jeudi 24 mai 2018

Des nouvelles de Sioule-Biogaz



Je ne vous ai pas donné de nouvelles de Sioule-Biogaz depuis longtemps mais en voici et plutôt bonnes.
Si je me suis abstenu aussi longtemps c’est que contrairement à tout ce qu’on pourrait penser les énergies renouvelables dérangent beaucoup de monde et si nous avons réussi à faire fonctionner notre unité et non sans mal, c’est après s’être battu contre vents et marées.

Nous avons perdu notre procès contre l’assurance de Méthajade (MMA) pour l’explosion de la cuve pour deux raisons essentielles, la première est que bien que nous ayons payé un contrat d’assurance Tous Risques Chantier et Tous Risques Montages et Essais à Méthajade, son patron Frédéric Delesquen a bien empoché la prime mais ne s’est jamais réassuré derrière donc pas assuré, nous avons essayé de faire marcher la responsabilité civile de Méthajade, mais comme celle-ci a déposé le bilan cette assurance ne pouvait pas marcher.
La deuxième raison est que l’expertise qui a été diligentée par le tribunal a un rendu très médiocre. L’expertise faite par Emmanuel Adler de la société Aconsult a été d’une légèreté remarquable sur le sujet. Un rapport en l’état de 12 pages dont seulement 4 pour répondre au tribunal sur un sujet aussi complexe, sans aucune mention ni description des organes de sécurité, sans même la fiche technique du constructeur des cuves, nous demandant en plus des 4000€ alloués, 6000€ supplémentaires pour s’adjoindre un sapiteur financier alors que ce travail fait partie de sa mission de base désignée par l’ordonnance du tribunal et que nous n'avons évidemment pas donné suite à cette demande. 

Pour sa plaidoirie, la partie adverse à court d’argument n’a rien trouvé de mieux que de reprendre des passages entiers des articles sur mon blog et de se demander si l’accident n’était pas intentionnel d’où ce silence depuis des mois.
Il est évident que sur la base d’un rapport sans intérêt, sans conclusion, sans chiffrage financier le tribunal ne pouvait que nous débouter.

Après avoir trouvé un accord de sortie avec Air-Liquide nous avons pris contact avec PRODEVAL pour construire un nouveau purificateur en remplacement qui correspondait davantage à la particularité de la méthanisation voie discontinue et qui pouvait inclure notre brevet de récupération du CO2 pour l’inertage des garages, étapes essentielles dans le fonctionnement de ce type de méthanisation pour produire du biométhane.
Durant la phase d’élaboration technique du nouveau purificateur et sa construction, nous avons tout réhabilité la partie méthanisation. Nous avons redimensionné la partie aspersion du percolât avec du matériel d’irrigation surdimensionné, revu la partie air, compresseur et vannes pneumatiques et changé les portes qui viennent désormais de Pologne, des portes très simples, sans joint gonflant.  Tout l’automatisme a été entièrement reconstruit après une analyse fonctionnelle, avec des fonctions inédites dans la souplesse et la sécurisation de l’exploitation qui permet des commandes pouvant modifier le fonctionnement en cours d’exploitation et donc rectifier la production de gaz, assisté par une instrumentation sur les différents réseaux, tout est quasiment mesurable et paramétrable. Un grand travail de qualité grâce à la société APIWATT. 

Depuis janvier PRODEVAL a installé le purificateur, le 22 février l’injection commerciale commençait en constante progression pour arriver à des pics de production dépassant les calculs théoriques à plus de 700Nm3 par jour, même si celle-ci reste fluctuante à un niveau plutôt élevé permettant d’assurer désormais la rentabilité de l’installation.
Nous avons sorti beaucoup de résultats et de conclusions sur l’exploitation de la méthanisation et le paramétrage du purificateur en collaboration avec les équipes de PRODEVAL très à l’écoute avec des techniciens très compétents et réactifs et avons vraiment un purificateur paramétré à notre main, performant qui suit la production de biogaz. L’air et donc l’azote, est toujours l’ennemi de la qualité, il faut absolument aucune entrée d’air, ce qui peut être acceptable en cogénération mais impossible en production de biométhane. Une défaillance d’un simple joint peut faire monter le taux d’azote à 3% ou plus et rendre impropre à la commercialisation le biométhane, et comme tout fonctionne en dépression l’étanchéité est la clé de tout d’où l’importance de notre système d’injection de CO2 qui outre les fonctions d’inertage maintien la pression en cas de chute trop forte.  Les meilleures productions de biogaz sont lorsque les garages sont en dépression donc leur étancheité est primordiale ou modifiable. Nous avons mesuré que des garages en pression pouvaient produire de 20 à 30% de moins que des garages en dépression, c’est normal la pression et la saturation en biogaz inhibe la production de gaz, alors que la dépression la favorise.  
L’inertage au CO2 dès la fermeture des portes après remplissage chasse l’air et permet une atmosphère anaérobie immédiate.
Au passage notre inertage au CO2 en phase finale de vie des garages est très sécurisant et c’est une folie de chasser le biogaz avec un fort pourcentage de méthane avant ouverture avec de l’air, le pouvoir explosif est alors très fort, 5 à 15% de méthane avec de l’air possède un pouvoir explosif,  il y aura un jour un accident par une simple étincelle d’un ventilateur, de l’électricité statique dans l’air ou autres pouvoirs d’explosion.  

