Je vais vous parler de crise alimentaire.
La guerre en Ukraine précipite une situation qui de toute
façon serait arrivée très vite.
En effet la crise COVID en perturbant la vie économique
avait déjà commencé son œuvre de déstabilisation des marchés alimentaires.
Qu’est-ce qu’un marché alimentaire ? C’est toute la filière et l’ensemble des démarches pour arriver au produit final qui sert de nourriture à l’homme sur terre, considérant que l’homme est un omnivore. L’ensemble de la filière c’est l’agriculture c’est-à-dire, la semence, ses capacités de croissance, le machinisme qui remplace la force animale et humaine, la récolte, les stockages et transports qu’on appelle manutention, la transformation et le commerce tout au long de la chaine. C’est bien sûr tout cela encadré par l’intelligence humaine.
La crise COVID a donc perturbé toute cette chaine soit par défaut de moyens de production parce que les usines se sont arrêtées (engrais, machinisme..) parce que les coûts de production, manutention, transformation, ont bondi sous l’augmentation du coût de l’énergie, raréfiant tous les éléments de la chaine économique et en conséquence augmentant son prix de revient. La crise COVID a accrue aussi la volonté des pays dépendants d’autres pour leur alimentation, à réduire cette dépendance en augmentant les stocks par l’achat de denrées alimentaires plus que d’ordinaire, on a immédiatement vu l’effet sur l’augmentation du prix des matières premières. Bien sûr cela créé un déséquilibre mondial car seuls peuvent le faire ceux qui ont la trésorerie pour, la Chine, l’Asie et les pays pétroliers du Moyen-Orient.
La guerre récente en Ukraine multiplie encore ce facteur
de crise alimentaire car en quelques années et par de très gros investissements
la Russie et l’Ukraine sur leur partie sud sont devenus les premiers
exportateurs mondiaux de blé, de tournesol et en moindre quantité de maïs
représentant 30% du commerce mondial, se substituant à l’Europe qui a fait le
choix de la baisse de production. Sans doute Poutine a des velléités
stratégiques de rapport de force, mais bien plus encore de posséder l’arme
alimentaire par la production et le commerce avec le port Ukrainien d’Odessa un
des plus importants au monde pouvant charger de très gros bateaux (panamax) en
eaux profondes. L’Ukraine dans sa quasi-totalité et la Russie dans sa partie
frontalière sud-ouest disposent du potentiel de production le plus fort au
monde par la qualité de ses terres les tchernozioms.
A ce jour 6 millions de tonnes de blé en stock sont
bloqués en Ukraine et Russie dont la destination était l’Afrique du Nord
(Egypte, Algérie, Maroc...) qui disposent de quelques semaines de stocks pas
plus, mais surtout qui n’ont pas les moyens d’acheter du blé qui est passé de
200€/T à 400€/T en quelques mois. Le blé reste la base de l’alimentation
mondiale suivi du riz, la Chine est le premier producteur mondial de blé mais très
insuffisamment pour nourrir sa population.
La France produit chaque année environ 40 millions de tonnes dont la moitié pour son utilisation nationale et l’autre moitié à l’export, l’Europe et aussi l’Afrique du Nord. Fin février la France dispose d’environ 3 millions de tonnes de stock, donc très loin de pouvoir satisfaire le besoin d’Afrique du Nord mais c’est sans compter le besoin du reste du monde. Le prix de la tonne de blé reflète bien la pénurie mondiale, même avec les USA, l’Argentine, le Canada ou l’Australie les autres grands pays producteurs.
Une pénurie de blé sur l’Afrique du Nord et l’Asie du Sud-Est
aura pour conséquence de forts mouvements de révoltes des populations, en ce qui
concerne l’Afrique du Nord il faut s’attendre à de forts mouvements migratoires
vers l’Europe.
En outre la Russie est un des principaux pays producteurs d’engrais grâce à son gaz et donc ce marché est en pénurie complète, difficile d’acheter des engrais et leur prix en un an est passé pour le principal qu’est l’Urée de 180€/T à 700€/T. Pour bien comprendre un blé sans engrais peut produire naturellement en bonnes conditions 4T/ha, avec de l’engrais 8 à 10T/ha. Pour le blé cette année en France, il ne devrait pas y avoir de problème car les stocks sont là, mais quid de l’an prochain ou des cultures qui seront semées au printemps. La France là encore a fait le choix de fermer presque toutes ses usines d’engrais au profit de la Russie, l’Egypte et la Chine.
