jeudi 28 mai 2009

Limagrain Domagri, fusion?




Depuis Novembre 2008 Pierre Pagesse Président de Limagrain s’est mit dans la tête de fusionner les deux coopératives agricoles du Puy de Dôme dont l’activité principale tourne autour des productions végétales, à savoir Limagrain et Domagri. Le départ de cette idée vient d’une mésentente entre les deux coopératives l’été dernier sur la possibilité donnée aux adhérents de Limagrain de pouvoir produire du blé « normal », créneau jusque là réservé aux adhérents de Domagri. Partant du constat que pour les productions végétales les adhérents des deux coopératives sont quasiment les mêmes, Pierre Pagesse pense qu’il vaut mieux fusionner les deux coopératives afin d’éviter ce genre d’incompréhension sur le terrain. Si ce rapprochement n’a pu se faire jusqu’alors, c’est en raison de l’histoire politico-syndicale agricole du département du Puy de Dôme bien trop longue à explorer ici.
Bonne idée au moment où à l’échelle Européenne toutes les coopératives agricoles se rassemblent afin d’obtenir une taille critique ? Pas si sur.
En effet le rapprochement de ces deux coopératives ressemble au mariage de la carpe et du lapin.
Limagrain et Domagri ne font pas du tout le même métier, mais se complètent.
Domagri est une coopérative classique agricole, multi-productions, proposant à ses adhérents tous les services de l’amont à l’aval de l’agriculture, à savoir fourniture en approvisionnement et collecte et stockage des récoltes jusqu’à leur commercialisation. De plus Domagri a parmi ses adhérents une proportion forte d’éleveurs dont l’objet est la production animale par essence, et cela aura son importance, nous le verrons plus loin.
Limagrain quant à elle est une coopérative dont l’objet principal est l’obtention et la production de semence qui sur les bases du capital de ses adhérents a su se hisser au 4e rang mondial des semenciers.
Les responsables de Limagrain pour justifier ce rapprochement arguent d’un périmètre économique équivalent sur le même territoire.
Oui, sauf que globalement les deux coopératives n’ont rien à voir
On le voit déjà par la taille les deux coopératives sont aux antipodes. Domagri c’est 240 employés, Limagrain c’est 6000 personnes, et respectivement le chiffre d’affaire est de 88 millions d’€ et 1120 millions d’€.
Par contre le nombre des adhérents est tout à l’inverse, 3800 pour Domagri et 600 pour Limagrain !
Dans une coopérative le pouvoir décisionnel très démocratique a pour principe 1 homme 1 voix quel que soit le rapport économique entre l’adhérent et sa coopérative. On le voit bien il y grand risque à ce que demain les adhérents de Domagri plus nombreux prennent le pouvoir sur un fleuron de l’agriculture Française sans débourser un centime. Certes le mode d’élection par sections peut rééquilibrer le pouvoir de décision, mais il n’empêche qu’il y a grand risque à ce que demain, si la fusion se fait, les adhérents de Limagrain perdent le pouvoir de leur coopérative. De plus la justification d’un grand nombre d’adhérents qui serait nécessaire face à une hypothétique tentative d’achat de Limagrain par ses concurrents ne tient pas une seule seconde, voir même pourrait produire l’inverse. En effet quelle belle tentation pour des adhérents non producteurs de semence devenus majoritaires de faire une belle plus-value par la vente d’un outils rentable et productif afin d’aider des secteurs économiques locaux moins rentables et chroniquement en crise.
Une coopérative a besoin de 4 adhérents pour se constituer et 600 adhérents tous très motivés représentent une taille critique inaliénable. De même, je sais des membres du bureau de Domagri que jamais aucune autre structure agricole n’a tenté un quelconque rapprochement avec cette même coopérative, écartant là aussi l’épouvantail de l’entrée en limagne d’un tiers non désirable.
Etre adhérent dans l’une ou l’autre coopérative n’a strictement rien à voir, Limagrain étant très rentable et apportant à ses adhérents du travail à haute rémunération mais avec une nécessité technique de très haut niveau et une contractualisation obligatoire avec respect des cahiers des charges, Domagri étant fournisseur et collecteur de produits agricoles communs sans grande valeur ajoutée, mais nécessaire aux exploitations agricoles et sans obligation de contractualisation.
Limagrain base son activité sur la production de semence et la transformation de ses céréales jusqu’au produit fini, Domagri distribue des semences, des engrais, de l’aliment du bétail et collecte les céréales pour ensuite les revendre sur le marché.
Le niveau de capital social nécessaire à l’hectare pour produire à Limagrain est 25 fois supérieur à celui nécessaire à Domagri. Le rapport financier est bien sur dans les mêmes proportions…
Je reste persuadé que ce rapprochement est inutile est dénué de sens. Car quel avantage supplémentaire un adhérent de Limagrain demain aura t’il à cette fusion ? A mon avis aucun !
Les quelques arguments sur la mise en commun de magasins Gammvert pour la distribution de semence au grand public sont d’une faiblesse incroyable. Quel impact peut avoir 6 magasins en vente de semence au grand public sur 400 millions d’€ de chiffre d’affaire de ce même secteur à Limagrain ? Quel avantage à fournir pour 20% de sa capacité une usine d’aliment du bétail représentant au total quelques centaines de tonnes ? Quel avantage en image de marque à vendre demain des produits phytosanitaires dont les marques seraient Monsanto ou Syngenta ?
On ne peut pour des raisons syndicales ou politiques fusionner deux entités que tout oppose. Au contraire même Domagri et les coopératives de l’Allier (UCAL) avaient depuis quelques années commencé des rapprochements et des participations croisées sur des territoires complémentaires et des métiers similaires. C’est dans cette direction qu’il faut aller, afin de constituer une grand projet régional de la coopération agricole. Pierre Pagesse est un grand Président, qui a su hisser Limagrain à un niveau international tout en préservant du travail et de la rémunération pour ses adhérents de Limagne. Il n’a jamais commis d’erreur stratégique à ce jour, et avec les administrateurs et les cadres de Limagrain a construit un exemple dans la coopération agricole. Il serait dommage de trébucher sur un détail de l’agriculture de Limagne, qui pourrait mettre en exergue l’importance du pouvoir démocratique d’une coopérative.

