Le monde agricole vit une crise grave sans précédent qui
risque d’être longue car le pouvoir politique et européen n’a pas anticipé les
mesures à prendre pour la résorber.
Cette crise de l’agriculture européenne exacerbée en France
a trois origines.
La première est européenne avec l’embargo russe et d’une
manière générale les décisions politiques de ne pas commercer avec tel ou tel
pays pour des raisons qui n’ont rien à voir avec les problématiques de commerce
agricole. C’est d’autant plus grave lorsque ce phénomène se trouve sur un même
continent, donc avec des frais d’approche réduits, et avec des pays qui ont les
moyens de payer. Que des embargos soient décidés politiquement fait partie des
décisions laissées possibles par la démocratie, mais il est inconcevable que
seul un secteur économique en supporte les conséquences alors qu’elle devrait
être portée par la nation toute entière.
La seconde qui pourrait soulager la première est une
Politique Agricole Européenne qui a été construite autour de la modernisation
des agricultures des pays entrant récemment dans l’Europe au dépend du
maintient voire de la progression des revenus de ceux qui en vivent. Ainsi la
PAC actuelle est une politique essentiellement structurelle soutenant la
modernisation, avec au passage un brin
de dogme vert, mais ne disposant d’aucun outil de soutien au revenu.
Je me souviens lors de séminaires sur la PAC organisés
par la FNSEA et en présence de décideurs de l’Europe, les charges oratoires de
Xavier Beulin suppliant de maintenir des outils de régulation de marché. On
voit aujourd’hui dans la crise agricole actuelle que ces outils seraient bien
utiles.
Et enfin la troisième origine vient d’une pléthore de
normes en tout genre à tous les niveaux des filières écrasant les marges par
des coûts prohibitifs de mises aux normes, impactant fortement surtout les
échelons de la production et de la transformation en en faisant supporter le
coût au consommateur. Ainsi le peu de marges économiques disparaissent dans les
applications de ces normes et lorsqu’il n’y a plus de marges rendent les
revenus négatifs. Qui plus est ces normes pour la plupart sont
franco-françaises et n’apportent strictement rien en matière de sécurité
alimentaire. L’angle de courbure de la banane, le diamètre du steak haché ou la
largeur de la bande enherbée apportent ils une sécurité supplémentaire au
consommateur ?
Le changement climatique viendra accentuer les crises à
venir et si nos décideurs politiques n’y prennent pas garde, nous mangerons
très rapidement du poulet lavé à l’eau de javel venant du Kenya , du taurillon
aux hormones des feed lot des USA ou des légumes dessaisonnés sous serres du
Maroc.
La société semble soutenir ses agriculteurs, il devient
urgent avec son aide de contraindre dès le bilan à mi- parcourt de la PAC les
décideurs européens de réorienter la PAC sur la régulation des marchés
notamment par un système assurantiel et de laisser la liberté aux producteurs d’adapter
leurs exploitations au marché.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire