vendredi 11 avril 2014

Rapport Moral congrès FNSEA03


En préparant ce rapport moral, en rassemblant les idées et arguments  j’ai soudain vite pris conscience du sentiment d’un homme trompé, à qui on a fait des promesses et qui ne se réaliseront pas, par des gouvernants incapables de mettre en pratique leurs bonnes paroles.
Vous me direz que je ne dois pas être le seul, à la vue des dernières élections municipales il n’y a pas que les agriculteurs qui doivent avoir ce sentiment, et c’est bien connu les promesses ne valent que pour ceux qui les entendent.

Mais tout de même n’est il pas honteux d’avoir promis durant des mois et presque des années que les aides de la PAC seraient rééquilibrées en faveur de l’élevage et se rendre compte à ce jour que sur un département comme le notre ni l’élevage ni même les grandes cultures ne seront davantage aidées que sous l’ancienne PAC.
Pour les grandes cultures la facture était annoncée il y aurait prélèvement et tous imaginions que cela concernerait surtout les régions de grandes cultures, en cela renforcé par les pressions impressionnantes des acteurs de ces régions sentant la lame de l’épée passer tout près. La convergence devait favoriser nos zones de grandes cultures faiblement dotées en DPU et au final ces zones vont perdre aussi et pire même en pourcentage plus que dans les régions vouées à ces productions.
Le 23 juin dernier nous manifestions à Paris en faveur de l’élevage dans un grand sentiment d’intérêt général, de défense des territoires soutenus par des hommes politiques tous attachés à cette cause devenue noble.
L’euphorie était à son comble lors du sommet de l’élevage lorsque le président de la république en personne annonçait une série de mesures et d’orientations qui tout en soutenant les productions exportatrices, lisez derrière cela les céréales, feraient passer l’élevage du moyen âge aux temps modernes. La mariée était trop belle…
Je me souviens des syndicalistes dont je faisais partie, la calculette à la main traduisant les propos du chef de l’Etat en chiffres comptables des exploitations.
L’euphorie n’a été que de courte durée, et de réunions en réunions nous nous sommes vite aperçus que les propos ne pouvaient tenir la route pour une simple et bonne raison qui est que l’enveloppe globale de la PAC pour la France bien que maintenue à un bon niveau, ne pouvait pas contenter toutes les promesses faites.
Quelle déception et quelle décridibilité de la parole présidentielle. Jamais dans l’histoire de la 5e république la parole du chef de l’Etat n’a eu aussi peu de valeur les faits le prouvant. Imagine t’on un ministre défaire les promesses des présidents qu’étaient De Gaulle, Mitterrand ou Sarkozy ?
Oui le président de la république devant un millier d’éleveurs a annoncé la PMTVA à 200€ pour toutes les vaches ! Oui le président de la république a annoncé une aide laitière conséquente ! Oui le président de la république a annoncé que le deuxième pilier serait très largement renforcé avec des crédits supplémentaires pour les zones dites défavorisées ! Oui le président a annoncé durant 45 minutes que la PAC 2015 serait toute orientée en faveur d’un rééquilibrage entre régions et productions !
Et bien cher collègues à moins d’un revirement de dernière minute qui ne peut pas être impossible tant la faiblesse des mots ne comptent plus et tant nous faisons tout chaque minute pour faire tenir ces promesses au plus haut niveau de l’Etat, la PMTVA accusera dans notre département une baisse de près de 15% et si les 40 premières vaches seront primées aux environs de 200€, les suivantes le seront entre 50 et 70€. La prime laitière ne sera que symbolique, les zones défavorisées ne seront réellement compensées qu’à partir de 1000 mètres d’altitude et l’Allier aura toujours 84% de son territoire en zone défavorisée qu’avec le nom et les contraintes sans les compensations.
On aurait pu espérer quelques secondes que le deuxième pilier profitant d’un abondement de crédits européens conséquents aurait pu nous permettre de retrouver dans la main gauche ce que nous perdons de la main droite. Mais c’était sans compter sur une gestion régionale de ces crédits dont la collectivité veut s’en servir pour assouvir un dogme, une vision qui ne concerne que 2% des agriculteurs de la région quit à ne pas consommer les crédits alloués par l’Europe. Le Conseil Régional n’a cure de 90% des agriculteurs de cette région et de ce département et refuse d’entendre les propositions faites par la profession et les syndicats très majoritaires qui la représente. Certaines régions pour le bien de ses agriculteurs va tout mettre en œuvre pour accompagner ses agriculteurs dans ses pratiques voir même en abondant sur son propre budget les mesures européennes, voir même en modifiant dans la limite de la légalité le règlement afin de toucher le maximum d’entre eux. Ce ne sera pas le cas de l’Auvergne où le dialogue n’existe pas. Les agriculteurs sommes pragmatiques et ce qui compte n’est pas l’affichage dans un budget voté, mais sa consommation en fin d’année.
Hormis 2% des agriculteurs qui sont dans la filière bio de cette région, et tant mieux pour eux, les autres devront se contenter d’un cadre strict voir même plus contraignant en Auvergne que dans les autres régions. Et bien je dis chiche, passons tous en bio et nous attendons que les élus régionaux s’engagent solennellement à maintenir les même aides pour tous quel que soit le nombre d’agriculteurs  éligibles ! Nous verrons là aussi si la parole des politiques sera tenue !
Mes chers collègues je vous le dis la PAC va rééquilibrer les aides en 2015, mais à l’inverse des grands discours du plus grand nombre vers le plus petit. Certes les zones de montagne vont mieux bénéficier des aides européennes mais ce seront les seules, et vous comprenez mieux maintenant la fracture qui existe dans notre région entre deux agricultures que rien ne rassemble plus.
A l’heure où je vous parle les agriculteurs de la région Bourgogne manifestent actuellement à Nevers sur l’initiative de la FDSEA 58, et si nous n’étions pas là tous ensemble, nous serions avec eux, car ce qu’ils défendent pour leurs départements ils le défendent aussi pour notre département.
Il est devenu malheureusement difficile de vous faire croire que la PAC sera meilleure pour notre département et nous savons maintenant que la ferme Allier perdra bien plus que les quelques pourcent défalqués à tous les départements.
La Chambre d’Agriculture a été en pointe sur ce dossier de la PAC fournissant des simulations réalistes qu’au départ peu croyaient tant la déception était grande. La FNSEA03 n’a pas été en reste en relayant les informations par son réseau jusqu’au niveau national ou par ses sections spécialisées. La section végétale de la FNSEA03 a même travaillé sur une MAEC propre aux zones intermédiaires qui nous le savons maintenant est reprise en partie par la FNSEA, le ministère et l’Europe, mais qu’en partie et nous faisons tout pour convaincre nos dirigeants du bien fondé de l’intégralité de notre proposition.
Mais nous savons que nous ne produisons pas pour toucher des aides mais pour nourrir nos concitoyens et contre toutes les promesses non tenues d’hommes politiques devenus des fourbes nous espérons opposer des prix élevés de nos productions ce qui serait notre meilleure, notre plus belle récompense et la façon de renvoyer à leurs dogmes politiques ceux qui veulent orienter l’agriculture sans débourser un euro.  Notre plus grand espoir est de pouvoir se passer des aides et vivre largement des prix de nos produits.

