Depuis Novembre 2008 Pierre Pagesse Président de Limagrain s’est mit dans la tête de fusionner les deux coopératives agricoles du Puy de Dôme dont l’activité principale tourne autour des productions végétales, à savoir Limagrain et Domagri. Le départ de cette idée vient d’une mésentente entre les deux coopératives l’été dernier sur la possibilité donnée aux adhérents de Limagrain de pouvoir produire du blé « normal », créneau jusque là réservé aux adhérents de Domagri. Partant du constat que pour les productions végétales les adhérents des deux coopératives sont quasiment les mêmes, Pierre Pagesse pense qu’il vaut mieux fusionner les deux coopératives afin d’éviter ce genre d’incompréhension sur le terrain. Si ce rapprochement n’a pu se faire jusqu’alors, c’est en raison de l’histoire politico-syndicale agricole du département du Puy de Dôme bien trop longue à explorer ici.
Bonne idée au moment où à l’échelle Européenne toutes les coopératives agricoles se rassemblent afin d’obtenir une taille critique ? Pas si sur.
En effet le rapprochement de ces deux coopératives ressemble au mariage de la carpe et du lapin.
Limagrain et Domagri ne font pas du tout le même métier, mais se complètent.
Domagri est une coopérative classique agricole, multi-productions, proposant à ses adhérents tous les services de l’amont à l’aval de l’agriculture, à savoir fourniture en approvisionnement et collecte et stockage des récoltes jusqu’à leur commercialisation. De plus Domagri a parmi ses adhérents une proportion forte d’éleveurs dont l’objet est la production animale par essence, et cela aura son importance, nous le verrons plus loin.
Limagrain quant à elle est une coopérative dont l’objet principal est l’obtention et la production de semence qui sur les bases du capital de ses adhérents a su se hisser au 4e rang mondial des semenciers.
Les responsables de Limagrain pour justifier ce rapprochement arguent d’un périmètre économique équivalent sur le même territoire.
Oui, sauf que globalement les deux coopératives n’ont rien à voir
On le voit déjà par la taille les deux coopératives sont aux antipodes. Domagri c’est 240 employés, Limagrain c’est 6000 personnes, et respectivement le chiffre d’affaire est de 88 millions d’€ et 1120 millions d’€.
Par contre le nombre des adhérents est tout à l’inverse, 3800 pour Domagri et 600 pour Limagrain !
Dans une coopérative le pouvoir décisionnel très démocratique a pour principe 1 homme 1 voix quel que soit le rapport économique entre l’adhérent et sa coopérative. On le voit bien il y grand risque à ce que demain les adhérents de Domagri plus nombreux prennent le pouvoir sur un fleuron de l’agriculture Française sans débourser un centime. Certes le mode d’élection par sections peut rééquilibrer le pouvoir de décision, mais il n’empêche qu’il y a grand risque à ce que demain, si la fusion se fait, les adhérents de Limagrain perdent le pouvoir de leur coopérative. De plus la justification d’un grand nombre d’adhérents qui serait nécessaire face à une hypothétique tentative d’achat de Limagrain par ses concurrents ne tient pas une seule seconde, voir même pourrait produire l’inverse. En effet quelle belle tentation pour des adhérents non producteurs de semence devenus majoritaires de faire une belle plus-value par la vente d’un outils rentable et productif afin d’aider des secteurs économiques locaux moins rentables et chroniquement en crise.
Une coopérative a besoin de 4 adhérents pour se constituer et 600 adhérents tous très motivés représentent une taille critique inaliénable. De même, je sais des membres du bureau de Domagri que jamais aucune autre structure agricole n’a tenté un quelconque rapprochement avec cette même coopérative, écartant là aussi l’épouvantail de l’entrée en limagne d’un tiers non désirable.
Etre adhérent dans l’une ou l’autre coopérative n’a strictement rien à voir, Limagrain étant très rentable et apportant à ses adhérents du travail à haute rémunération mais avec une nécessité technique de très haut niveau et une contractualisation obligatoire avec respect des cahiers des charges, Domagri étant fournisseur et collecteur de produits agricoles communs sans grande valeur ajoutée, mais nécessaire aux exploitations agricoles et sans obligation de contractualisation.
Limagrain base son activité sur la production de semence et la transformation de ses céréales jusqu’au produit fini, Domagri distribue des semences, des engrais, de l’aliment du bétail et collecte les céréales pour ensuite les revendre sur le marché.
Le niveau de capital social nécessaire à l’hectare pour produire à Limagrain est 25 fois supérieur à celui nécessaire à Domagri. Le rapport financier est bien sur dans les mêmes proportions…
Je reste persuadé que ce rapprochement est inutile est dénué de sens. Car quel avantage supplémentaire un adhérent de Limagrain demain aura t’il à cette fusion ? A mon avis aucun !
Les quelques arguments sur la mise en commun de magasins Gammvert pour la distribution de semence au grand public sont d’une faiblesse incroyable. Quel impact peut avoir 6 magasins en vente de semence au grand public sur 400 millions d’€ de chiffre d’affaire de ce même secteur à Limagrain ? Quel avantage à fournir pour 20% de sa capacité une usine d’aliment du bétail représentant au total quelques centaines de tonnes ? Quel avantage en image de marque à vendre demain des produits phytosanitaires dont les marques seraient Monsanto ou Syngenta ?
