agriculteurs de la région
Bourgogne manifestent actuellement à Nevers sur l’initiative de la FDSEA 58, et
si nous n’étions pas là tous ensemble, nous serions avec eux, car ce qu’ils
défendent pour leurs départements ils le défendent aussi pour notre
département.
Il est devenu malheureusement difficile de vous faire croire
que la PAC sera meilleure pour notre département et nous savons maintenant que
la ferme Allier perdra bien plus que les quelques pourcent défalqués à tous les
départements.
La Chambre d’Agriculture a été en pointe sur ce dossier de
la PAC fournissant des simulations réalistes qu’au départ peu croyaient tant la
déception était grande. La FNSEA03 n’a pas été en reste en relayant les
informations par son réseau jusqu’au niveau national ou par ses sections
spécialisées. La section végétale de la FNSEA03 a même travaillé sur une MAEC
propre aux zones intermédiaires qui nous le savons maintenant est reprise en
partie par la FNSEA, le ministère et l’Europe, mais qu’en partie et nous
faisons tout pour convaincre nos dirigeants du bien fondé de l’intégralité de
notre proposition.
Mais nous savons que nous ne produisons pas pour toucher des
aides mais pour nourrir nos concitoyens et contre toutes les promesses non
tenues d’hommes politiques devenus des fourbes nous espérons opposer des prix
élevés de nos productions ce qui serait notre meilleure, notre plus belle
récompense et la façon de renvoyer à leurs dogmes politiques ceux qui veulent
orienter l’agriculture sans débourser un euro.
Notre plus grand espoir est de pouvoir se passer des aides et vivre
largement des prix de nos produits.
Vous seriez déçu si je ne vous parlais pas d’environnement.
Enfin je ne suis pas sûr que la déception soit le terme exact, mais on peut
dire que c’est un sujet qui nous tient chaud et là encore l’Allier reste en
pointe sur le combat contre des kmers verts ayant pris des uniformes dotés par
l’Etat.
Le 28 septembre pour la première fois dans le département,
un agriculteur fut condamné pour avoir entretenu des rigoles. Nous ne pouvions
pas laisser passer cela il était inconcevable qu’un agriculteur se fasse
condamner dans l’exercice de sa profession. Le 30 septembre nous organisions
une opération coup de poing en collaboration avec les JA03 contre les services
de l’ONEMA, manifestation qui eut un retentissement national au delà de toutes
nos espérances et tant mieux pour les agriculteurs.
Grâce à nos actions démonstratives nous avons enclenché un
dialogue avec les services de l’Etat qui bizarrement était impossible avant, malgré nos demandes
pressantes.
Aujourd’hui nous avançons sur ce dossier et nous avons bon
espoir dans les semaines qui viennent de vous présenter un guide sur
l’application de la loi sur les milieux aquatiques grâce au travail conjoint de
la Chambre d’Agriculture et du service environnement de la DDT. Parallèlement
la FNSEA03 et les JA03 travaillent aussi avec les services de l’Etat sur une
charte des contrôles qui fera école dans les autres départements français, ce
travail se construit en partenariat avec le service environnement de la FNSEA.
Le sujet est long et complexe et je n’aurais pas le temps de tout développer
ici, mais nous pouvons affirmer à cet instant que nous n’aurons plus à trembler
pour nettoyer un fossé, ou entretenir des drains, le travail conjoint de la
DDT, la Chambre d’Agriculture, le syndicat de la propriété agricole, le
syndicat des étang, la FNSEA03 et les
JA03 éclairera la vision des agriculteurs sur une problématique devenue
oppressante pour notre profession.
Tant que je suis sur l’environnement je veux souligner le
travail conséquent de nos adhérents concernés par les contournements autour de
Vichy et qui subissent des aberrations en matière de compensation écologique,
les privant des meilleures terres agricoles au profit d’infrastructures
routières et de création de zones naturelles compensatrices.
