Le biométhane prend ses quartiers en Auvergne
C’est à Saint-Pourçain-sur-Sioule que le premier méthaniseur auvergnat en injection de gaz
verra le jour en octobre. Les déchets agricoles seront valorisés en biométhane, capable defournir du gaz à la collectivité. Il s’agit du quatrième projet de ce type en France et seulement le second valorisant des matières issues de l’agriculture pour cette filière d’avenir qui mêle intérêts économiques et écologiques.
La méthanisation, on en parle. Mais agit-on vraiment ? Alors que Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, promet 1000 unités de méthanisation sur le territoire d’ici 2020 (il en existe aujourd’hui 90), l’Auvergne sera bientôt pourvu de son tout premier méthaniseur.
Une nouvelle filière lancée en 2008 par GRDF Installé au sein du Gaec de la Sioule, les frères Ferrand décident, en 2010, de se lancer dans un projet de méthanisation pour la production de biogaz. À ce moment, il n’est pas évident de trouver des références claires puisque Gaz réseau distribution France (GRDF) ne s’est lancé dans cette nouvelle filière que depuis 2008. Qu’à cela ne tienne, une étude de faisabilité est réalisée en octobre 2010. « Nous ne savions pas vraiment ce qu’allait révéler cette étude. Finalement le résultat a été positif et nous avons pu envisager très sérieusement le projet », résume le pionnier auvergnat de la filière. Le temps de finaliser le projet, consulter les entreprises sur le déroulé de la méthanisation et sur la purification et de déposer les dossiers de permis de construire, les travaux ont pu débuté en mars dernier (*).Le deuxième projet agricole en France de biométhane Le projet Sioule-Biogaz (Emmanuel et Xavier Ferrand ont créé la SARL Sioule-Biogaz en février 2012) n’est que le deuxième projet agricole de biométhane par injection derrière un projet de bioénergie de la Brie en Seine-et-Marne, et lequatrième en générale France. « Pour le moment, nous avons des retours d’expériences plutôt favorables, mais tout cela reste encore très jeune », se risque Philippe Brunel, responsable développement à GRDF et expert biométhane. Car, à l’inverse de l’électricité, lorsque le gaz est rejeté dans le réseau, « il doit être quasi immédiatement consommé ». Mais de l’avis des pontes de GRDF, le biométhane ne représente pas un coup d’épée dans l’eau pour l’environnement : « En plein débat sur la transition énergétique, cette initiative peut donner des idées. Nous n’en sommes qu’aux débuts, mais il y a des perspectives, c’est certain. Pourquoi pas viser les 30 % de production de gaz sous cette forme d’ici 2050 ? », soutient Nathalie Ferard, directrice territoriale Auvergne GRDF. Au niveau national, près de 280 projets d’injection, portés par les collectivités, des industriels ou des agriculteurs sont actuellement à l’étude, dont une vingtaine en Auvergne et dix pour le seul département de l’Allier. À l’échelle nationale, le développement du biométhane va contribuer à l’atteinte des objectifs de 23 % d’énergie renouvelable dans la consommation d’énergie finale et 10 % dans les transports en 2020. « Le méthaniseur fonctionne comme une panse de vache » Alors le biométhane, c’est l’énergie de demain ? Seul l’avenir nous le dira. Dans tous les cas, son processus de fabrication est vieux comme le monde. « Le méthaniseur fonctionne comme une panse de vache, condense Emmanuel Ferrand, en connaisseur. En son corps, les matières vivent et se transforment avant d’être éjectées sous forme de biométhane ». Fumier, déchets de céréales, déchets verts massèrent durant deux mois à 37 ° sans apport d’oxygène pour ressortir sous forme de biométhane qui pourra ensuite être valorisé.Encore un peu de patience avant de pouvoir observer les premières injections prévues à l’automne. Une fois en route, le débit horaire de biométhane injecté dans le réseau de distribution devrait avoisiner les 60 (n)m3/h soit l’équivalent de 100 kilowatt par heure. Droits de reproduction et de diffusion réservés © Copyright - L'Allier Agricole. Usage strictement personnel. L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la licence de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.
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