Nous venons de franchir une nouvelle étape dans la
réorganisation syndicale de notre département. En fusionnant l’UDSEA03 à la
FNSEA03 nous mettons fin au processus de rationalisation syndicale que nous
avons engagé il y a trois ans en adhérant à la FNSEA.
Forts de notre dernière victoire lors des dernières
élections à la chambre d’agriculture
associés aux jeunes agriculteurs nous sommes maintenant en configuration
normale et complète pour faire adhérer davantage les agriculteurs de ce
département à notre mouvement. Je félicite Patrice Bonnin tête de la liste
FNSEA03-JA et tous les colistiers qui ont remporté la victoire nécessaire au
maintien de la gestion de l’organisme consulaire par des agriculteurs
dynamiques et attachés à la FNSEA et au JA.
Je remercie une nouvelle fois Jean-Marie Lesage, Michel
Bonnefille, Michel Labouesse, Christiane Ray, Jean-Paul Chalmet et tous ceux
qui ont été élus durant ces dernières dix huit années pour leur engagement sans
faille au service du syndicalisme et de la chambre d’agriculture.
Le paysage syndical est désormais clair et avec la
disparition que j’espère demain de la FDSEA des organismes représentatifs, l’ambigüité
historique est enfin levée et l’Allier n’est plus une particularité en France.
Il n’en reste pas moins des séquelles et le faible taux de syndicalisation est
pour une bonne part due à cette division syndicale depuis des décennies.
Le rapprochement des JA et de nous même était la condition
indispensable à la régénération du mouvement de syndicalisation. Heureusement
tant du côté des jeunes que de nous même ce rapprochement n’est pas juste
formel et au delà de la très bonne entente des hommes il y a aussi une même
vision de l’agriculture de demain. Je remercie Mickaël, Jérémy et leur équipe
de la confiance qu’ils mon accordé dans notre démarche commune qui n’était pas
facile pour eux, confrontés à des pressions fortes de la part des quelques
membres politisés ou en mal d’égo. Mais pour eux le plus dur n’est sans doute
pas fait, et il leur faut reconstruire un maillage départemental devenu très
faible. Si je prends le temps de m’attarder quelques secondes sur nos jeunes
collègues c’est juste que le renouveau syndical et notre positionnement
majoritaire passe par un syndicat JA fort et bien implanté sur tout notre
territoire. Et dans cette action il n’est pas de limite d’âge, notre démarche
doit être commune dans le message à porter auprès des jeunes agriculteurs. Nous
avons d’ailleurs commencé et quelques signes optimistes pointent sur des
parties de ce département.
Mais même associés, notre pouvoir de conviction n’en reste
pas moins à la porte des intentions et si aujourd’hui une entente cordiale
existe entre le pouvoir syndical et le pouvoir économique il n’empêche que
trente années de déchirement des hommes autour d’une vision agricole différente
ont laissé partir le pouvoir d’orientation agricole du syndicalisme à
l’économie. Notre vision de l’agriculture portée par notre courant de pensée a
été kidnappé par nos organisations agricoles économiques qui se sont fait sa
porte parole et sa mise en œuvre d’ailleurs pour le bien des agriculteurs. La
chambre d’agriculture aussi par défaut d’un syndicalisme fort, uni et même
unitaire a remplacé le syndicalisme dans son rôle d’orientation tel qu’il en
est dans tous les départements et qu’il a été dans la genèse de toutes les
politiques agricoles nationales ou européennes. Toutes les lois d’orientations
agricoles ont été initiées par des syndicalistes ou issus du syndicalisme.
Notre division pluri-décennale nous a ôté ce rôle et a
minimisé notre action au point même que les hommes les plus brillants ont
préféré ne pas passer par le syndicalisme dans leur accession aux
responsabilités et ont tous préféré en prendre dans les organisations
économiques.
Je ne fais ici le procès de personne, juste une constatation
historique qui a fait que l’orientation
de l’agriculture de notre département en phase complète avec la FNSEA a été
portée durant de très longues années par différents acteurs, différentes
organisations, différents hommes mais jamais par le syndicalisme FNSEA local lui
même.