mercredi 27 mai 2009

Week-end sensation!







Merci pour ce beau cadeau d'anniversaire!

mardi 26 mai 2009

On pourra pas dire que je vous ai pas prévenu!


Je pense qu'à la veille des élections Européennes laquelle risque de confirmer un abandon d'une Politique Agricole Commune et donc une politique européenne de l'alimentation, des choses graves se passent ailleurs dans le monde, et qu'il serait bien que nos dirigeants européens fassent attention à la portée de leurs décisions. Ou demain notre alimentation viendra d'ailleurs, peut être à meilleur marché, mais sans garantie sanitaire, ni garantie de prix bas constant au gré des conflits internationaux et des catastrophes naturelles.

Voyez cet article du Monde:


26 mai 2009
" VIVE LA MALBOUFFE ! "
Les paysans africains écartés des transactions sur les terres arables
Un rapport sur huit pays du continent noir dénonce l'opacité des investissements d'origine étrangère


Au Mali, les terres irrigables sont convoitées par des fonds étrangers. P. HARRISSON/STILL PICTURES/BIOSPHOTO
Les investisseurs internationaux jettent leur dévolu sur les terres agricoles - surtout les meilleures. Elles constituent pourtant le moyen de subsistance des populations locales, qui risquent d'en perdre l'accès. Mais les gouvernements font peu de cas de ces dernières.
Ce phénomène vient, pour la première fois, d'être analysé en détail dans huit pays africains par des experts de l'Institut international de l'environnement et du développement (IIED), en collaboration avec deux institutions de l'ONU, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et l'Agence pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Intitulé " Accaparement des terres ou opportunité de développement ? ", leur rapport, publié lundi 25 mai et dont Le Monde a eu connaissance, appelle à la consultation des populations rurales menacées et à une meilleure prise en compte de leurs intérêts dans les transactions. Il souligne un manque de transparence dans les processus de décision et les circuits d'investissement. De quoi alimenter les craintes de corruption.
Le rapport confirme l'accroissement des transactions à grande échelle. En cinq ans, en Ethiopie, au Ghana, au Mali, à Madagascar et au Soudan, ce sont 2,5 millions d'hectares sur lesquels les investisseurs se sont rués. Comme souvent en Afrique, ces terres sont propriété des Etats, et les paysans ne détiennent qu'un droit d'usage.
Les droits sur les terres offerts aux investisseurs sont très bas, car la priorité est donnée aux contreparties en termes d'emplois ou d'infrastructures. Mais les contrats examinés sont presque tous " courts et simples, comparé à la réalité économique de la transaction ", note le rapport. Les engagements des investisseurs y restent vagues et la question de la répartition des récoltes entre exportation et consommation locale pas vraiment évoquée.
Surtout, les populations concernées sont tenues à l'écart des négociations et les données sur la superficie ou la nature des contrats ne sont pas publiques. Si les transactions commerciales privées peuvent demander une certaine confidentialité, " le manque de transparence paraît problématique " quand il s'agit de discussions entre gouvernements.
" ABSENCE DE DIALOGUE "
" Cette absence de dialogue est un problème. Dans toutes nos actions, nous nous attachons à ce qu'il y ait un consentement libre et informé des populations quand il est question de ressources naturelles ", explique Jean-Philippe Audinet, directeur de la division des politiques au FIDA, qui regrette de voir des gouvernements préférer " le business au développement ".
Faut-il pour autant condamner ces acquisitions - ou plutôt ces concessions qui peuvent aller jusqu'à 99 ans, car il s'agit rarement de ventes ? IIED, FIDA et FAO ne sont pas si catégoriques. " Le phénomène existe et il est massif. Il faut faire en sorte que ses effets soient positifs et ses dégâts minimes ", estime Paul Mathieu, expert à la FAO. " Tout dépend des termes de la négociation et de l'implication des acteurs, qui ne doivent pas inclure que les investisseurs et les Etats ", estime l'un des auteurs, Lorenzo Cotula (IIED).