En revanche le poste d’injection de GRDF est toujours la galère et très, trop souvent nous ne pouvons injecter à cause de la défaillance de cet équipement que nous louons par obligation fort cher. Dans la première période de production avant le changement de purificateur, nous avions eu des problèmes de compteur, d’odorisation, de mesure et d’analyses, heureusement nous pouvions avoir accès au poste et avons résolu bien des problèmes nous-mêmes. Mais désormais l’entrée est interdite ce qui fait qu’en cas de panne de courant par exemple il faut faire venir un technicien de Clermont (70km) pour appuyer sur un bouton et c’est nous qui lui disons lequel. Mais nous avons toujours des problèmes avec le chromatographe qui analyse le gaz et on nous avait dit qu’il n’y avait pas plus précis et fiable et nous voyons surtout qu’il n’y a pas plus capricieux, peu fiable tant dans son fonctionnement que dans ses analyses. Nous avons 3 séries d’analyseurs en ligne en amont qui disent tous pareil et bien le chromatographe lui, en donne une différente et bien sûr si elle n’est pas bonne ferme la vanne. Cet appareil est sensible au chaud, au froid, aux vibrations, nous en sommes au deuxième remplacement total et au moins à la quatrième carte électronique. L’odorisation fonctionne quand elle y pense et régulièrement il faut changer une pompe ou régler le dosage. Et bien entendu les pannes sont souvent le vendredi ce qui fait des réparations le lundi ou le mardi suivant car les réparations c’est bien sûr en jours ouvrables. 
Et puis toujours ce combat avec GRDF sur le manque de souplesse des normes d’injection. Leur raisonnement est entièrement basé sur le gaz fossile sans tenir compte que la méthanisation est une activité vivante et donc aléatoire tant sur la quantité que sur la qualité. Dès que le gaz descend en dessous d’un dixième de la norme la vanne d’injection se ferme. Cela oblige donc à mettre une purification démesurée et donc très couteuse alors qu’une simple souplesse ferait baisser le coût de l’ensemble de 20 à 30% et pourrait multiplier les projets surtout agricoles. Mais la politique de GRDF c’est des gros projets très couteux afin de respecter la norme ! la norme c’est pire que les écritures saintes, même si à côté de cela 98% du gaz consommé en France est importé et qui ne respecte pas cette norme. Je reste persuadé que les petits projets agricoles sont possibles et rentables si on assouplit les normes et qu’on tient compte du pouvoir de dilution dans le réseau.
On nous oblige à respecter toutes les normes pour une production de 30Nm3/h injectée alors qu’à 200 mètres de nous une usine en consomme 2000Nm3/h ! C’est complètement fou et ubuesque.
Mais en respectant la norme tout le monde est couvert même si ça ne sert à rien, GRDF, la DREAL, la CRE, tous ces gens dans les bureaux ne prennent aucun risque alors que nous faisons tourner l’unité 24h/24, 7j/7 et que nous avons investi 1,7M€.
Au passage le Crédit-Agricole Centre-France a toujours été un partenaire fiable dans nos malheurs, patient sur les remboursements, à notre écoute et même de bons conseils.