Vous seriez déçu si je ne vous parlais pas d’environnement. Enfin je ne suis pas sûr que la déception soit le terme exact, mais on peut dire que c’est un sujet qui nous tient chaud et là encore l’Allier reste en pointe sur le combat contre des kmers verts ayant pris des uniformes dotés par l’Etat.
Le 28 septembre pour la première fois dans le département, un agriculteur fut condamné pour avoir entretenu des rigoles. Nous ne pouvions pas laisser passer cela il était inconcevable qu’un agriculteur se fasse condamner dans l’exercice de sa profession. Le 30 septembre nous organisions une opération coup de poing en collaboration avec les JA03 contre les services de l’ONEMA, manifestation qui eut un retentissement national au delà de toutes nos espérances et tant mieux pour les agriculteurs.
Grâce à nos actions démonstratives nous avons enclenché un dialogue avec les services de l’Etat qui bizarrement  était impossible avant, malgré nos demandes pressantes.
Aujourd’hui nous avançons sur ce dossier et nous avons bon espoir dans les semaines qui viennent de vous présenter un guide sur l’application de la loi sur les milieux aquatiques grâce au travail conjoint de la Chambre d’Agriculture et du service environnement de la DDT. Parallèlement la FNSEA03 et les JA03 travaillent aussi avec les services de l’Etat sur une charte des contrôles qui fera école dans les autres départements français, ce travail se construit en partenariat avec le service environnement de la FNSEA. Le sujet est long et complexe et je n’aurais pas le temps de tout développer ici, mais nous pouvons affirmer à cet instant que nous n’aurons plus à trembler pour nettoyer un fossé, ou entretenir des drains, le travail conjoint de la DDT, la Chambre d’Agriculture, le syndicat de la propriété agricole, le syndicat des étang,  la FNSEA03 et les JA03 éclairera la vision des agriculteurs sur une problématique devenue oppressante pour notre profession.
Tant que je suis sur l’environnement je veux souligner le travail conséquent de nos adhérents concernés par les contournements autour de Vichy et qui subissent des aberrations en matière de compensation écologique, les privant des meilleures terres agricoles au profit d’infrastructures routières et de création de zones naturelles compensatrices.
Je réclame ici très officiellement une compensation agricole des terres prélevées pour tout autre usage que celui pour lequel il est destiné depuis toujours et inscrit comme tel sur les documents d’urbanisme. Et je revendique que des zones urbaines ou industrielles devenues des friches retournent à l’agriculture une fois débarrassées de leur pollution urbaine. La friche de la Manhurin à Bellerive ou la fermeture de la base aérienne à Varennes doit pouvoir permettre d’acter pour la première fois cette volonté dans notre département. Et du point de vue national nous appuyons de toutes nos forces la FNSEA pour que cette compensation agricole s’inscrive dans la future loi d’avenir.
L’artificialisation des terres agricoles, les compensations écologiques sont un accaparement de notre garde manger commun par une civilisation repue, qui découvrira la faim au volant de véhicules parcourant nos champs devenus des autoroutes.