Si l'accaparement de terres peut choquer, surtout dans des zones importatrices de denrées, les trois institutions veulent aussi y voir l'occasion, pour ces pays, de rendre leur agriculture plus productive. Les rapporteurs ne mettent pas moins les investisseurs, et tout autant les Etats, devant leurs responsabilités. " Les efforts pour attirer les investissements de grande échelle ne doivent pas détourner l'attention sur les besoins d'améliorer la sécurité des populations locales ", jugent ainsi les auteurs.
Ils invitent les investisseurs à communiquer sur leurs véritables intentions dès le début des transactions. Concernant les pays hôtes, ils leur recommandent de clarifier leur politique en matière d'accueil d'investissements, de mettre l'accent sur le partage des bénéfices, de réorienter les transactions vers la qualité, et non plus vers la quantité. Ils demandent la publication de toute décision et le respect des droits fonciers locaux.
Car, pour les auteurs, le phénomène va s'accentuer, entraînant des transformations économiques et sociales en Afrique et ailleurs. Ce qui se joue là aura donc de fortes implications pour l'avenir de l'agriculture mondiale, où " l'agribusiness " pourrait encore plus dominer.
Sur le Web
Laetitia Clavreul

lundi 25 mai 2009

Grêle du jour de l'ascension







Voilà une année de travail anéantie en quelques minutes!
Dans l'ordre, du maïs, des betteraves, et du blé.....pour ceux qui n'auraient pas pu reconnaitre.

vendredi 15 mai 2009

Que d'eau!


Hier après midi fut une belle journée pour les amis de l’eau…
Certes c’est sans doute un peu ironique. Quoiqu’il en soit j’ai passé mon après midi d’hier à parcourir la commune, en campagne et en ville afin de constater les dégâts occasionnés par près de 140 mm en 24h et de 40 à 60 mm en 20 minutes hier à 14h.
Les pompiers et les services techniques assurent encore un travail conséquent pour aider les personnes en difficulté et réparer sommairement à l’approche du week-end les dégâts.
Une telle quantité d’eau est impossible d’être absorbée ni par les infrastructures créées par l’homme ni par la nature elle même. Ainsi de toute part des débordements de fossés, des torrents de boue, des ravinements de chaussées en campagne, et la saturation complète des réseaux d’eau pluviale en ville.
Il eut fallu pour absorber de tels débits d’eau que les réseaux soit 5 à 10 fois plus gros, ce qui est matériellement impossible.
En outre ces inondations mettent en exergue les points délicats par nature ou par malfaçon. Ainsi par exemple nombre de riverains devant faire leur affaire des eaux pluviales par infiltration sur leur terrain, se sont raccordés « sauvagement » au tout à l’égout générant ainsi des eaux parasites dans les réseaux qui ne devraient pas exister, augmentant le problème. Autre exemple, des particuliers ayant des maisons mal-construites par des maçons un peu indélicats n’ayant pas pris les bonnes cotes ou s’apercevant une fois la maison construite que le réseau public était de niveau au dessus des réseaux de la maison, voient en cas d’orage l’eau pluviale de toute une rue refouler chez eux, créant une inondation.
Chaque année la municipalité essaye avec le moyen de ses finances, de réduire les « points noirs » afin de réparer ce qui est du domaine de la commune. Mais la municipalité ne peut rien contre de tels orages et contre l’incivisme de ceux qui raccordent le pluvial au tout à l’égout lorsque c’est interdit.
Dans la dernière révision du PLU j’ai fais modifier des articles afin que dans les zones résidentielles pavillonnaires les constructions de maisons prennent en charge sur leur terrain les eaux pluviales. De même dans les zones industrielles l’obligation d’évacuer les eaux pluviales par bassin d’infiltration. C’est sans doute unique en France, mais c’est lors d’événements comme celui-ci qu’on se rend compte de l’utilité de telles mesures. Ainsi à terme seul le centre ville ne devrait plus, par obligation, être le seul quartier à évacuer les eaux pluviales par les réseaux collectifs.Mais néanmoins je reste conscient que la municipalité doit continuer à entretenir ses réseaux tant en campagne qu’en ville, par une affectation chaque année de crédits importants.

