Je vais vous parler sécheresse, eau et écologie.
Je risque d’être un peu long car difficile de traiter un
si vaste sujet à la manière d’un tweet.
A la différence des écolos-bobos qui nous prodiguent
leurs préceptes depuis le cœur des villes, bien bétonnées et imperméabilisées
avec l’expérience des littératures toutes plus anxiogènes les unes que les
autres, je pratique l’eau depuis 30 ans dans mon métier et 25 ans dans mes
fonctions électives. A titre professionnel dans l’agriculture je suis irrigant
et à titre électif, je m’occupe d’assainissement, d’eau potable depuis 25 ans
et depuis plus de 10 ans de la gestion des bassins au travers de diverses
instances telles le Comité de Bassin, les Schémas d’aménagement et de Gestion
des Eaux de l’Allier et de la Sioule et diverses instances parallèles. Loin de
vouloir faire étalage des fonctions que j’occupe, mais de mettre en parallèle la
pratique et la théorie.
La sécheresse que nous subissons, une de plus, est la
conséquence du dérèglement climatique constaté, mais pas anormal dans le long
cycle de la terre qui depuis des millions d’années alterne réchauffement et refroidissement
pour diverses raisons et celui actuel aggravé par l’activité humaine. Cela
dit au passage nos écologistes toujours plus contradictoires ou soumis à des intérêts
financiers portés par des puissances exportatrices de matières fossiles,
parfois Russe, n’hésitent pas à favoriser l’électricité dans nos activités tout en combattant la production par le nucléaire ou l'hydraulique qui sont les modes de production
les moins polluants.
Ainsi donc la sécheresse que nous vivons fait suite à plusieurs et devancent toutes celles à venir pour des dizaines d’années, une étude allant jusqu’en 2050 prévoit un dérèglement de la pluviométrie encore plus important. Je parle bien de dérèglement de la pluviométrie car ce que nous vivons cette année fait suite à une année pluvieuse excédentaire l’an dernier et un excès d’eau violent en juin dernier. Il a plu sur quelques jours entre 140 et 200mm ce qui représente entre 1400 et 2000m3 à l’hectare ou 140 à 200l/m². Une telle pluviométrie et avec une telle intensité a fait que 80% de cette eau est repartie à la mer, impossible pour les sols, les nappes et les zones humides de capter toute cette eau, sans parler des zones imperméabilisées. Ainsi donc forts de la pluviométrie exceptionnelle de l’an dernier et de gros coups d’eau jusqu’à maintenant, nous sommes incapables de garder seulement une petite partie de cette eau pour combattre la sécheresse.
La sécheresse ce n’est
pas uniquement l’agriculture, c’est aussi l’eau potable, la défense incendie,
les usines.
L’agriculture c’est notre alimentation et comme c’est important quand on voit
les rayons vides des magasins.
Mettre en opposition la méchante irrigation sur d’immenses
surfaces et le gentil jardinier qui collecte partiellement son eau de pluie, c’est
mettre en opposition une agriculture capable de nourrir plusieurs dizaines de
personnes par hectare avec 300mm d’irrigation sur tout un été, contre un
jardinier nourrissant 2 à 4 personnes avec l’équivalent de 3000mm par hectare. Oui,
l’INRAE a fait de nombreuses études prouvant qu’un hectare de maïs consommait
en irrigation 300mm/ha, un hectare de maraichage 3000mm/ha et un maraichage sous
serres 13000mm/ha.
Jusque dans les années 90 la France a créé des barrages,
sur l’Allier Naussac est le dernier construit et grâce à lui permet de soutenir
l’étiage (l’écoulement) tout l’été. Qui penserait à supprimer ce barrage aujourd’hui ?
Il fait suite à Villerest qui soutient la Loire et les deux conjugués
permettent un approvisionnement en eau sur tout l’été même par fortes
sécheresses. Oui mais voilà depuis 1990, d’une part la population a augmenté, surtout dans les villes, l’économie
avec et les sécheresses estivales s’accentuent.
Le courant écologiste en permanence minoritaire mais
bruyant, n’a pas permis la construction ni de Chambonchard sur le Cher ni de
Serre de la Farre sur la Loire, on en paye aujourd’hui les conséquences par le
prix de la compromission politicienne. Chaque année le Val d’Allier, grâce à la
vision brillante des hommes politiques depuis 40 ans qui ont construit l’interconnexion
des réseaux d’eau sur notre département, permet d’alimenter Montluçon et la
vallée du Cher grâce à l’exportation de 650.000m3. Sans cela Montluçon n’existerait
plus.
Ainsi donc le barrage de Chambonchard n’a pas pu voir le
jour, mais ironiquement grâce au barrage de Naussac, Montluçon a de l’eau à
grands frais et au détriment du bilan carbone.
Le stockage de l’eau devient donc une des solutions pour
subvenir aux sécheresses à venir. Le stockage naturel de l’eau en premier grâce
aux zones humides qu’il faut préserver. Mais là aussi les écologistes font du
mal au milieu naturel. Ces derniers veulent absolument préserver les forêts
notamment dans les montagnes ce qu’on appelle les têtes de bassin. Le problème
c’est que l’expansion de la forêt se fait au détriment des zones humides, les
assèche et diminue leur capacité de stockage. Il faudrait pour préserver les
zones humides aider l’élevage qui permet de garder des zones « ouvertes »
en prairie, mais garder l’élevage veut aussi dire manger la viande que les écologistes
combattent aussi car l’élevage émettrait des gaz à effet de serre et combattre
les loups et les ours qui détruisent l’élevage, autre tabou écologique qui
préfère le loup et la viande de synthèse à l’eau indirectement.
