Inévitablement nous courrons vers une catastrophe
démocratique avec l’arrivée des extrêmes au pouvoir. Ce sera sans doute
l’extrême droite quoique l’extrême gauche n’est pas en reste et eux deux
captent désormais plus de 60% des intentions de vote, la majorité n’est donc pas
loin.
A quoi doit on cette poussée qui est la traduction du
rejet par les électeurs, d’une grande part des dirigeants politiques en France
mais aussi en Europe et d’une manière générale en occident.
Voilà ma petite opinion après plus de 30 ans de vie
politique d’élu local, au contact de tous les niveaux politiques du plus
simple, la commune, au plus élevé l’Europe.
Je participe mais à un niveau modeste et surtout observe
la classe politique que je côtoie.
La situation de délabrement tant moral qu’économique de
nos pays vient de deux facteurs essentiels.
Le premier est que la démocratie pour fonctionner a
besoin de majorité, mais à contrario le plus souvent ce sont les minorités qui
font loi. Elles le font soit en étant
bruyante et donnant l’impression d’être majoritaire, c’est le cas le plus
souvent des manifestations syndicales ou des partis minoritaires mais qui
s’organisent de façon semblable au combat syndical. Le bruit attirant systématiquement
les caisses de résonnance comme la presse ou les réseaux sociaux, le pouvoir
politique tremble face à ce que sont en réalité le plus souvent quelques
personnes exubérantes et entrainées.
Soit en se rendant indispensable pour constituer une
majorité. C’est ainsi qu’un parti de quelques pourcents viendra constituer une
majorité aux côtés d’un parti très important à qui il manque quelques voix. On
assiste alors au faiseur de roi, le parti minoritaire monnaye ses quelques
pourcents à raison de 1000 fois leur valeur pouvant même aller jusqu’à faire
changer de politique les tendances les plus majoritaires. Comme exemple,
les partis écologistes ne vivant que par l’expression de la peur de totems à
défendre, ont fait changer bien des majorités afin d’obtenir l’abandon de
l’énergie nucléaire.
Je n’ose parler des compromissions religieuses pour
plaire à un électorat communautaire.
Le second plus grave n’est possible que par la couardise
des hommes politiques qui acceptent ces compromissions. Et pourquoi acceptent-ils
ces compromissions ? Parce que désormais la majorité des hommes politiques
dans des collectivités importantes et à plus forte raison au niveau national sont
tous des hommes politiques professionnels.
La plupart sortent des mêmes grandes écoles, si bien
qu’il devient difficile de les distinguer de leurs homologues qui eux
choisissent la fonction publique ou le journalisme et tous deviennent élus
après être passés par les cabinets des exécutifs des collectivités ou de
l’Etat. Arrivés en place ils cooptent à leur tour des membres de cabinets qui
deviendront des élus, le cercle ne s’arrête jamais jusqu’à la limite de la
consanguinité.
Mais combien ont réellement travaillé ? combien ont
été chef d’entreprise, artisan, agriculteur, employé, combien savent ce que
c’est que de déposer un bilan, de remplir les milliers de page de dossiers
administratifs, d’organiser des équipes, des chantiers, quels sont ceux qui
comme patron auront baissé leur salaire pour sauver leur entreprise et ses
salariés ? Parce que non-content d’occuper des places électives ils embauchent
encore plus de fonctionnaires pour assoir leur pouvoir qui fabriquent encore plus
de normes et contraintes administratives. La France a le plus de
fonctionnaires par habitant, a la plus grosse dette publique avec des services
publiques qui fonctionnent de plus en plus mal, alors pour résoudre le
problème ils embauchent encore plus de fonctionnaires et augmentent les impôts
ou taxes pour les payer. Et quand cela ne suffit pas ils créent des
collectivités sans en supprimer bien entendu. C’est ainsi qu’en 2002 une couche
supplémentaire a été rajoutée avec les communautés de communes ou
d’agglomérations, embauchant des milliers de fonctionnaires pour faire….ce qui
se faisait déjà !
60.000
fonctionnaires ont été embauchés en 2023 !
On assiste alors depuis 40 ans à une lâcheté politique
qui ne refuse jamais rien, qui laisse filer en asseyant son pouvoir sur des
collectivités toujours plus pléthoriques.
Le plus flagrant reste le monde de la santé, pour lequel
une filière administrative a été créée de toute pièce et sa progression en
effectifs a augmenté de 15% en 10 ans !
Tandis que les soignants sont restés stables ! Qui a
pu concéder de telles erreurs, quelles décisions politiques ont pu amener à un
tel gaspillage d’argent, d’énergie et de temps. On voit malheureusement le
résultat par le délabrement de notre système de santé qui a été un des plus
performant au monde.
Le pouvoir politique professionnel est un immense clan
qui d’ailleurs fait bien sentir à celui qui n’en vient pas que sa légitimité
des urnes ne vaut pas la sienne, car celui qui pour vivre ou par passion
garde son métier n’est considéré que comme un homme politique amateur et son
avis compte souvent qu’à moitié. Il doit se battre le double des élus
professionnels qui eux peuvent user de réseaux entre eux constitués dans les
fameuses écoles.