Nos actions syndicales, notre implication devenue incontournable dans le département, nos relations conjointes avec la Chambre d’Agriculture et d’autres organismes agricoles portent aujourd’hui leurs fruits pour une reconnaissance auprès des agriculteurs et le conseil d’administration de septembre a acté d’un plan de relance syndicale.  Il a commencé à se mettre en œuvre avec l’embauche d’une animatrice, Eva Piquet, qui va avoir deux tâches. Elle va aller à la rencontre de nos sympathisants qui naturellement ne cotisent pas et s’occuper du domaine de l’emploi dont des financements publics importants n’étaient pas utilisés jusqu’à ce jour dans notre département confirmant notre rôle primordial d’organisation représentative patronale.
Nous devons transformer les votes aux élections à la Chambre d’Agriculture en autant d’adhérents. Certes si cette dernière est au service de tous les agriculteurs c’est bien une majorité FNSEA03-JA03 qui a été élue et qui applique une politique en cohérence avec les orientations de la FNSEA. Au niveau national c’est bien la FNSEA qui négocie avec le pouvoir politique en respectant la remontée des idées des départements. L’adhérent de base doit prendre conscience que l’expression de ses idées est coagulée avec celles de tous les autres adhérents partout en France pour définir la politique agricole conditionnant son présent et son avenir. Les agriculteurs ont donc tout intérêt à adhérer et c’est ce qu’Eva s’efforcera de faire passer comme message.
La fédération départementale des pépiniéristes-horticulteurs a décidé de se rapprocher de nous et de devenir une de nos sections dont nous nous ferons le relais jusqu’au niveau national. Le but de ce rapprochement est outre le renforcement syndical, la fusion à terme des deux conventions collectives respectives que nos adhérents appliquent  au quotidien sur leurs exploitations.
Nous allons dans les semaines qui viennent développer nos services et missions auprès des agriculteurs-employeurs dans le but de les former, ou de permettre à ceux qui n’emploient encore personne de le faire avec un maximum d’assurance.

Vous le voyez notre syndicat se développe, étoffe ses services, et commence à rejouer le rôle du syndicat majoritaire départemental qui fédère tous les agriculteurs et qui avait disparu depuis longtemps. Il n’y a qu’un seul but derrière tout cela, être au plus près des agriculteurs devenus nos adhérents les accompagner et fédérer leurs opinions.
Ce sont chaque jour au delà de ce que je viens de vous citer, des tas de sujets sur lesquels nous travaillons et je veux remercier l’équipe autour de moi qui s’active dans l’ombre que ce soit notre personnel ou les différents responsables professionnels en charge des différents dossiers.
Nous venons de clore comme chaque année les assemblées générales de tous les cantons, où nous avons rencontré un grand nombre de nos adhérents dont je me fais le porte-parole ici.
Je reprendrai la conclusion de Xavier Beulin lors du dernier congrès de Biarritz, « seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! »


Je vous remercie.

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