Alors certes l’agriculture n’en a pas pâti ni même les
agriculteurs n’en ont pas souffert jusque là.
Mais cette parenthèse ne peut s’opérer qu’à court terme car
notre agriculture ne s’arrête pas ni aux portes du département ni en 2012. Et
une même vision ne peut réellement s’exercer que lorsqu’elle est partagée,
débattue et trouve une cohérence économique et territoriale.
Or aujourd’hui c’est ce qui manque à notre département.
Chaque organisation fonctionne, plutôt bien, exerce dans son pré carré sans
forcément tenir compte des autres organisations. C’est une perte d’énergie et
une dépense de temps considérable pour rien. Au point même que certains
agriculteurs administrent directement plusieurs organisations concurrentes
entre elles. La situation en est ubuesque.
Des agriculteurs peuvent adhérer à plusieurs organisations
coopératives concurrentes pervertissant les bénéfices de l’organisation
coopérative par l’action de la concurrence.
Je sais que certains avis dans ma propre organisation
préfère cette situation, pour espèrent ils un meilleurs rapport économique sur
leurs exploitations. C’est une idée à très court terme qui ne pourra aller qu’à
la disparition d’organisations coopératives locales, ne serait-ce que par le
regroupement régional ou national qui s’opère à l’insu des agriculteurs de
l’Allier.
Vous noterez au passage qu’à quelques rares exceptions les
alliances se font systématiquement avec des organisations hors département
plutôt qu’à l’intérieur.
Et la faiblesse de notre représentation syndicale joue un
rôle contre nous dans ces actions. Lors des regroupements d’organisations
coopératives ou mutualistes les agriculteurs de l’Allier sont très souvent
écartés des responsabilités. Citez moi une organisation économique de taille et
d’envergure régionale ou nationale présidée par un agriculteur de l’Allier.
L’échec à la présidence de la chambre régionale
d’agriculture en est l’exemple le plus récent et le plus flagrant.
Vous devez comprendre mes chers collègues que le
fonctionnement des organisations agricoles hors de notre département ne se fait
pas sans le syndicalisme et nous sommes encore une particularité dans ce schéma
là. Nous sommes le premier département
agricole de la région auvergne, nous sommes le deuxième département allaitant
français et quels sont les hommes de l’Allier qui exercent une responsabilité
majeure à ce niveau ou ce secteur ? Tous les responsables économiques
des autres départements se sont formés et ont tissé des relations au sein du
syndicalisme chez les JA et à la FNSEA, et c’est parce qu’ils sont passés par
le syndicalisme qu’ils exercent aujourd’hui des responsabilités économiques au
point que demain ce seront des responsables des autres départements qui par les
alliances viendront diriger et nous dicter notre conduite économique. C’est
déjà le cas avec Sodiaal, Socopa, Axéréal, Copagno et tant d’autres…
Je vais citer Michel Audiard « la situation est grave
mais pas désespérée ». Elle est grave car si nous ne réagissons pas très
vite nous ne serons demain que les bras travailleurs de l’agriculture de notre
département mais la matière grise sera ailleurs. Certes des hommes exerceront
encore des responsabilités dans nos petites organisations économiques départementales,
mais elles ne dépasseront que rarement nos frontières pour jouer un premier
rôle au-delà.
Il nous faut donc un
sursaut collectif, afin de redonner du poids au syndicalisme dans le
département.
Il faut faire disparaître de l’esprit de notre collègue
cette notion que ce n’est pas dans le syndicalisme que s’exerce le pouvoir. Il
faut que les agriculteurs viennent à cotiser pour que demain le département de
l’Allier retrouve un vrai poids au milieu des autres départements et ne
serait-ce que pour cotiser pleinement à la FNSEA. Il faut que les agriculteurs
viennent à cotiser pour que du syndicalisme émerge de nouvelles compétences par
des hommes ambitieux pour leur département. Il faut que les agriculteurs
viennent à cotiser pour que l’orientation de l’agriculture de notre département
se décide en un même lieu.
