dimanche 7 février 2016

Trois raisons de la crise agricole, une solution


Le monde agricole vit une crise grave sans précédent qui risque d’être longue car le pouvoir politique et européen n’a pas anticipé les mesures à prendre pour la résorber.

Cette crise de l’agriculture européenne exacerbée en France a trois origines.
La première est européenne avec l’embargo russe et d’une manière générale les décisions politiques de ne pas commercer avec tel ou tel pays pour des raisons qui n’ont rien à voir avec les problématiques de commerce agricole. C’est d’autant plus grave lorsque ce phénomène se trouve sur un même continent, donc avec des frais d’approche réduits, et avec des pays qui ont les moyens de payer. Que des embargos soient décidés politiquement fait partie des décisions laissées possibles par la démocratie, mais il est inconcevable que seul un secteur économique en supporte les conséquences alors qu’elle devrait être portée par la nation toute entière.
La seconde qui pourrait soulager la première est une Politique Agricole Européenne qui a été construite autour de la modernisation des agricultures des pays entrant récemment dans l’Europe au dépend du maintient voire de la progression des revenus de ceux qui en vivent. Ainsi la PAC actuelle est une politique essentiellement structurelle soutenant la modernisation,  avec au passage un brin de dogme vert, mais ne disposant d’aucun outil de soutien au revenu.
Je me souviens lors de séminaires sur la PAC organisés par la FNSEA et en présence de décideurs de l’Europe, les charges oratoires de Xavier Beulin suppliant de maintenir des outils de régulation de marché. On voit aujourd’hui dans la crise agricole actuelle que ces outils seraient bien utiles.
Et enfin la troisième origine vient d’une pléthore de normes en tout genre à tous les niveaux des filières écrasant les marges par des coûts prohibitifs de mises aux normes, impactant fortement surtout les échelons de la production et de la transformation en en faisant supporter le coût au consommateur. Ainsi le peu de marges économiques disparaissent dans les applications de ces normes et lorsqu’il n’y a plus de marges rendent les revenus négatifs. Qui plus est ces normes pour la plupart sont franco-françaises et n’apportent strictement rien en matière de sécurité alimentaire. L’angle de courbure de la banane, le diamètre du steak haché ou la largeur de la bande enherbée apportent ils une sécurité supplémentaire au consommateur ?
Le changement climatique viendra accentuer les crises à venir et si nos décideurs politiques n’y prennent pas garde, nous mangerons très rapidement du poulet lavé à l’eau de javel venant du Kenya , du taurillon aux hormones des feed lot des USA ou des légumes dessaisonnés sous serres du Maroc.
La société semble soutenir ses agriculteurs, il devient urgent avec son aide de contraindre dès le bilan à mi- parcourt de la PAC les décideurs européens de réorienter la PAC sur la régulation des marchés notamment par un système assurantiel et de laisser la liberté aux producteurs d’adapter leurs exploitations au marché.

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