Mes chers collègues, chers amis.
Il y a un an notre syndicat était reconnu officiellement par
la FNSEA comme étant son représentant dans notre département. Bien du chemin
s’est écoulé depuis le début des années 80, lorsqu’une poignée d’agriculteurs
mécontents du syndicat majoritaire d’alors, passant son temps à faire de la
politique sur le dos du syndicalisme agricole,
eut envie de changer le paysage pour constituer un syndicat soucieux de
ne s’occuper que de la défense des agriculteurs. L’aboutissement final sera
sans nul doute l’élection à la chambre d’agriculture en janvier prochain d’une
liste conduite officiellement sous la bannière FNSEA03-JA.
Imaginez un instant un agriculteur ayant quitté notre
département en 1980 et qui reviendrait 30 ans plus tard, il ne reconnaitrait
plus notre département. Il ne le reconnaitrait plus sous son angle syndical,
mais il ne le reconnaitrait plus non plus sous son angle économique. Car il ne
faut pas oublier non plus qu’en 1995 la chambre d’agriculture a changé de majorité
sous l’impulsion justement de notre tendance syndicale se cherchant alors une
représentation nationale.
Quel changement dans l’orientation de la politique agricole
départementale. Nous sommes passés d’une agriculture de cueillette à une
agriculture d’entreprise. Pour autant nous n’avons rien perdu du caractère
familial de nos exploitations. Jean-Marie Lesage et son équipe ont juste permis une
libération des énergies, une possibilité d’entreprendre, une vision optimiste
de notre métier.
Le paysage syndical s’est petit à petit modifié, éclairci,
les choses si bizarres dans un contexte national a repris sa normalité.
Mais normalité ne rime pas avec endormissement ni
conformisme, et notre adhésion au syndicat FNSEA n’a d’autre but que de faire
entendre la voix de notre département, de nos agriculteurs. N’oublions pas que
le département de l’Allier est le premier département agricole de la région Auvergne et
même Massif-Central. Etait il normal que nous ne puissions faire passer nos
idées, notre conception de l’agriculture alors que nous sommes concernés par
tous les sujets, tous les secteurs, toutes les filières ? Je réponds non,
et mon intention est d’inscrire l’Allier dans la place qui est la sienne. Nous sommes
concernés par tous les sujets reliés à notre métier. Que ce soit sur l’économie
à l’intérieur des filières, sur le social et le statut des exploitants
agricoles, sur l’occupation du territoire et le contrôle des structures,
l’installation, l’environnement et tant d’autres sujets sur lequel nous intervenons.
Je voudrais m’attarder un instant sur le dossier de
l’environnement qui devient un sujet majeur et implique sans cesse des
contraintes supplémentaires à notre métier. Un nombre incalculable de réunions
sont organisées autour de ce sujet, avec une volonté de dispersion et
d’épuisement envers notre représentation. Tant de collectivités ou regroupements
de celles-ci prennent des compétences en matière de protection de
l’environnement sur des sujets différents ou identiques afin de s’inscrire dans
des schémas financés à grands coups de subventions publiques. L’Etat bien sur
est un acteur majeur sur ce sujet, toutefois dans le département un travail
relativement consensuel avec ses services nous permet d’éviter les abus, mais
avec une pression quotidienne de notre part. C’est loin d’être le cas dès que
nous dépassons les limites de notre département.
Je citerai pèle mêle ecophyto 2018, les SAGEs, les trames
vertes et bleues, la protection des captages prioritaires, natura 2000, en en
oubliant beaucoup. Notre action syndicale au travers de vos représentants sans
que vous le sachiez forcément est forte. Je remercie de leur travail Nicolas Bonnefous, Jean-Louis Laurent, Maurice Lemaire, Eric Foncelle pour leur
action et dévouement sur ces sujets ô combien accaparant et techniques. C’est
d’ailleurs là que le bât blesse, car nous avons en face de nous des techniciens
bien payés et passant leurs 35h sur le sujet, ainsi que des membres
d’associations environnementalistes fonctionnaires en retraites ayant du temps
et mettant toute leur intelligence ou malignité au service de la destruction de
notre métier, avec une vision bucolique de l’avenir de l’agriculture par la
lorgnette de la cité. Nous
aurons dans les années encore plus besoin de temps et de moyens afin d’opposer
par la technique, les contradictions nécessaires à leurs arguments. Et je
proposerai à l’équipe qui se soumettra à vos suffrages en janvier prochain, un
renforcement du pôle technique dédié à l’environnement dans les services de la
chambre d’agriculture. Ce sera dans les années à venir un sujet majeur et nous
devons combattre les argumentaires techniques par nos propres argumentaires et
nos propres études. Je sais que la FNSEA est très sensible à ce sujet et la
commission traitant de l’environnement sous la présidence de Pascal Ferrey est
très active. Mais notre pouvoir syndical interne est limité et nous devons nous
appuyer sur des compétences techniques dont nous serons le relais au travers
des différentes commissions.