Il n’est absolument pas dans mon esprit de vouloir
monopoliser au sein du syndicat le pouvoir de décision, ni même de faire que
tout se décide au sein d’une seule et même instance. Je souhaite juste que le
syndicat soit le lieu de débats, de confrontation d’idées et d’orientation
globale de l’agriculture, chaque conseil d’administration restant ensuite
souverain.
Mais cessons les guerres de chapelles et les prétentions de
quelques uns ; lorsque nous ne serons plus que mille agriculteurs dans le
département et que les décisions importantes se prendront à Clermont Ferrand,
Bourges, Lyon ou Paris et que nous serons absent de celles-ci nous n’auront
plus que le rôle de mineurs producteurs de matière première.
Je demande donc à
tous les responsables professionnels d’avoir une vision à long terme sur leurs
organisations et d’avoir à l’esprit le poids de l’Allier dans leurs alliances
et de tout faire pour nous aider à une reconquête syndicale qui permette à
notre département de discuter à égalité au niveau régional et national.
Nous devons sans attendre entreprendre cette démarche de
conquête car lors du dernier congrès de la FNSEA à Troyes, tous les
congressistes ont voté pour un fonctionnement régional de la structure
syndicale et encore une fois notre faible poids dans celle-ci nous fait jouer
le rôle de remplaçant. Les services de l’Etat se régionalisent, les pouvoirs
économiques aussi, les instances de contrôles de même et c’est à au niveau des
représentants régionaux que se défendent les dossiers. Là encore nous devrions
être les leaders par le poids économique de notre département, mais nous sommes
très souvent absents sur les dossiers importants.
J’espère vous avoir fait partager mon point de vue qui va
bien au delà du simple congrès de notre organisation départementale.
Et puis notre avenir dépend pour beaucoup aussi de la future
PAC qui se décidera en juin prochain à Bruxelles. La FNSEA chaque jour
travaille en concertation avec les responsables politiques pour une PAC juste
et qui donne une véritable orientation à notre agriculture pour les 7 ou 14
années à venir. Nous avons travaillé lors des réunions organisées par la FNSEA
pour porter les particularités de notre département, notamment sur les zones défavorisées et la
convergence outre la particularité de notre département sur la zone de
monoculture de maïs du val d’Allier et de Loire.
Globalement sur les premières projections, notre département
ne devrait pas globalement perdre sur les aides allouées par la PAC. Mais ma
crainte se situe sur les productions mineures ou en marge des grandes
productions de notre département qui risquent de subir de grands changements.
Je ne vais pas passer trop de temps sur ce sujet qui pourrait nous occuper des
heures, mais je profite de la présence de Christiane Lambert pour insister sur
notre département qui fait partie des zones intermédiaires et qui aurait
beaucoup à perdre sur un zonage modifié en terme de zone défavorisé. Notre
éloignement des centres de consommation ou de commerce de nos matières
premières ne peut que se compenser par un zonage approprié aux circonstances locales.
Mais plus que jamais nous sommes conscients et attachés à la
fabrication de notre revenu par les prix. Nos démonstrations de forces à
l’encontre des grandes surfaces ne sont que des messages d’alerte sans
conséquence qui pourraient prendre plus de consistance si le blocage des prix
continuait à s’opérer au profit du maintien de leurs marges. Les propriétaires
des fortunes faites sur le dos des agriculteurs doivent savoir que la
transparence là aussi pourrait leur être imposée et qu’en matière de choc il pourrait être beaucoup plus physique que
moral. Quant au consommateur il
devra peut être demain choisir entre se nourrir ou téléphoner avec le dernier
mobile en vogue.
L’augmentation de la population sur terre devrait faire
réfléchir tous ceux qui ont asservi les agriculteurs depuis 50 ans, les
révolutions ne se font pas qu’au printemps et au Maghreb mais peuvent se faire
sans bruit en rendant dépendant ceux qui ont fait subir. Certains industriels
de la viande pleurent déjà la marchandise en concurrence avec l’exportation, il
arrivera un jour où tout l’aval de l’agriculture aura besoin que les
agriculteurs produisent plus et c’est à ce moment que nous prendrons notre
revanche et je parle bien de revanche ! On ne peut pas impunément
maintenir sous l’étouffoir ceux qui travaillent et produisent à vil prix sans
un jour payer les conséquences de cette tyrannie.
