vendredi 13 juin 2014

Limagrain, après la fusion la scission

Le conseil d’administration de Limagrain proposera le 30 juin en assemblée générale extraordinaire de se séparer de l’activité « élevage » de la coopérative moyennant la création d’une Société Anonyme conjointe avec Sanders. Ainsi donc tous les adhérents n’étant liés que par l’activité élevage à Limagrain perdront le statut d’adhérent pour prendre celui de client de la nouvelle SA.
Ce doit être un des cas rare en France qu’une coopérative se sépare volontairement d’une partie de ses adhérents, sans doute les plus nombreux, et par là même de la couverture économique des deux tiers du département du Puy de Dôme.
Mais cette situation était inévitable après la fusion avec Domagri il y a 5 ans au premier juillet 2009.
En effet les arguments repris par le conseil d’administration et son président sont exactement les mêmes que ceux que j’avançais alors que j’étais, avec près d'un tiers des adhérents de Limagrain de l’époque, contre la fusion telle qu’elle nous était présentée. Voir mes articles sur ce blog au printemps 2009.
A tel point que le Président lui-même lors de la dernière assemblée de section de jeudi dernier reconnaissait ouvertement que la position défendue par ces agriculteurs était sans doute la bonne et que l’histoire leur donnait raison.
Hormis le plaisir d’entendre cela, c’est aussi un enseignement à tirer sur le fait que des adhérents peuvent ne pas avoir les mêmes solutions pour régler des problèmes identiques et que toutes les voix et idées sont bonnes à entendre. Il ne sert à rien en cas de désaccord avec le conseil d’administration que ce dernier marginalise les adhérents ayant une position différente, voire même fasse une « chasse à la sorcière » en évinçant des responsabilités ces mêmes agriculteurs. N’oublions pas qu’un adhérent a été écarté de la candidature au conseil d’administration, pourtant sollicité par ce dernier, pour la raison de ne pas être en accord avec la position du conseil d’administration et qu’un administrateur a été « révoqué » pour la même raison.
Mais revenons au fond du problème et la constatation que la coopérative n’a pas sur régler le problème d’intégration et adhésion active à une nouvelle coopérative généraliste départementale.
Il faut aussi être honnête et reconnaître que les adhérents des zones d’élevage ne sont pas impliqués dans cette nouvelle coopérative et n’ont jamais usé de leur droit de parole lors des assemblées de sections qui rassemblaient que très peu d’agriculteurs.
Je pense que lors de la fusion la création d’une SICA avec la possibilité de statuts très souples permettait de solutionner quasiment tous les problèmes, de mélanger statuts privés et coopératifs et de laisser les adhérents coopérer à la hauteur de leur volonté dans ces zones atypiques par leur rattachement à une coopérative semencière à la base.
Je pense que c’était possible c’était la solution défendue par un groupe d’agriculteur, mais je pense que c’est toujours possible !
La solution de tout remettre au statut privé est une renonciation du pouvoir coopératif et un manque d’imagination des dirigeants de la coopérative.
Outre le fait que l’ancien président de Domagri est président régional de la fédération des coopératives et membre du bureau de Limagrain, je ne sais pas comment va-t-il accepter cette décision le 30 juin prochain tout en cautionnant une campagne de promotion réussie en faveur du statut coopératif.
Ceci m’amène à douter de la compétence de certains membres du conseil d’administration, du choix fait dans le recrutement de ces mêmes administrateurs et de préférer le privilège de durer dans la fonction plutôt que d’émettre un avis différent qui fait souvent la richesse de la construction de grandes œuvres surtout lorsqu’elles allient, comme c’est le cas dans la coopération, l’humain à l’économie. On sait très bien que le système de désignation et d’élection par des sections est une protection infinie pour celui dont le but est de durer.
Une sage et bonne solution à mon avis à résoudre bien des problèmes dans la gouvernance d’une coopérative de la taille de Limagrain serait une durée limitée des mandats que j’estime à douze années. Cela aurait l’avantage d’éviter la sclérose et l’usure du pouvoir, l’évitement de se constituer une carrière, l’abnégation de sa conscience pour durer dans un mandat dont la fin est définitivement connue, la mise à profit de compétences variées, la possibilité de faire partie du conseil à tout âge et surtout l’expression d’une démocratie vivante. De plus la limitation de la durée du mandat permettrait d’associer continuité de l’esprit des fondateurs et apport d’idées nouvelles.
Cette fusion et cette scission on le voit auraient pu par l’imagination d’idées différentes trouver d’autres solutions par le système coopératif en conciliant tous les avis dans un but constructif.

Sachons tous en tirer l’enseignement que tant qu’une solution privilégiant la coopération n’a pas été trouvée dans le cadre de la coopérative nous remettions l’ouvrage sur le métier. 

2 commentaires:

  1. Une SICA aurait peu être était la bonne solution, Oui ...
    Maintenant les délégués de section se prononceront le 30 juin et s'ils pensent que déjà la fusion avec Domagri n'était pas forcément la bonne solution, ils ne donneront peut être pas une nouvelle fois raison au conseil d'administration de Limagrain !?

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  2. Il est toujours difficile d'avoir raison trop tôt....

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