Aujourd’hui beaucoup d’agriculteurs nous reprochent ce que
nous acceptons tant bien que mal, et qu’ils subissent sur leurs exploitations.
Je veux leur dire qu’ils n’imaginent même pas un instant d’où revenons à la fin
de chaque négociation et ce qu’ils auraient eut à subir si nous n’étions pas
intervenu aux cotés de la chambre d’agriculture.
J’y reviendrai plus tard, mais dites vous bien que vos
cotisations servent aussi à cela.
La commission de consommation de l’espace rural, est une
nouvelle commission instituée par le gouvernement en place qui nous permet
désormais d’avoir un œil et un avis sur l’extension de l’urbanisation et
l’artificialisation des espaces agricoles. Tant de lotissements, de ZAC, de
zones industrielles commerciales, artisanales sont institués sur des parcelles
agricoles qui ne verront jamais une maison, un hangar ou un magasin. Tant de
communes agglomérations ou collectivités dessinent des zones nouvelles sur nos
champs alors que dans les zones urbaines tout l’espace n’est pas consommé, où
existent des friches industrielles. L’équivalent d’un département tous les 7
ans disparaît englouti sous le béton, 3ha à la journée. D’autres pays, bien
avant nous, ont réagit et ont pris des dispositions afin de contrecarrer ce
phénomène. Mais il faudra que l’Etat ne se contredise pas lui-même et j’ai eu
l’occasion de saisir le ministre du logement alors qu’il était invité par la
FNSEA à Paris, sur le fait que tant de lois contraignent la réhabilitation des
friches industrielles ou logements vétustes. Nous ne pourrons limiter
l’extension des villes que par une incitation forte à la densification urbaine.
L’agriculture ne doit pas être un fournisseur d’espace à vil prix !
L’agriculture ne doit pas plus être non plus un fournisseur
de matière première secoué par le marché mondial basé sur la spéculation
financière. Nous avons besoin d’orientations, de compensations entre régions
agricoles, de stabilisation, en trois mots cela s’appelle une politique agricole.
Et cette politique peut être nationale mais depuis 1957 notre pays avec 26
autres en 2012 a
fait le choix d’une politique agricole européenne. Cette politique dispose d’un
budget décidé et voté tous les 7 ans et le prochain sera en 2014. Nous revenons
de très loin en matière budgétaire et le changement des commissaires européens
couplé à la crise agricole de 2008
a remis l’agriculture au centre des débats, je n’irai
pas jusqu’à dire au centre des priorités. Toutefois nous sommes assurés d’un
budget agricole qui sera sensiblement le même pour la France que ce que nous
avons connu jusque là. Par contre de grands changements verront le jour quant à
son application sur nos exploitations. Nous n’échapperons pas à un volet
environnemental. Il reste à faire valoir qu’il soit le moins douloureux
possible et surtout, surtout que la transcription française n’en rajoute pas
une couche. Nous serons très vigilants à cela au travers de la FNSEA. Pour notre
département le niveau d’aide moyen devrait être sensiblement identique à ce que
nous connaissons, avec peut être un léger mieux.
Ne comptons surtout pas sur les collectivités locales quelle
que soit leur territorialité. Leur désengagement dans les politiques agricoles
prouvé par leur réduction des budgets en leurs faveurs n’a absolument aucune
action sur l’orientation de l’agriculture, la dernière sécheresse prouve leur
totale incapacité de réaction et leur dédain envers nos organisations. La
suppression totale des budgets agricoles des collectivités locales n’aurait
absolument aucune incidence sur l’orientation de notre politique.