Je réclame ici très officiellement une compensation agricole
des terres prélevées pour tout autre usage que celui pour lequel il est destiné
depuis toujours et inscrit comme tel sur les documents d’urbanisme. Et je
revendique que des zones urbaines ou industrielles devenues des friches
retournent à l’agriculture une fois débarrassées de leur pollution urbaine. La
friche de la Manhurin à Bellerive ou la fermeture de la base aérienne à
Varennes doit pouvoir permettre d’acter pour la première fois cette volonté
dans notre département. Et du point de vue national nous appuyons de toutes nos
forces la FNSEA pour que cette compensation agricole s’inscrive dans la future loi
d’avenir.
L’artificialisation des terres agricoles, les compensations
écologiques sont un accaparement de notre garde manger commun par une
civilisation repue, qui découvrira la faim au volant de véhicules parcourant
nos champs devenus des autoroutes.
Nos actions syndicales, notre implication devenue
incontournable dans le département, nos relations conjointes avec la Chambre
d’Agriculture et d’autres organismes agricoles portent aujourd’hui leurs fruits
pour une reconnaissance auprès des agriculteurs et le conseil d’administration
de septembre a acté d’un plan de relance syndicale. Il a commencé à se mettre en œuvre avec
l’embauche d’une animatrice, Eva Piquet, qui va avoir deux tâches. Elle va
aller à la rencontre de nos sympathisants qui naturellement ne cotisent pas et
s’occuper du domaine de l’emploi dont des financements publics importants
n’étaient pas utilisés jusqu’à ce jour dans notre département confirmant notre
rôle primordial d’organisation représentative patronale.
Nous devons transformer les votes aux élections à la Chambre
d’Agriculture en autant d’adhérents. Certes si cette dernière est au service de
tous les agriculteurs c’est bien une majorité FNSEA03-JA03 qui a été élue et
qui applique une politique en cohérence avec les orientations de la FNSEA. Au
niveau national c’est bien la FNSEA qui négocie avec le pouvoir politique en
respectant la remontée des idées des départements. L’adhérent de base doit
prendre conscience que l’expression de ses idées est coagulée avec celles de
tous les autres adhérents partout en France pour définir la politique agricole
conditionnant son présent et son avenir. Les agriculteurs ont donc tout intérêt
à adhérer et c’est ce qu’Eva s’efforcera de faire passer comme message.
La fédération départementale des pépiniéristes-horticulteurs
a décidé de se rapprocher de nous et de devenir une de nos sections dont nous
nous ferons le relais jusqu’au niveau national. Le but de ce rapprochement est
outre le renforcement syndical, la fusion à terme des deux conventions collectives
respectives que nos adhérents appliquent
au quotidien sur leurs exploitations.
Nous allons dans les semaines qui viennent développer nos
services et missions auprès des agriculteurs-employeurs dans le but de les
former, ou de permettre à ceux qui n’emploient encore personne de le faire avec
un maximum d’assurance.
Vous le voyez notre syndicat se développe, étoffe ses
services, et commence à rejouer le rôle du syndicat majoritaire départemental
qui fédère tous les agriculteurs et qui avait disparu depuis longtemps. Il n’y
a qu’un seul but derrière tout cela, être au plus près des agriculteurs devenus
nos adhérents les accompagner et fédérer leurs opinions.
Ce sont chaque jour au delà de ce que je viens de vous
citer, des tas de sujets sur lesquels nous travaillons et je veux remercier
l’équipe autour de moi qui s’active dans l’ombre que ce soit notre personnel ou
les différents responsables professionnels en charge des différents dossiers.
Nous venons de clore comme chaque année les assemblées générales
de tous les cantons, où nous avons rencontré un grand nombre de nos adhérents
dont je me fais le porte-parole ici.
Je reprendrai la conclusion de Xavier Beulin lors du dernier
congrès de Biarritz, « seul on va plus vite, mais ensemble on va plus
loin ! »
Je vous remercie.
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