jeudi 11 novembre 2021

Mon discours à l'occasion de la cérémonie du 11 novembre

 Il y a 103 ans en arrière, à 5h15 du matin, le représentant du gouvernement allemand appose sa signature au bas d’un document qui marquera le cours de l’Histoire. Après 4 ans cauchemardesques, les canons se taisent enfin. A 11 heures, le son des cloches résonne dans toutes les villes et les campagnes de France, laissant exploser de joie la population. Après quatre années d’un conflit aussi ravageur que meurtrier, c’est un trait à l’encre noire qui vient mettre fin à cette guerre, l’Armistice est signé. 

Pouvez-vous seulement imaginer le sentiment des soldats mobilisés, qui se battent depuis quatre longues années repoussant les limites humaines, sur terre, sur mer et dans les airs. Pouvez-vous imaginer l’espoir des familles au son retentissant des cloches, qui portent avec elles toute l’allégresse d’un peuple enfin libéré de l’angoisse de la mort ?

Le 11 novembre marque la fin d’un calvaire où une jeunesse a été lancée « dans cette aventure navrante qu’on a appelé la guerre » comme le résumait Jean Renoir, réalisateur de la Grande Illusion. Le 11 novembre signe avant tout, la Victoire de la Paix. 

Nous sommes réunis aujourd’hui autour du Monument aux Morts, non pas pour comprendre le pourquoi d’une telle boucherie mais parce que le monument aux morts de chaque commune française est là pour nous rappeler de tous ceux qui ne sont jamais revenus. 

Derrière chaque nom inscrit, il y a une vie humaine détruite, souvent jeune, une famille brisée, une partie de la France qui a disparu. Il nous appartient d'entretenir le souvenir de toutes ces victimes et nous savons pertinemment que ne suffisent pas pour cela, les très longues listes de noms gravés dans le marbre.

Il nous appartient d'aller plus loin, en associant au souvenir des victimes, la connaissance des causes, et des conséquences de ce conflit. C'est un devoir pour notre mémoire collective et donc pour l'avenir de nos enfants que de se montrer dignes de leur souvenir. 

La révision de l’organisation des cérémonies que j’ai souhaité à partir d’aujourd’hui, pour l’ensemble des grandes commémorations va dans ce sens. Cette configuration respecte au plus près le protocole officiel afin d’une part, mettre à l’honneur les vivants, dont les médaillés militaires que je tiens à saluer, et d’autre part, rendre hommage à la mémoire des victimes, avec le respect qui leur est dû. 

Winston Churchill disait : « un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre », par ces mots il souligne tout le sens de notre présence ici, afin de se remémorer des événements marquants. C’est aussi et surtout, l'occasion de songer à notre futur, à la manière de l’envisager avec sérénité, dans la paix. 

Celle-ci ne se décrète pas, elle se construit. C’est donc le vœu que j’exprime devant vous, que nous puissions à tout jamais nous réunir, comme nous le faisons aujourd'hui, pour continuer à construire et célébrer cette vraie victoire qu’est la paix. 

Parce qu’elle ne dépend finalement que de nous, il convient d’enseigner aux jeunes générations que la paix régresse quand se renforce la haine de l’autre, qu’elle s’affaiblit d’une compétition absurde entre les peuples et, pire encore, qu’elle disparaît quand la soif de vivre ensemble et de construire un monde de fraternité et de progrès s’amenuise.

Rappelons ensemble, toujours, face à celles et ceux qui appuient leurs discours et leurs actes sur les relents de la haine de l’autre, de terreur et de la Guerre, que la France est notre berceau républicain. 

Vive la Paix, Vive la République, Vive la France !