C’est sans compter avec le climat, imaginons des sécheresses comme en 2018, 2019 et 2020 c’est 40% de rendements en moins. La France sous la pression des écologistes combat le principe de stocker l’eau abondante en hiver pour s’en servir l’été donc impossible de pallier aux sécheresses. Jusque là on importait ce qui manquait, c’est-à-dire qu’on importait l’eau qui a servi à produire les cultures, surtout les fruits et légumes très gourmands en eau, mais dans ce marché mondial très perturbé une sécheresse pourrait faire craindre le pire.
En résumé à ce jour, aucune crainte sur notre
alimentation par-contre une très forte hausse des prix à attendre sur les produits
finis d’autant plus qu’ils seront transformés. Dans une baguette de pain à
contrario vu que le blé représente 2% du prix, il n’y a aucune raison d’une
augmentation, le doublement du prix du blé revient à augmenter de 0,02€ par
baguette.
A moyen terme, il faut se rappeler qu’on ne récolte en
agriculture une seule fois par an, le manque d’engrais risque d’entraîner des
répercussions sur les cultures qui vont être semées au printemps (maïs, tournesol,
pommes de terre, sorgho…) et l’hiver prochain si les difficultés d’approvisionnement
perdurent sur les céréales d’hiver pour l’Europe. Par-contre il faut s’attendre
à une chute de production des céréales sur l’Ukraine et la Russie, cette
campagne car il sera difficile de récolter et pour la récolte suivante car il
sera difficile de semer, je rappelle un déséquilibre à prévoir de 30% du
commerce mondial, une paille.
A long terme il faut augmenter en Europe notre
souveraineté alimentaire, cela passe par un changement de paradigme de la PAC
qui prévoit une baisse de la production, l’activation de nouvelles technologies
sur les plantes afin d’être capable de les faire pousser avec moins engrais et avec
une résistance à la sécheresse et aux maladies, la robotisation et la numérisation pour pallier
au manque de main d’œuvre et le stockage de l’eau pour contrer le changement
climatique.
Certaines thèses écologistes occidentales, portées par
des militants le ventre plein, prônent le malthusianisme, c’est-à-dire la
régulation naturelle de la population en fonction des crises, c’est sans moi,
ou alors qu’ils nous montrent l’exemple.
Conclusion : l’abondance de nourriture et sa variété
subventionnées très largement en Europe ont fait oublier trop vite que des épidémies
ou des guerres pouvaient faire craindre des crises alimentaires mondiales, il
convient en Europe de retrouver au plus vite sa souveraineté alimentaire par l’emplois
de techniques innovantes et de produire au maximum du potentiel pour nourrir en
partie les populations des pays sans agriculture du fait de leurs conditions
naturelles, en cas de défaut les guerres pourvoiront au déficit alimentaire à
celui qui sera le plus fort.
L’alimentation, l’eau, l’agriculture sont des vecteurs de
paix, il ne faudra jamais l’oublier.
5 commentaires:
à quel moment vous faites allusion (ou prenez en compte) aux gaspillages énormes de notre société, sans parler des habitudes alimentaires ni des productions énormes pour l'alimentation du bétail, c'est un comportement alimentaire qu'il faut changer, une réforme des circuits de distribution au dépend des producteurs.
Quelle surface de terres non cultivées par "manque de rentabilité", quel "gaspillage " des circuits de distribution ?
La course à toujours plus de consommation donc de production mène le monde à la catastrophe comme vous l'annoncez mais pour d'autres raisons !
La surconsommation n'est pas la solution, l'important et vital est dans la modification des comportements, tachez d'y contribuer
en écrivant cela. j espère sincèrement que vous cultivez vous même votre jardin et ainsi vous auto sufi. Juste pour donner l exemple.
C'est le moment de produire ces légumes et élevé quelques poules on mange les œufs et elles mangent les déchets. C'est le moment de changer son mode de vie.
N'oublions pas que l'humain est omnivore, donc il est naturel de manger des plantes et de la viande.
N'oublions pas que l'humain est "omnivore". Donc il est tout à fait naturel de manger des plantes et de la viande.
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