Mais les aides européennes ne sont qu’une compensation afin
que nos concitoyens puissent se nourrir à bon marché et disposent d’un pouvoir
d’achat supérieur consacré notamment aux loisirs. Notre souhait est que cette
politique agricole nous serve de boussole et de remparts. Elle doit orienter
nos productions, elle doit guider notre façon de produire ainsi qu’en définir
le niveau de production et ceci dans un consensus sociétal. Cette politique
doit nous servir de remparts contre les crises, qu’elles soient climatiques,
sanitaires ou tout autre forme de crise imprévue. Malheureusement j’ai bien
peur que les 4 milliards d’euros prévus sur 7 ans ne soient pas à la hauteur de
cet avenir jalonné d’embûches, ni d’ailleurs le
niveau si faible des mécanismes d’interventions que leur déclenchement ne
pourra se faire qu’une fois tous disparus. Ce que nous voulons c'est que cette
politique nous oriente vers des prix des denrées agricoles à la hauteur de nos
coûts de revient en sans cesse hausse, en un mot que les prix soient
rémunérateurs. Nous cessons d’entendre que nous aurons toujours plus de bouches
à nourrir, ce qui nous laisse espérer une forte demande, et donc des cours à la hausse. Le marché de la
viande s’est considérablement transformé ces derniers mois, et ceci grâce à des
actions syndicales en faveur de l’exportation. C’est le meilleur exemple qui
illustre que le pouvoir a changé de camp. Le pouvoir est passé dans le camp de
l’offre, et l’offre ce sont les agriculteurs, c’est nous. Pour la production
laitière le regroupement en organisation de producteurs fait pâlir les
industriels. Oui mes amis les mouches changent d’âne et j’ai bon espoir que ce
soit pour quelque temps. Par contre j’implore nos organisations
professionnelles économiques de gérer ce changement d’attitude, de le gérer
sous un aspect structurel et une fois les trésoreries des producteurs remises à
flot, de consacrer une partie de ces profits à la rénovation des filières, à
l’implication dans l’aval, à la reprise en main des circuits de transformation et
de distribution, afin de créer les conditions d’une maitrise durable du revenu
des agriculteurs.
Il nous faut davantage expliquer notre métier au grand
public. Toutes les enquêtes d’opinion le montrent nos concitoyens ont plutôt
une bonne image de nous. Mais lorsque les médias s’arrêtent sur des sujets
précis, de notre métier un malaise s’installe entre les gens des villes et
nous-même. Les OGM, le maïs, l’irrigation, le bien-être animal, les pollutions
sont autant de sujets d’incompréhension que la presse prend un malin plaisir à
distiller au gré de ses émissions afin de donner dans le scandale ou le
sensationnel afin de vendre plus de pages de publicité. Il faut inverser ce
phénomène et il ne faut pas penser que tout se situe à Paris. Même ici où il faut
à peine 5 minutes pour gagner la campagne partant du centre de Moulins, Vichy
ou Montluçon, nous devons sans cesse expliquer notre métier, expliquer que nous
travaillons en gens raisonnables, que tout est contrôlé mesuré et que nous
agissons pour le bien de tous. Les quelques expériences que j’ai vécu dans
cette démarche sont chaque fois concluantes. Le grand public est avide de
connaitre et de savoir. Vous ne changerez pas l’avis d’opposants à notre type
d’agriculture, mais ce ne sont pas eux qui forgent l’opinion. Notre syndicat a
pour rôle d’organiser ces démarches, ces rencontres et dans les mois qui
viennent je vais m’efforcer de provoquer des rendez-vous avec le grand public,
par diverses actions et divers modes de communication. Les prochaines élections
à la chambre d’agriculture se gagneront par des messages clairs envers le monde
agricole, mais sans doute encore plus par une acceptation par la société, au
moyen d’une image positive. Nos collègues voteront d’une manière encore plus
convaincue si à leurs yeux nous donnons une bonne image de l’agriculture de
notre département.
Les élections à la chambre d’agriculture se dérouleront donc
en janvier 2013, c’est-à-dire dans moins d’un an. Nous ne sommes pas en
position d’attaquant dans cette bataille électorale car nous détenons la
majorité à la chambre d’agriculture. L’alliance récente avec les jeunes
agriculteurs nous donnent à nous, à eux et ensemble, une force envers nos
opposants quels qu’ils soient. L’unité à laquelle je travaille depuis trois ans
et reprenant le flambeau de mes prédécesseurs paye. Et je puis vous assurer que
ce n’est pas la fin, j’ai bon espoir de rassembler encore plus large dans les
semaines à venir. Le pari que nous avons fait en rejoignant la FNSEA porte ses
fruits et notre discours d’unité ne laisse pas insensible nos collègues. Une
fois ce congrès terminé nous devrons penser à l’organisation de la campagne
électorale, nous devrons faire le point avec l’équipe sortante de la continuité
et du renouvellement de ceux qui siègent à ce jour, et établir un programme
pour la mandature à venir. Nous devrons déterminer avant l’été, qui conduira la
liste et après l’été commencer de composer une liste rassemblant un maximum de
compétences qui soit le reflet de la diversité des productions et des
territoires. Nous nous inscrirons résolument dans une démarche régionale et
nationale autour de la FNSEA, mais au-delà il nous faudra rassembler sur une
dynamique départementale et répondre par la chambre d’agriculture aux
préoccupations techniques des agriculteurs. J’entends le discours de ceux
d’entre vous qui nous demandent de se mettre en route et d’affirmer les hommes
et leurs positions. Je vous demande d’être patient, soyez assurés que nous
avons une stratégie, mais elle s’enrichira de vos conseils, alors n’hésitez pas
à vous manifester.
