samedi 27 juillet 2019

L'eau quand il en manque...




Vaste sujet sur un élément si essentiel à la vie qui peut être la cause du bonheur comme du malheur.
Je m’arrêterai au côté politique et particulièrement de sa gestion. Fort de plus de 30 ans d’implication dans différents organismes chargés de sa gestion tant sur la quantité que la qualité, car les deux côtés de sa gestion sont bien ceux-là.
Gérant l’assainissement à St Pourçain depuis 1995 et étant l’initiative de la seule station d’épuration traitant l’eau usée pour la rendre au milieu naturel au niveau de potabilité, que mes fonctions dans un syndicat d’eau potable et d’assainissement , siégeant dans deux SAGE, au comité de bassin Loire-Bretagne, au comité de gestion des barrages de Naussac et Villerest ou m’occupant au niveau régional de l’eau en agriculture, j’ai une vision assez large sur cet élément naturel connaissant bien le côté règlementaire et pratique de son utilisation, la sécheresse actuelle m’amenant à participer à des comités sur la gestion de crise.
La sécheresse que nous vivons est historique, j’ai connu celles de 1990 à 1992 où nous avons créé le syndicat des irrigants du Val d’Allier avec Jean-Louis Laurent et un groupe d’agriculteur, celle de 2003, celle de 2011, de 2015, 2018 et 2019.
A chaque fois que des évènements comme ceux-là se produisent on trouve un tas de gens qui ont un avis sur tout, des solutions à tout, mais qu’à la première pluie on n’écoute plus car ils sont passés à autre chose, surfant sur l’émotionnel ou l’actualité.
On sait très bien que beaucoup de guerres se déclenchent par le sujet de l’eau, il n’y a qu’à regarder du côté du Moyen Orient ou de l’Afrique et des régions où l’eau est rare pour que le moindre fil d’eau devienne objet de convoitise souvent par les armes. N’oublions pas non plus le droit d’eau très complexe en France par son histoire et son actualité, rien ne peut se faire sur ce sujet sans avoir à faire à une réglementation conséquente.
Dans nos contrées où nous ne sommes pas sensés en manquer pour le moment il est devenu un enjeu politicien, avec lequel certains se font élire sur des dogmes simplistes n’ayant pour la plupart jamais géré la moindre structure chargée de sa gestion.
Le changement climatique fait que les crises se rapprochent et ce n’est pas tellement sa quantité qui va manquer que sa répartition au long de l’année. Nous avons une myriade d’études et de projections qui démontrent que nous n’avons que deux solutions pour s’adapter à ce changement climatique.
Laisser faire, et dans ce cas il nous faut nous attendre à des déplacements de population pour laisser de vastes parties de l’Europe ouvertes à la désertification créant des espaces sans vie humaine qui seront, suivant les évènements, laissés tantôt aux proies des flammes tantôt à celles des inondations. Une étude récente portée par l’EPL Loire démontre parfaitement qu’en 2050 si rien n’est fait Clermont-Ferrand rentrera dans une zone semi-aride où il ne sera plus permis que de prendre 1 douche par semaine. Le SAGE Allier porte d’ailleurs une étude conséquente sur l’aspect quantitatif de la chaine des Puys.  Il faut s’attendre beaucoup plus souvent à avoir des restrictions d’eau tous les étés et les rivières comme la Sioule ou l’Allier asséchées. Bien plus que toute l’économie qui sera pénalisée c’est la vie locale qui devra se déplacer. Et ce n’est pas un scénario catastrophe que je décris là car nous aurons des périodes de fortes pluies pouvant déclencher des inondations très importantes.
Ou alors il y a aussi la solution de réagir de manière intelligente, sans passion et trouver des solutions globales qui partent du principe simple de la constitution de réserves et de son utilisation avec économie.
Faire de petites réserves personnelles ne résout rien et ne sert qu’à exacerber les esprits lors des crises en créant la différence entre ceux qui ont et ceux qui n’ont ou ne peuvent avoir.
Il convient donc d’accepter pour préserver un maximum de vie qu’elle soit humaine ou renforçant la biodiversité, de créer des réserves d’eau à l’échelle de bassins ou sous-bassins qui se rempliraient l’hiver pour être utilisée lors des périodes de pénurie. On peut toujours dire qu’on ne veut pas d’un barrage pour pas détruire la biodiversité locale, quand il n’y a plus d’eau dans une rivière la biodiversité disparait et parfois de manière irrémédiable.
On connait les émois qu’a créé Sivens, mais hormis un enjeu politicien c’est l’exemple même d’une zone vouée à la disparition de toute vie dans le bassin concerné.
En matière agricole il aurait été intelligent d’accepter des cultures génétiquement modifiées résistantes à la sécheresse, cela existe, mais le côté émotionnel sociétal l’emporte là aussi sur le côté rationnel et scientifique. Il existe aussi sur ce secteur le développement de plantes résistantes naturellement à la sécheresse ou des modes d’agriculture économes en eau, ou des modes d’irrigation performant, j’ai confiance au progrès technique mais sans l’irrigation aucune agriculture ne sera possible et encore moins l’élevage, il suffit de voir l’état des prairies cette année.
Il ne convient absolument pas de faire ce qui se fait en Arabie-Saoudite où dans des déserts gigantesques des pivots d’irrigation immenses irriguent des surfaces de maïs ou de luzerne avec de l’eau pompée à des centaines de mètre de profond pour alimenter des élevages de 10.000 vaches.
Je n’ai pas abordé l’aspect qualitatif qui là aussi pourrait occuper bien des mots mais lorsqu’il y a rareté, mécaniquement la qualité est étroitement liée.
En conclusion, sans passion et une fois qu’on a enlevé les Yaka-Faukon, les acteurs de l’eau peuvent trouver des solutions à long terme et je me réjouis que depuis peu de la base jusqu’au plus haut de l’Etat, ces idées font leur chemin et commencent à être acceptées jusqu’à leur mise en œuvre.
Dans l’Allier grâce à l’initiative de la Préfète, des services de l’Etat, du Conseil Régional et Départemental et de la Chambre d’Agriculture et d’acteurs locaux des réserves verront bientôt le jour dans le département pour que les paroles deviennent des actes.