Il faut reconstituer le stockage de la neige qui ne tombe
plus et qui était un stockage naturel d’eau sur ces zones humides en montagne. Il
faut donc gérer les zones humides pour une capacité maximum notamment en hiver.
Mais on n’échappera pas au stockage artificiel, par des
retenues de moyennes tailles multi-usages dans les vallées et les plaines et
sans doute la construction de grands barrages capables de retenir à l’image de
Villerest et Naussac plusieurs millions de m3 d’eau prélevés en hiver quand l’eau
ne manque pas. Sur le bassin Adour-Garonne d’ici 2030 (c’est demain) il va
manquer par an 1,5 milliards de m3 rien que pour l’alimentation en eau potable,
principalement pour Toulouse, Montpellier et Bordeaux.
Bien sûr que l’économie d’eau est essentielle dans la
politique de gestion, mais qui est prêt à supprimer toutes les piscines ?
supprimer l’export de l’eau en bouteille ? ne plus laver les moyens de
transport ? ne plus arroser les pelouses et espaces verts ? et ne
plus prendre qu’une douche et faire une machine à laver par semaine ? C’est
pourtant ce que préconise l’étude explore 2050 si on n’augmente pas la
ressource en eau, c’est-à-dire son stockage.
Seules, les économies ne seront pas possibles même s’il
convient de rendre les réseaux d’eau potable moins fuyards, l’irrigation plus
performante et les process industriels utilisateurs en circuit fermé.
Le stockage artificiel devra se faire sous deux formes
principales, quelques grands barrages alimentant les fleuves par un soutien
géré sur les années et des retenues de moyennes tailles, quelques milliers de m3,
afin de pallier le court terme dans ses différentes utilisations.
On peut comparer deux rivières distantes d’à peine
quelques kilomètres dans un même bassin, la Sioule et la Bouble, l’une soutenue
par le barrage des Fades, l’autre sans soutien. En cas de sécheresse c’est la
continuité écologique dans la Sioule et c’est l’assec, la mort de toute
biodiversité dans la Bouble.
En outre ces grands barrages fournissent une électricité complètement
décarbonée, on ne peut plus verte et stockable par la réserve en eau que le
barrage contient.
Le Canada qui est un des pays ayant le plus d’eau sur son
territoire a maillé le pays de grands barrages qui régulent et produisent de l’électricité
de manière continue sans subir les aléas du vent ou du soleil.
Le Lac du Der, lac complètement artificiel dans la Haute
Marne est devenu la plus grande zone humide écologique d’Europe de 48km² et 350
millions de m3, alors que sa création en 1967 a été initiée pour l’alimentation
en eau de Paris.
Les barrages sont au détriment de quelques hectares noyés,
la solution de la vie sur terre, celle des hommes mais aussi celle de toute la
biodiversité.
Et plus en aval il convient de constituer au gré des
zones utilisatrices (plaines agricoles, zones urbaines, zones économiques,
zones touristiques) des réserves de moyennes tailles pour assurer la
consommation d’eau localement en puisant sur les excédants hivernaux qui le
plus souvent inondent avec beaucoup de dégâts des villes entières.
Il faudra réutiliser l’eau usée sortant des stations d’épuration,
ce qu’on appelle la « réu », comme c’est déjà le cas à Clermont
Ferrand où la totalité de l’eau de la STEP sert à irriguer 1500ha de la plaine
de Limagne l’été après avoir été stockée et dépolluée par les rayons UV dans de
grands bassins tout l’hiver. Ou comme à St Pourçain l’eau qui sort de la STEP,
traitée à l’ozone de qualité eau potable.
Le BRGM, qui est une référence mondiale dans l’étude et l’utilisation
des ressources naturelles terrestres vient dans un épais rapport affirmer que
les « bassines » (réserves d’eau artificielles) si contestées dans
les deux sèvres, amélioraient le stockage dans les nappes phréatiques et même
le fonctionnement du Marais Poitevin.
Il y a aussi la possibilité des plantes génétiquement
améliorées résistantes à la sécheresse, combattues là aussi par les
écologistes.
Les solutions passent toutes par la recherche, la
science, l’expérimentation et le progrès, j’en suis convaincu.
Il est vrai que j’ai entendu dans de hautes instances de
la bouche même de ces écologistes que nous étions trop nombreux sur terre, quand
le malthusianisme est la boussole, la vie devient vite contradictoire avec la
nature dont ils favorisent aussi la destruction.
Si nous sommes trop nombreux sur terre, je ne les empêche
pas de montrer l’exemple.
Les écologistes avec leurs thèses antitout, avec leurs
solutions de retour à la nature comme un jardin d’Eden, par leur dogme et leurs
incantations détruisent la nature, détruisent la vie et empêche toute
adaptation, tout progrès.
Il y aurait encore beaucoup à dire, évidemment ce texte
ne fait pas peur, il n’est pas effrayant, il n’a donc peu de chance de faire de
grands échos si vous avez eu le courage de le lire jusqu’au bout, mais outre le
fait de remettre l’église au milieu du village, il apporte des solutions, ces
solutions dont on reproche si souvent aux hommes politiques de ne pas apporter.
Hélas actuellement lorsque le bout d’une décision politique est prise
elle devient difficile à mettre en œuvre, freinée par une administration de l’eau
vérolée par des militants écologistes activistes rongeant de l’intérieur l’application
par le système.
Lorsque dans notre pays, sur ce sujet comme sur d’autres,
les majorités constituées réussiront à faire loi par -dessus les crieurs d’apocalypse,
nous aurons fait un progrès, un seul, celui de faire avancer notre pays vers la
modernité et l’adaptation au climat qui change.