Pour mener à bien cette campagne électorales, mais bien plus
encore pour accompagner notre défense syndicale nous aurons besoin de moyens
financiers. Je n’ai jamais fait dans la langue de bois, je ne vais pas commencer
aujourd’hui. Nous avons revu le système des cotisations et il est clair que
nous ne pouvons pas concevoir la portée de vos souhaits sans moyens. Notre
fonctionnement a un coût, notre rattachement à la FNSEA aussi, notre pouvoir
d’orientation en son sein en dépend, et les cotisations sont la principale
ressource de notre financement. Ces cotisations ne doivent pas être
d’opportunité lors de règlement de problèmes individuels, elles sont la preuve
de confiance et d’adhésion envers ceux que vous élisez et à qui vous devez
donner les moyens de travailler. Si vous n’êtes pas satisfait ce n’est pas la
cotisation que vous devez supprimer, mais changer les hommes que nous sommes et
qui peuvent vous décevoir. Le syndicalisme a besoin d’hommes qui s’engagent et
de finances pour se battre contre des associations qui disposent souvent de
fonds importants venant de l’Europe. Il
nous faut donc trouver des ressources, cela passe par des cotisations
conséquentes et davantage de cotisants.
C’est notre travail de communiquer pour arriver à ce but mais vous
pouvez être d’un grand secours au gré de vos rencontres. Se syndiquer est une
fierté que nous devons partager.
Si nous pouvions nous faire rémunérer en fonction des
problèmes réglés, des mesures assouplies, des combats gagnés ou des aides
supplémentaires accordées, notre syndicat serait riche. Et je demanderai à
Dominique Barrau de nous accorder la bienveillance en matière de régularisation
avec la structure nationale. Nous revenons de très loin et sommes en plein
remembrement syndical. C’est un coût financier et humain pour notre structure
qui ne peut se mettre au niveau des autres départements sans une écoute
attentive de la FNSEA
J’aurais pu vous parler de problèmes que nous rencontrons
tous les jours, de la sécheresse, des difficultés de certains d’entre nous à
surmonter des charges en croissance. J’aurais pu prendre des exemples concrets
vous démontrant la larme à l’œil que l’agriculture ne va pas bien et que ceux
qui ont un peu de pouvoir sur notre avenir ne font pas tout pour nous aider, ou
prendre telle ou telle organisation professionnelles comme bouc émissaire. Je
ne suis pas ignorant de ceux qui souffrent et que nous aidons au quotidien, en
tentant de résoudre avec eux leurs problèmes. Mais l’agriculture est un métier
remplit d’espoir. Il faut espérer car nous aurons toujours plus de monde à
nourrir, il faut espérer car nous ne pouvons pas délocaliser nos champs, il
faut espérer car nous devrons embaucher et offrir du travail à ceux qui en
manquent, il faut espérer car nous devrons demain fournir une partie de
l’énergie nécessaire au développement économique et au confort de nos
concitoyens. Nous devrons apprendre de nouveaux métier, nous former, nous
adapter comme nous avons toujours su le faire. Mais nous serons encouragés en
cela par des prix rémunérateurs autant que nous serons capables de maîtriser
les filières, aller au-delà de la simple fourniture de matière première et
notre force la plus conséquente sera de nous prendre en main et de s’appuyer
sur nos outils coopératifs. Seuls nous ne pourrons être que des « mineurs »
à la merci des grandes entreprises, regroupées au sein de coopératives nous
pourrons rivaliser et créer de la valeur ajoutée pour nos exploitations. L’année
2012 a
été décrétée année internationale des coopératives. Le système coopératif c’est
la dixième puissance économique mondiale, c’est 800 millions de membres. Cela
va des coopératives ouvrières, aux banques en passant par l’agroalimentaire et
aux coopératives agricoles. L’agriculture est le secteur économique dans lequel
la coopération est le plus représenté, nous devons saisir cette opportunité
laissée par nos parents, et nos coopératives seront d’autant plus puissantes et
sources de rémunération que nous nous impliquerons dans la gouvernance de
celle-ci. C’est pour cela que tout à l’heure nous aurons une table ronde sur ce
sujet.
Mes chers collègues l’année qui commence s’annonce intense
syndicalement. Nous avons beaucoup de dossiers à défendre, et une campagne
électorale à mener. Plus que jamais il me faudra compter sur votre appui, votre
soutien, vos avis et la mobilisation de tous. Si comme moi vous croyez à votre
métier alors cet état d’esprit sera facile à faire partager.
Ensemble et unis nous porterons l’agriculture comme le secteur
économique d’avenir pour notre département, notre région et notre pays.