Vous avez sans doute entendu parler de la fameuse étude de Gilles-Eric
Seralini, chercheur à l’université de Caen sur les nocivités du maïs OGM NK603
de Monsanto.
Cette étude a été rendue publique en début de semaine
dernière et je n’ai pas voulu réagir à chaud, afin d’en savoir davantage outre
l’effet de buzz dans tous les médias.
J’ai bien fait d’attendre…
En effet cette étude, diligentée par ce chercheur connu pour
son engagement politique contre les OGM, devient de plus en plus conspuée par l’immensité
des chercheurs sur le sujet et même parmi ceux qui ont tendance à ne pas
forcément être favorables aux OGM.
Il est très vivement reproché à ce chercheur une étude
scientifique tronquée, jouant sur des interprétations statistiques erronées, ou
des lacunes grossières dans le protocole. Protocole que d’ailleurs le chercheur
refuse de communiquer.
Il faut savoir que pour qu’une expérience soit reconnue dans le
monde scientifique, elle doit être publiée dans des revues ou documentations
spécialisées et validées par ses pairs, ce qui est loin d’être le cas pour
cette étude.
Je ne vais pas ici reprendre en détail les commentaires des
nombreux chercheurs de par le monde qui mettent en doute les résultats de l’étude,
j’en ai juste choisi un seul qui est chercheur à l’INRA, Gérard Pascal , dont on ne peut douter de l’indépendance
totale du fonctionnaire.
Sur la race de rats : « Il s'agit de la souche
dite de Sprague-Dawley, connue pour contracter des cancers de manière
fréquente. Une étude publiée dans la revue Cancer Research en
1973 avait notamment montré une incidence de 45 % de cette pathologie chez ces
rongeurs, sans la moindre intervention. C'est pourquoi cette souche n'est
jamais utilisée pour des études de cancérogénèse. »
Sur le protocole d’étude : « L'étude présente tout
d'abord des faiblesses statistiques majeures. »
« L'étude ne fournit aucune indication sur le régime
alimentaire des rats, en dehors des doses de maïs transgénique délivrées. Or,
avec la souche de rats utilisée, l'on sait que les paramètres environnementaux,
et notamment l'alimentation, jouent un rôle important. Les travaux ne
présentent par ailleurs pas d'analyse poussée des constituants du maïs, sur
lequel on aurait pu trouver des résidus de mycotoxines,
c'est-à-dire des contaminants produits par certains champignons. Enfin, la
publication scientifique manque de données chiffrées sur la fréquence des
pathologies observées et sur les analyses biochimiques, comme la glycémie ou la
cholestérolémie.Toutes ces lacunes sont rédhibitoires pour une étude
scientifique. C'est pourquoi je ne comprends pas que ces travaux aient été
publiés dans la Food and Chemical Toxicology, une revue très sérieuse
qui rend obligatoire la relecture par les pairs. »
En vérité cette étude sort à point nommé pour faire la
promotion de plusieurs évènements et soutenir des « mécènes » dont l’intérêt
est de faire de l’argent.
Le Nouvel Observateur en premier lieu qui peine dans l’équilibre
de ses budgets trouve là l’occasion de se refaire une petite santé. Corinne
Lepage ensuite qui sort un livre « La vérité sur les OGM, c’est notre
affaire ! » le 21 septembre, Jean-Paul Jaud réalisateur activiste
français qui sort un film « tous cobayes » le 26 septembre et enfin
le professeur Seralini qui sort un livre intitulé aussi « tous cobayes ! ».
C’est donc une opération business bien programmée et on peut se demander si l’étude
ne sert à autre chose que cela. D’autant plus que bizarrement et c’est une
première aucun financement publique n’est intervenu sur cette étude, uniquement
des financements privés, ceux de l’éditeur de Corinne Lepage Charles-Léopold
Mayer, et une association Ceres composée entre autre de Carrefour et Auchan qui
avait programmé une campagne de publicité sur leurs aliments non-OGM, dont il
soit dit au passage qu’ils ne peuvent le prouver.
Les OGM servent encore une fois de faire valoir, cette fois
c’est pour du business sur le dos du consommateur, une prochaine fois ce sera
autour d’élections impliquant les écologistes.
Comment le citoyen peut il se retrouver dans cette affaire,
la question mérite d’être posée, je ne suis pas sûr que la réponse arrive un
jour.