« Tu
ne peux savoir, ma mère aimée, ce que l’homme peut faire contre l’homme. Voici
cinq jours que mes souliers sont gras de cervelles humaines, que j’écrase des
thorax, que je rencontre des entrailles. Les hommes mangent le peu qu’ils ont,
accotés à des cadavres. Le régiment a été héroïque : nous n’avons plus
d’officiers. »
Cet extrait de lettre d’Eugène Emmanuel Lemercier à sa
mère il y a cent ans nous rappelle par des mots très justes et très directs une
triste réalité transposable aujourd’hui.
Fermez les yeux, imaginez ce que peut écrire un
combattant en Syrie, ou quelque part au moyen orient, ces mots sont sans doute
les mêmes dans les décombres des villes détruites.
« Tu ne peux savoir, ma mère aimée, ce que l’homme
peut faire contre l’homme. »
Il n’y a aucun dieu ni aucune religion qui guide l’homme
vers la guerre, il n’y a pas de loi supérieure à l’homme qui dicterait de faire
la guerre.
Au contraire c’est l’homme seul, fanatique dont la
réflexion se situe au plus bas de sa conscience par la vanité et la soif de
pouvoir qu’il veut exercer sur l’autre, se servant de toute croyance pour se
détruire lui-même.
Ce 11 novembre 2015 commémore la barbarie humaine alors
que nous sommes il y a cent ans au paroxysme de la guerre dont nous célébrons
aujourd’hui la mémoire.
Faut il justement que nous n’ayons pas de mémoire pour
répéter sans cesse les mêmes erreurs, qui amènent aux mêmes résultats.
Soyez remerciés vous toutes et tous qui êtes présents ici
en ce jour pour se souvenir de ce que peut être la bêtise humaine et de ceux
qui ont donné leur vie pour que nous puissions jouir de nos libertés.
Usons de cette liberté pour nous exprimer, pour crier
notre expérience de la guerre, de ses souffrances, de ses horreurs et de son inutilité.
Usons de cette liberté pour porter l’éducation, le
savoir, la connaissance afin que cesse la domination de ceux qui ignorent par
ceux qui savent.
L’historial de Fleuriel que nous avons inauguré vendredi
dernier n’a pour seul but de faire savoir que ce sont les paysans, les petits,
les faibles qui ont donné leur vie comme très souvent dans toutes les guerres.
Bien au-delà soyons les chantres de la liberté de parole,
du dialogue, du respect pour que quelles que soient les différences les hommes
cessent de se faire la guerre, très loin mais aussi très près de nous, chez
nous.
La France est un pays de liberté, la France est un pays
de conscience dont ses valeurs sont malmenées en ces temps difficiles qui
amènent le trouble chez nos concitoyens et la tentation des vieux démons
ressurgit dans l’expiation des conséquences plutôt que la correction de la
cause.
Gardons la tête froide, soyons les porteurs de nos
valeurs et de nos droits, sans oublier la masse de nos devoirs et du premier d’entre eux le devoir de
mémoire.
Mesdames et Messieurs nous sommes là car la force de
notre nation est d’avoir surmonté toutes les épreuves même les pires, le peuple français s’est toujours retrouvé
pour dépasser les difficultés, en
l’honneur de ceux qui ont donné leur vie pour nous et pour leur respect nous
devons faire bloc devant l’adversité d’aujourd’hui.
La chance de notre société moderne est de porter la
connaissance, le savoir et l’information à chacun d’entre nous, pour que nous
puissions décider en toute connaissance de cause.
La propagande pouvait exister en 1915 lorsque les poilus
n’avaient qu’une seule source d’information officielle ce qui n’est plus le cas
aujourd’hui, alors jouissons de la pléthore d’informations mais ne nous laissons
pas griser par les sirènes de celles qui crient le plus fort.
Encore merci de votre présence en ce jour et je vous
invite à boire un verre autour de la fraternité
en l’honneur de ceux qui sont inscrits au fronton de notre monument aux
morts.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire