dimanche 23 septembre 2012

Les dessous de l'étude sur les OGM


Vous avez sans doute entendu parler de la fameuse étude de Gilles-Eric Seralini, chercheur à l’université de Caen sur les nocivités du maïs OGM NK603 de Monsanto.
Cette étude a été rendue publique en début de semaine dernière et je n’ai pas voulu réagir à chaud, afin d’en savoir davantage outre l’effet de buzz dans tous les médias.
J’ai bien fait d’attendre…
En effet cette étude, diligentée par ce chercheur connu pour son engagement politique contre les OGM, devient de plus en plus conspuée par l’immensité des chercheurs sur le sujet et même parmi ceux qui ont tendance à ne pas forcément être favorables aux OGM.
Il est très vivement reproché à ce chercheur une étude scientifique tronquée, jouant sur des interprétations statistiques erronées, ou des lacunes grossières dans le protocole. Protocole que d’ailleurs le chercheur refuse de communiquer.
Il faut savoir que pour qu’une expérience soit reconnue dans le monde scientifique, elle doit être publiée dans des revues ou documentations spécialisées et validées par ses pairs, ce qui est loin d’être le cas pour cette étude.
Je ne vais pas ici reprendre en détail les commentaires des nombreux chercheurs de par le monde qui mettent en doute les résultats de l’étude, j’en ai juste choisi un seul qui est chercheur à l’INRA, Gérard Pascal,  dont on ne peut douter de l’indépendance totale du fonctionnaire.
Sur la race de rats : « Il s'agit de la souche dite de Sprague-Dawley, connue pour contracter des cancers de manière fréquente. Une étude publiée dans la revue Cancer Research en 1973 avait notamment montré une incidence de 45 % de cette pathologie chez ces rongeurs, sans la moindre intervention. C'est pourquoi cette souche n'est jamais utilisée pour des études de cancérogénèse. »
Sur le protocole d’étude : « L'étude présente tout d'abord des faiblesses statistiques majeures. »
« L'étude ne fournit aucune indication sur le régime alimentaire des rats, en dehors des doses de maïs transgénique délivrées. Or, avec la souche de rats utilisée, l'on sait que les paramètres environnementaux, et notamment l'alimentation, jouent un rôle important. Les travaux ne présentent par ailleurs pas d'analyse poussée des constituants du maïs, sur lequel on aurait pu trouver des résidus de mycotoxines, c'est-à-dire des contaminants produits par certains champignons. Enfin, la publication scientifique manque de données chiffrées sur la fréquence des pathologies observées et sur les analyses biochimiques, comme la glycémie ou la cholestérolémie.Toutes ces lacunes sont rédhibitoires pour une étude scientifique. C'est pourquoi je ne comprends pas que ces travaux aient été publiés dans la Food and Chemical Toxicology, une revue très sérieuse qui rend obligatoire la relecture par les pairs. »
En vérité cette étude sort à point nommé pour faire la promotion de plusieurs évènements et soutenir des « mécènes » dont l’intérêt est de faire de l’argent.
Le Nouvel Observateur en premier lieu qui peine dans l’équilibre de ses budgets trouve là l’occasion de se refaire une petite santé. Corinne Lepage ensuite qui sort un livre « La vérité sur les OGM, c’est notre affaire ! » le 21 septembre, Jean-Paul Jaud réalisateur activiste français qui sort un film « tous cobayes » le 26 septembre et enfin le professeur Seralini qui sort un livre intitulé aussi « tous cobayes ! ». C’est donc une opération business bien programmée et on peut se demander si l’étude ne sert à autre chose que cela. D’autant plus que bizarrement et c’est une première aucun financement publique n’est intervenu sur cette étude, uniquement des financements privés, ceux de l’éditeur de Corinne Lepage Charles-Léopold Mayer, et une association Ceres composée entre autre de Carrefour et Auchan qui avait programmé une campagne de publicité sur leurs aliments non-OGM, dont il soit dit au passage qu’ils ne peuvent le prouver.
Les OGM servent encore une fois de faire valoir, cette fois c’est pour du business sur le dos du consommateur, une prochaine fois ce sera autour d’élections impliquant les écologistes.
Comment le citoyen peut il se retrouver dans cette affaire, la question mérite d’être posée, je ne suis pas sûr que la réponse arrive un jour.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mon dieu que cette étude est criticable, 10 rats males et 10 rats femelles par modalité, une espèce de rats sensible...quel dommage que nous n'ayons en face pour justifier l'importation et la consommation des mêmes OGM que des études similaires, mais menées sur seulement 3 mois!


Pire en cherchant un peut on trouve des doutes mais qui ne succitent aucune précaution, c'est louche donc on peut en manger :



http://www.anses.fr/Documents/BIOT2011sa0215.pdf

Argumentation : on est pas sûr :





En dehors de quelques différences significatives limitées à un seul sexe et un seul groupe et non
corrélées entre elles, aucune différence significative permettant de conclure à une toxicité des sojas
n’est observée dans cette étude.



Toutefois, il est souligné que la mise en oeuvre d’un faible nombre d’animaux (12 rats de chaque
sexe par groupe), augmente le risque d’avoir une puissance insuffisante pour les tests statistiques.



Faut reconnaitre que ça ne manque pas de bémol...sur 24 rats sur 90 jours





conclusion : là on est sûr, on peut en faire bouffer pendant des décennies sans danger :







Le CES estime que la consommation des sojas portant l’événement de transformation 356043 et de
ses produits dérivés est aussi sûre que la consommation des sojas témoins conventionnels.




Moi j'aurais été curieux de savoir ce que ça donnait sur plus longtemps.


Sinon pour informations quelques réponses à vos remarques sur l'étude elle même :

http://tempsreel.nouvelobs.com/ogm-le-scandale/20120920.OBS3130/ogm-9-critiques-et-9-reponses-sur-l-etude-de-seralini.html



Cordialement Mac

Thierry Jaccaud a dit…

Bonjour,
Merci d'avoir posté ce billet argumenté: cela permet de débattre. Je relèverai seulement deux points.

1. Vous reprenez les commentaires de Gérard Pascal, en disant : "chercheur à l’INRA, on ne peut douter de l’indépendance totale du fonctionnaire". Aïe aïe aïe pas de bol, Gérard Pascal n'est plus à l'INRA mais aujourd'hui consultant pour des firmes agroalimentaires... Bref, au lieu d'être l'expert totalement indépendant que vous pensiez, il est payé chaque mois par l'agroindustrie... Voyez son interview dans Le Monde ici : http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/20/ogm-le-protocole-d-etude-de-m-seralini-presente-des-lacunes-redhibitoires_1762772_3244.html

2. Même un fervent partisan des OGM comme Gérard Pascal donc avoue dans cette même interview du Monde : "Effectivement, il n’y a jamais eu d’étude de cancérogénèse liée aux OGM". L'étude de Gilles-Eric Séralini est la seule sur le sujet !
Ne trouvez-vous pas qu'il s'agit là du scandale absolu ? Quand vous dites : "bizarrement aucun financement public n’est intervenu sur cette étude" : oui, c'est tout à fait bizarre que la puissance publique n'ait jamais financé la moindre étude sur l'impact des OGM sur la santé ! Voilà quelque chose que la FNSEA pourrait demander, que vous président de la FNSEA03 pourriez demander : que soient enfin réalisées ces études. Si la FNSEA est indépendante de Monsanto et consorts, cela ne devrait vous poser aucun problème ! Alors, chiche ?

Merci pour votre attention,
Bonne journée