Je veux profiter de la présence des représentants de l’Etat
et des collectivités pour faire passer un message en matière de contraintes et
particulièrement celles environnementales.
Notre pays et plus globalement l’Europe subie une crise
économique sans précédent, l’agriculture et l’agroalimentaire sont un des deux
seuls secteurs profitables et générateurs de richesses. Si ces richesses sont
si indispensables à la vie économique des nos états il ne faudrait pas que
l’abus de contraintes viennent contrarier leur création. Pire nous souhaitons
de nos vœux qu’une libération de la production soit possible et que tout soit
mis en œuvre pour permettre de produire plus et mieux. Mais bien plus qu’un raisonnement macro
économique ce sont les agriculteurs qui ne supportent plus l’empilement de ces
contraintes au jour le jour. Qui plus est quand ces contraintes sont générées
par des acteurs locaux, des dirigeants d’associations ne représentants qu’eux
mêmes, ou des illuminés porteurs du droit de propriété visuelle s’arrogeant le
pouvoir de dicter à ceux qui vivent sur leurs terrains la façon de le faire. Et
c’est encore plus grave lorsque c’est repris et relayé par des collectivités en
mal d’image verte ou ayant besoin de consommer des crédits européens à cet
effet pour faire fonctionner des administrations pléthoriques.
Nous ne laisserons pas faire ce mouvement sournois et
lancinant et à l’image de la défense du territoire de Notre Dame des Landes
nous défendrons sur le terrain le droit de travailler sur nos exploitations
avec des moyens modernes et rémunérateurs pour les agriculteurs. Et si un des
notre devait être persécuté pour de telles causes c’est avec la même force et
la même détermination que nous irions le défendre. A tous les défenseurs de
trames, les protecteurs de petites bêtes, de petites fleurs ou de haies et tous
ceux qui exercent un pouvoir réglementaire en la matière ou sur tous les autres
sujets je les mets en garde que nous seront les défenseurs, les protecteurs
solidaires et unis d’une espèce en voie de disparition : l’humanum
cultivatore agriculturum locare in campanum, en français l’agriculteur.
Mes chers collègues je ne vais pas être plus long et je
voudrais que chacun puisse s’exprimer sur tous les sujets que nous avons abordé
cet après midi dans les différents rapports et bien sur laisser la parole à
Christiane Lambert.
Je voudrais juste en conclusion encore une fois vous
sensibiliser au fait que nous devons tout faire afin de constituer une force
syndicale en phase avec la FNSEA digne de ce nom, et capable de réellement
défendre les agriculteurs de ce département au niveau départemental mais
surtout au delà de ces simples frontières. Chaque jour nous avons en face de
nous des interlocuteurs qui ont besoin de porte paroles et qui à défaut
n’hésiterons pas à prendre des décisions pas toujours pour le bien des
agriculteurs. Sans doute vous même êtes vous convaincu, mais ce sont nos
collègues absents qui ont besoin d’être sensibilisés, et la force du réseau
FNSEA est de donner à chaque responsable local les moyens pour expliquer la
nécessité de se syndiquer. Alors il ne faut pas hésiter au gré de vos
rencontres à convaincre celui ou celle qui doute. Et aux présidents et
représentants des organisations professionnelles, vous devez penser que le
syndicalisme doit être une force à côté de vous pour vous accompagner dans vos
évolutions nécessaires, mais que cela passe par une réciprocité d’engagement.
Pour ma part dans les mois à venir j’entreprendrai des
actions de rapprochement avec d’autres mouvements syndicaux plus sectorisés
afin qu’y comprit dans les domaines très spécialisés ou sociaux dans l’Allier
comme ailleurs ce soit la FNSEA qui porte la bannière.
Ne nous dispersons pas, réunissons nos énergies, confrontons
nos idées, débattons et ayons une vision globale pour l’agriculture du
département.