Le conseil d’administration de Limagrain proposera le 30
juin en assemblée générale extraordinaire de se séparer de l’activité « élevage »
de la coopérative moyennant la création d’une Société Anonyme conjointe avec
Sanders. Ainsi donc tous les adhérents n’étant liés que par l’activité élevage à
Limagrain perdront le statut d’adhérent pour prendre celui de client de la
nouvelle SA.
Ce doit être un des cas rare en France qu’une coopérative
se sépare volontairement d’une partie de ses adhérents, sans doute les plus
nombreux, et par là même de la couverture économique des deux tiers du
département du Puy de Dôme.
Mais cette situation était inévitable après la fusion
avec Domagri il y a 5 ans au premier juillet 2009.
En effet les arguments repris par le conseil d’administration
et son président sont exactement les mêmes que ceux que j’avançais alors que j’étais,
avec près d'un tiers des adhérents de Limagrain de l’époque, contre la fusion
telle qu’elle nous était présentée. Voir mes articles sur ce blog au printemps
2009.
A tel point que le Président lui-même lors de la dernière
assemblée de section de jeudi dernier reconnaissait ouvertement que la position
défendue par ces agriculteurs était sans doute la bonne et que l’histoire leur
donnait raison.
Hormis le plaisir d’entendre cela, c’est aussi un enseignement
à tirer sur le fait que des adhérents peuvent ne pas avoir les mêmes solutions
pour régler des problèmes identiques et que toutes les voix et idées sont
bonnes à entendre. Il ne sert à rien en cas de désaccord avec le conseil d’administration
que ce dernier marginalise les adhérents ayant une position différente, voire même fasse une « chasse à la sorcière » en évinçant des
responsabilités ces mêmes agriculteurs. N’oublions pas qu’un adhérent a été
écarté de la candidature au conseil d’administration, pourtant sollicité par ce
dernier, pour la raison de ne pas être en accord avec la position du conseil d’administration
et qu’un administrateur a été « révoqué » pour la même raison.
Mais revenons au fond du problème et la constatation que
la coopérative n’a pas sur régler le problème d’intégration et adhésion active
à une nouvelle coopérative généraliste départementale.
Il faut aussi être honnête et reconnaître que les
adhérents des zones d’élevage ne sont pas impliqués dans cette nouvelle
coopérative et n’ont jamais usé de leur droit de parole lors des assemblées de
sections qui rassemblaient que très peu d’agriculteurs.
Je pense que lors de la fusion la création d’une SICA
avec la possibilité de statuts très souples permettait de solutionner quasiment
tous les problèmes, de mélanger statuts privés et coopératifs et de laisser les
adhérents coopérer à la hauteur de leur volonté dans ces zones atypiques par
leur rattachement à une coopérative semencière à la base.
Je pense que c’était
possible c’était la solution défendue par un groupe d’agriculteur, mais je
pense que c’est toujours possible !
La solution de tout remettre au statut privé est une
renonciation du pouvoir coopératif et un manque d’imagination des dirigeants de
la coopérative.
Outre le fait que l’ancien président de Domagri est
président régional de la fédération des coopératives et membre du bureau de
Limagrain, je ne sais pas comment va-t-il accepter cette décision le 30 juin
prochain tout en cautionnant une campagne de promotion réussie en faveur du
statut coopératif.
Ceci m’amène à douter de la compétence de certains
membres du conseil d’administration, du choix fait dans le recrutement de ces
mêmes administrateurs et de préférer le privilège de durer dans la fonction
plutôt que d’émettre un avis différent qui fait souvent la richesse de la
construction de grandes œuvres surtout lorsqu’elles allient, comme c’est le cas
dans la coopération, l’humain à l’économie. On sait très bien que le système de
désignation et d’élection par des sections est une protection infinie pour
celui dont le but est de durer.
Une sage et bonne solution à mon avis à résoudre bien des
problèmes dans la gouvernance d’une coopérative de la taille de Limagrain
serait une durée limitée des mandats que j’estime à douze années. Cela aurait l’avantage
d’éviter la sclérose et l’usure du pouvoir, l’évitement de se constituer une
carrière, l’abnégation de sa conscience pour durer dans un mandat dont la fin
est définitivement connue, la mise à profit de compétences variées, la
possibilité de faire partie du conseil à tout âge et surtout l’expression d’une
démocratie vivante. De plus la limitation de la durée du mandat permettrait d’associer
continuité de l’esprit des fondateurs et apport d’idées nouvelles.
Cette fusion et cette scission on le voit auraient pu par
l’imagination d’idées différentes trouver d’autres solutions par le système
coopératif en conciliant tous les avis dans un but constructif.
Sachons tous en tirer l’enseignement que tant qu’une
solution privilégiant la coopération n’a pas été trouvée dans le cadre de la
coopérative nous remettions l’ouvrage sur le métier.
Une SICA aurait peu être était la bonne solution, Oui ...
RépondreSupprimerMaintenant les délégués de section se prononceront le 30 juin et s'ils pensent que déjà la fusion avec Domagri n'était pas forcément la bonne solution, ils ne donneront peut être pas une nouvelle fois raison au conseil d'administration de Limagrain !?
Il est toujours difficile d'avoir raison trop tôt....
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