En conclusion nous sommes arrivés à faire fonctionner la seule et unique unité de méthanisation en voie discontinue en France pour de l’injection de biométhane de manière rentable en accumulant une expertise et une somme de renseignements sur le fonctionnement de la méthanisation et de la purification avec la collaboration efficace de gens compétents, à notre écoute et capables de transposer techniquement notre vision du fonctionnement. Il reste beaucoup encore à apprendre notamment sur le fonctionnement biologique de la méthanisation, nous continuons l’expérimentation pour améliorer notre niveau de production, des améliorations sur la partie technique seraient à apporter, mais le manque de financement nous limite et nous verrons dans le temps celles qui seront possibles.  

lundi 21 mai 2018

C'est l'histoire du gentil avion libérateur des moustiques et du vilain agriculteur destructeur de la biodiversité.





Le 16 mai j’ai vu avec effarement un reportage au journal de 20H de TF1 sur la destruction des moustiques dans le département de l’Hérault par épandage aérien de milliers de litres d’insecticides.
On y voit donc un avion déversant un pesticide sur des zones humides et des agents avec des quads injectant directement dans l’eau cet insecticide.
Je suis d’autant plus stupéfait qu’en matière agricole l’épandage aérien est interdit depuis 5 ans, que les agriculteurs doivent respecter des distances de pulvérisation avec tout point d’eau et que tous les cours d’eau doivent avoir une bande enherbée d’au moins 5 mètres.
Je me dis on devient complètement fou !!
On retire de plus en plus aux agriculteurs l’usage des insecticides par voie foliaire, on interdit l’enrobage de la semence enfouie sous terre avec quelques grammes de produit et on balance des milliers de litres juste pour protéger les touristes.
Dans un cas on interdit l’usage des produits par des professionnels formés et dotés d’un certificat pour l’usage des produits dans le but de protéger les cultures et donc notre nourriture, et dans un autre cas on détruit toute la faune à grand coup d’insecticide pour protéger les touristes.
En clair ce qui compte c’est se reposer et s’amuser même si c’est au prix d’importations de nourriture
provenant de très loin protégée avec des produits interdits sur notre sol mais qu’on ne voit pas.
A-t-on idée de la destruction et l’empoisonnement des zones ayant reçu ces épandages ? se préoccupent on des abeilles ? des batraciens ? des poissons ? de tous ces insectes détruits ce qui va dérégler la chaine alimentaire ? Mais comment peut on présenter dans ce reportage un gentil avion détruisant les moustiques avec le déversement de son insecticide et dans un autre reportage le vilain agriculteur tuant tout avec son pulvérisateur sans savoir ce qu’il applique vraiment ??
Ceci-dit on a interdit le Gaucho, le Régent ou le Cruiser comme traitement de semence utilisé par enrobage et donc enfouis sous terre par les agriculteurs qui sont des professionnels pour le laisser en vente libre dans les animaleries pour application sur chiens et chats. Ainsi donc toute la petite famille peut appliquer les petites fioles qui représentent l’équivalent de dizaines d’hectares traités, sur le chien et le chat en respirant bien les vapeurs et surtout en le caressant bien après avec des mains qui finiront dans la bouche.
Que dire aussi des diffuseurs d’insecticides ou des bombes aérosols largement utilisés dès que les beaux jours reviennent dans les pièces fermées où il fait bon respirer ces insecticides diffusés à des doses qu’on oserait pas user en agriculture. Il n’y a qu’à voir la pauvre bête se tortiller par terre une fois qu’elle en a respiré pour bien comprendre que ça peut faire beaucoup de bien à nos poumons.
Alors j’adore quand on me dit ou que j’écoute que le bio au moins on n’utilise pas de pesticides. Je suis sûr même que ceux qui vont le défendre seront ceux qui iront en vacances là où a eu lieu l’épandage par avion et qui iront acheter au petit producteur local bio ses bons produits largement aspergés par les vents ayant transporté les insecticides épandus par l’avion.
Et puis même là où il n’y a pas d’épandage aérien il faut savoir que la France a demandé la dérogation à la commission de Bruxelles pour 90 pesticides à utiliser en agriculture biologique, rien que ça il suffit d’aller sur le site E-phy du ministère de l’agriculture pour avoir la liste.  L’utilisation du cuivre nécessaire en agriculture biologique est un métal lourd hautement toxique pour l’homme et encore pire pour la nature. Il n’y a qu’à voir les parcelles de vigne arrachées avec leur sol nu où rien ne pousse durant des années. Vu que la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) est payée au poids, ce sont désormais les agriculteurs biologiques qui très souvent paient les plus grosses sommes. Alors que l’utilisation des pesticides se stabilisent en agriculture conventionnelle elle explose en agriculture biologique. C’est normal puisque la surface augmente tout comme la pression des maladies ou insectes qui sont de moins en moins détruits par l’agriculture conventionnelle. Quand on sait que le BT (Bacillus Thuringiensis) est largement utilisé en bio alors qu’il a été le déclencheur de la guerre contre les OGM, que l’huile de pétrole (oui vous lisez bien…) est permise alors qu’elle est retirée de l’agriculture conventionnelle depuis 15 ans, le soufre (cause des pluies acides) est un élément fondamental du bio, la deltaméthrine insecticide puissant etc…etc….
On est devenu complètement fou, il faut faire plaisir aux bobos des villes le ventre plein avant tout, les pesticides sont bons ou mauvais suivant que vous soyez piqués par un moustique ou non !