samedi 9 mai 2009

Elections Européennes (1)


Les élections européennes, comme par le passé, n’auront encore une fois pas mobilisé le débat médiatique nécessaire.
Alors que beaucoup des ténors politiques disent ouvertement penser à 2012 et l’élection présidentielle, même certains ne vivent médiatiquement que par cette élection, les grands partis politiques n’ont réussi que tardivement à constituer des listes en vue de cette élection. Pour ce qui est du programme affiché, il n’a strictement rien à voir avec les élections européennes. C’est principalement autour de Nicolas Sarkozy que se focalise le débat, avec ceux qui sont pour et ceux qui sont contre lui. Mieux encore il y a tous les partis qui sont contre lui et seule l’UMP est pour lui, c’est un peu seul contre tous.
Comme si toutes les élections depuis la sienne en 2007, n’avaient qu’un seul but entériner ou détruire sa politique nationale.
Quel débat d’idées allons nous avoir sur la future politique européenne ? Dans le mois restant jusqu’à l’élection est il possible d’avoir un vrai débat sur des visions européennes qui pourraient être différentes ? Et d’ailleurs les programmes ne devraient ils pas transcender les frontières nationales ? C’est tellement vrai qu’à l’issue de cette élection, les différents partis nationaux se regrouperont au sein de partis européens.
Seul les listes regroupant les Verts, les anticapitalistes, les altermondialistes, une certaine gauche radicale, et tous ceux qui ne se retrouvent nulle part déclament une vision européenne. Malheureusement se retrouvent dans ces listes tous ceux qui ne peuvent exister seuls et qui parfois indépendamment ont des idées très contradictoires et pour certains anti-européennes.
Les idées apportées par ces listes ont de plus une vision européenne irréaliste de par nature et encore plus avec la crise économique présente.
Mais que dit le Parti Socialiste dont François Mitterrand a construit l’accord de Maastricht avec la monnaie européenne entre autre ? Que dit l’UMP dont Nicolas Sarkozy a réussi à unifier une Europe politique avec l’accord de Lisbonne ? Ces deux partis devraient tenir en hauteur le débat et s’affronter sur les thèmes européens !
Les autres partis outre les verts et l’extrême droite très minoritaires, n’ont qu’une existence nationale sans aucun poids dans le débat européen. Le Parti Communiste n’existe plus qu’en France, les souverainistes et extrémistes sont par définition anti-européens, il ne reste que le Modem issu des cendres de l’UDF, grand parti européen ayant eut dans ses rangs les plus grands partisans et constructeurs de l’Europe, qui aujourd’hui n’est que l’outil d’un chef visant le pouvoir suprême français. Valery Giscard d’Estaing, fondateur de l’UDF, Simone Veil membre de l’UDF et qui fut Présidente du parlement Européen, et tant d’autres se sont aujourd’hui ralliés à l’UMP rendant un Modem héritier naturel des idées européennes sans voix et sans idées de la construction de la future Europe. Le Modem n’existe que par et pour son chef, ralliant à lui tous les opposants du centre droit à Nicolas Sarkozy, tous ceux qui n’ont pu avoir une place en vue dans l’UMP, focalisant un débat sur la présidentielle de 2012.
Qui plus est à l’issue de l’élection le Modem et l’UMP se retrouveront dans le seul parti de droite démocratique européen, le Parti Populaire Européen, dont les idées très libérales sont en pleine contradiction avec le discours de François Bayrou flirtant avec le Parti Socialiste français avec le lequel il se verrait bien faire alliance en 2012, contre ….Nicolas Sarkozy !
On le voit bien, cette cuisine des partis politiques, occulte complètement le débat des idées, alors que le récent traité de Lisbonne donne plus de pouvoir au Parlement Européen.
Les listes constituées en France par tous les partis, ne sont que l’agrégation de femmes et d’hommes politiques à qui on offre des strapontins pour services rendus ou pour consoler de déceptions électorales passées ou à venir.
Seuls le Parti Socialiste et l’UMP sont capables de vraies visions européennes, encore faudrait il que ses dirigeants en aient la volonté, et la pugnacité de les clamer haut et fort et de débattre dans le peu de temps qui nous sépare du 7 juin prochain.