On ne peut pour des raisons syndicales ou politiques fusionner deux entités que tout oppose. Au contraire même Domagri et les coopératives de l’Allier (UCAL) avaient depuis quelques années commencé des rapprochements et des participations croisées sur des territoires complémentaires et des métiers similaires. C’est dans cette direction qu’il faut aller, afin de constituer une grand projet régional de la coopération agricole. Pierre Pagesse est un grand Président, qui a su hisser Limagrain à un niveau international tout en préservant du travail et de la rémunération pour ses adhérents de Limagne. Il n’a jamais commis d’erreur stratégique à ce jour, et avec les administrateurs et les cadres de Limagrain a construit un exemple dans la coopération agricole. Il serait dommage de trébucher sur un détail de l’agriculture de Limagne, qui pourrait mettre en exergue l’importance du pouvoir démocratique d’une coopérative.
Bonne idée au moment où à l’échelle Européenne toutes les coopératives agricoles se rassemblent afin d’obtenir une taille critique ? Pas si sur.
En effet le rapprochement de ces deux coopératives ressemble au mariage de la carpe et du lapin.
Limagrain et Domagri ne font pas du tout le même métier, mais se complètent.
Domagri est une coopérative classique agricole, multi-productions, proposant à ses adhérents tous les services de l’amont à l’aval de l’agriculture, à savoir fourniture en approvisionnement et collecte et stockage des récoltes jusqu’à leur commercialisation. De plus Domagri a parmi ses adhérents une proportion forte d’éleveurs dont l’objet est la production animale par essence, et cela aura son importance, nous le verrons plus loin.
Limagrain quant à elle est une coopérative dont l’objet principal est l’obtention et la production de semence qui sur les bases du capital de ses adhérents a su se hisser au 4e rang mondial des semenciers.
Les responsables de Limagrain pour justifier ce rapprochement arguent d’un périmètre économique équivalent sur le même territoire.
Oui, sauf que globalement les deux coopératives n’ont rien à voir
On le voit déjà par la taille les deux coopératives sont aux antipodes. Domagri c’est 240 employés, Limagrain c’est 6000 personnes, et respectivement le chiffre d’affaire est de 88 millions d’€ et 1120 millions d’€.
Par contre le nombre des adhérents est tout à l’inverse, 3800 pour Domagri et 600 pour Limagrain !
Dans une coopérative le pouvoir décisionnel très démocratique a pour principe 1 homme 1 voix quel que soit le rapport économique entre l’adhérent et sa coopérative. On le voit bien il y grand risque à ce que demain les adhérents de Domagri plus nombreux prennent le pouvoir sur un fleuron de l’agriculture Française sans débourser un centime. Certes le mode d’élection par sections peut rééquilibrer le pouvoir de décision, mais il n’empêche qu’il y a grand risque à ce que demain, si la fusion se fait, les adhérents de Limagrain perdent le pouvoir de leur coopérative. De plus la justification d’un grand nombre d’adhérents qui serait nécessaire face à une hypothétique tentative d’achat de Limagrain par ses concurrents ne tient pas une seule seconde, voir même pourrait produire l’inverse. En effet quelle belle tentation pour des adhérents non producteurs de semence devenus majoritaires de faire une belle plus-value par la vente d’un outils rentable et productif afin d’aider des secteurs économiques locaux moins rentables et chroniquement en crise.
Une coopérative a besoin de 4 adhérents pour se constituer et 600 adhérents tous très motivés représentent une taille critique inaliénable. De même, je sais des membres du bureau de Domagri que jamais aucune autre structure agricole n’a tenté un quelconque rapprochement avec cette même coopérative, écartant là aussi l’épouvantail de l’entrée en limagne d’un tiers non désirable.
Etre adhérent dans l’une ou l’autre coopérative n’a strictement rien à voir, Limagrain étant très rentable et apportant à ses adhérents du travail à haute rémunération mais avec une nécessité technique de très haut niveau et une contractualisation obligatoire avec respect des cahiers des charges, Domagri étant fournisseur et collecteur de produits agricoles communs sans grande valeur ajoutée, mais nécessaire aux exploitations agricoles et sans obligation de contractualisation.
Limagrain base son activité sur la production de semence et la transformation de ses céréales jusqu’au produit fini, Domagri distribue des semences, des engrais, de l’aliment du bétail et collecte les céréales pour ensuite les revendre sur le marché.
Le niveau de capital social nécessaire à l’hectare pour produire à Limagrain est 25 fois supérieur à celui nécessaire à Domagri. Le rapport financier est bien sur dans les mêmes proportions…
Je reste persuadé que ce rapprochement est inutile est dénué de sens. Car quel avantage supplémentaire un adhérent de Limagrain demain aura t’il à cette fusion ? A mon avis aucun !
Les quelques arguments sur la mise en commun de magasins Gammvert pour la distribution de semence au grand public sont d’une faiblesse incroyable. Quel impact peut avoir 6 magasins en vente de semence au grand public sur 400 millions d’€ de chiffre d’affaire de ce même secteur à Limagrain ? Quel avantage à fournir pour 20% de sa capacité une usine d’aliment du bétail représentant au total quelques centaines de tonnes ? Quel avantage en image de marque à vendre demain des produits phytosanitaires dont les marques seraient Monsanto ou Syngenta ?
On ne peut pour des raisons syndicales ou politiques fusionner deux entités que tout oppose. Au contraire même Domagri et les coopératives de l’Allier (UCAL) avaient depuis quelques années commencé des rapprochements et des participations croisées sur des territoires complémentaires et des métiers similaires. C’est dans cette direction qu’il faut aller, afin de constituer une grand projet régional de la coopération agricole. Pierre Pagesse est un grand Président, qui a su hisser Limagrain à un niveau international tout en préservant du travail et de la rémunération pour ses adhérents de Limagne. Il n’a jamais commis d’erreur stratégique à ce jour, et avec les administrateurs et les cadres de Limagrain a construit un exemple dans la coopération agricole. Il serait dommage de trébucher sur un détail de l’agriculture de Limagne, qui pourrait mettre en exergue l’importance du pouvoir démocratique d’une coopérative.