mardi 8 mai 2018

Mon discours à l'occasion de la cérémonie du 8 mai 1945



Nous célébrons ce jour par cette cérémonie patriotique dédiée à la dernière guerre en Europe de l’ouest, 73 ans de paix sur notre sol.
J’aurais pu comme souvent à cette occasion vous dire que nous célébrons la victoire de la France et de ses alliés sur l’occupant nazi, mais je préfère positiver et dire que depuis cette date symbolique du 8 mai, car vous le savez la reddition allemande a eu lieu en réalité le 7 mai, nous vivons en paix sur notre sol.
Nous vivons en paix car à ce jour officiellement aucun pays ne nous a déclaré la guerre et que l’Europe est devenue une unité politique, certes légère, mais au moins aucun pays en son sein ne pense à prévaloir sur son voisin, l’envahir ou discuter ses frontières.
Nous vivons dans une paix fragile. A notre porte et même plus loin la guerre fait rage, parfois ouvertement et parfois sans le dire.
C’est le cas de la frontière entre la Russie et l’Ukraine, la Syrie, l’Irak, le Kurdistan, le Yémen, le Soudan mais c’est aussi de manière induite et pernicieuse une guerre larvée sans frontière et partout à la fois.
Cette guerre faite de terrorisme qui attaque sans armée, sans plan de bataille, sans corps constitué officiellement, partout et nulle part à la fois.
73 années de paix mais pas forcément 73 ans en paix.
Cet armistice signé entre ennemis ayant des généraux à leur tête il y a 73 ans, ne pourra jamais être transposé à une fin du terrorisme car cette guerre est celle des faibles, des lâches des sans repères voués à un fanatisme devenu un choix parce qu’invisible.
Le terrorisme sera toujours l’arme des extrémistes, des antidémocrates, de ceux pour qui la république n’est qu’un arrangement entre hommes, de ceux qui pensent que le débat public n’est qu’une compromission.
Nous vivons sans doute la période de paix la plus longue de l’histoire de notre pays sur notre sol métropolitain.
Nous vivons en paix grâce à l’union des peuples, grâce à l’unité de ceux qui, sur tous les continents ont combattu l’extrémisme, parce que les exactions ne payent jamais et ne font qu’enrichir le terreau du ressentiment.
Alors j’ai envie de vous remercier tous.
Vous les musiciens qui mettez l’éclat et faites entendre la musique de la paix.
Vous les pompiers, les secouristes qui par votre action apportez la paix sur les corps et les âmes meurtris,
Vous les gendarmes et policiers qui faites régner l’ordre pour le maintien de la paix,
Vous les autorités militaires et religieuses garantes de notre paix physique et spirituelle,
Vous mes collègues du conseil municipal qui symbolisez que la paix passe par la démocratie, Vous les portes drapeaux, les anciens combattants qui témoignez que la paix gagne sur la guerre,
 Vous les écoliers et vos maîtres qui savez que la paix s’apprend
Et vous toutes et tous qui êtes ici ensemble pour témoigner de ce besoin de paix et de cette célébration de cet effort dans son maintien chaque jour.
Merci d’être là en ce 8 mai 2018 pour célébrer la paix, celle payée par le sang de ceux tombés en son nom, qui ne savaient sans doute pas en livrant bataille que ce serait pour si longtemps, leur effort jusque dans la mort vaut bien qu’on leur rende hommage en ce jour et qu’on prenne un peu de notre temps pour leur mémoire.
Vive la république, vive la France.