La répartition des responsabilités ne se fait pas en
fonction des compétences, ni de l’expérience, encore moins du travail et des
résultats obtenus, mais en fonction du rang dans le professionnalisme
politique. Les fauteuils pour les professionnels, les strapontins pour les
amateurs.
En outre la plupart, forts d’un statut de fonctionnaire,
ont un privilège incommensurable de pouvoir retourner dans leur corps d’attache
en cas de défaite électorale !
Au Parlement fini les artisans, les agriculteurs, les
médecins, il n’y a plus que des députés qui exercent par observation ou par
procuration de la vie des autres.
Le Parlement comporte 4,5% d’employés alors que la
population française en compte 26,2%, 1,4% d’ouvriers alors que la population
française en compte 19,1%, mais par contre 70% de cadres supérieurs alors que
la population française n’en compte que 21,6%. Tous les partis lors des
élections se targuent de représenter les couches populaires et travailleuses en
envoyant au Parlement 70% de professionnels de la politique, qui ne savent pas
ce que c’est que de peiner à finir les fins de mois, ou n’ayant jamais investi
leur propre argent dans une entreprise.
Leur problème n’est donc pas de résoudre les problèmes
des Français mais surtout de se faire réélire et c’est valable dans tous les
partis.
La principale occupation des cabinets politiques sont les
arrangements politiques. C’est la forme plus que le fond qui les intéresse, les
ententes, les alliances, les mariages et les divorces et quel qu’en soit le
prix quitte à tuer ses propres amis politiques pour garder sa place ou prendre
la leur.
Une réunion pour organiser la prochaine élection sera
toujours plus importante à leurs yeux qu’une réunion sur un dossier de fond à
laquelle sera envoyé en collaborateur.
D’ailleurs ces hommes politiques « professionnels »
sont compétents dans tous les domaines. Un jour dans le domaine de la santé, le
lendemain dans l’agriculture, le jour d’après dans les transports, ce qui
compte c’est d’occuper un poste.
J’ai connu Louis Mermaz ministre de l’agriculture qui
avait été tour à tour ministre des relations avec le parlement, puis de
l’agriculture, puis des transports, puis de l’équipement et ne rêvez pas, aujourd’hui
cela existe toujours avec les hommes politiques contemporains et pas qu’au
niveau national.
La passion de défendre une cause de la vie contemporaine
n’est pas leur motivation, j’en ai même connu qui se moquaient avec dédain en
privé du secteur qu’ils étaient censés représenter ou défendre…
Les décisions courageuses, souvent radicales et toujours
impopulaires ne sont pas leur priorité. Repousser,
faire prendre la décision par un collègue ou transférer à une agence composée
de fonctionnaires reste la meilleure façon d’exercer leurs responsabilités.
Evidemment lorsque les élections approchent les cabinets
tournent à plein régime, les éléments de langage fusent, les beaux discours que
les électeurs veulent entendre se déclament quitte à être en contradiction les
uns à la suite des autres, l’empathie règne, les convictions se forgent au gré
des rencontres qui ne durent que jusqu’au premier tour des élections, quitte à
les renier pour accéder au second tour.
C’est comme cela qu’au pouvoir, exercent des
professionnels de la politique qui emmènent le pays dans l’abîme du déficit
budgétaire et de l’endettement et les collectivités dans les hausses d’impôts
bien aidés par leurs cabinets composés de jeunes futurs élus sans expérience
qui les guident.
Ils n’endossent jamais aucune responsabilité dans les
mauvaises décisions politiques en trouvant toujours un facteur ayant gêné leur
action ou en changeant les règles pour se disculper.
La Macronie est la carricature de ce système, lui-même,
Attal, Philippe, Borne, Lemaire n’ont jamais eu d’autres emplois que la
politique et ce sont bien eux qui ont explosé la dette du pays.
Certes il y a bien ici ou là quelques contres exemples,
surtout chez les femmes d’ailleurs, qui ont adopté des lignes de conduite
stables et exercent leur mandat par conviction, ceux-là généralement ont des
résultats probants et peu cumulent tous les défauts, mais ce qui serait
inconcevable pour un artisan de ne pas équilibrer des comptes par exemple, est
tout à fait acceptable pour un professionnel de la politique qui changera les
règles pour mieux perdurer.
Il manque à la politique les gens de la vraie vie, ceux
qui ont exercé un métier et qui peuvent le reprendre en cas de défaite.
Il manque le réalisme, le calme et la patience de la
province à l’inverse de Paris et ses banlieues dans l’agitation permanente. Napoléon
était Corse, Charles de Gaulle de Lille et ils ont marqué la France.
Beregovoy, Sarkozy ne faisaient pas partie de cette caste
et ont dû arracher avec les dents les responsabilités qu’ils ont exercé, contre
vents et marrées avec le dédain de leurs homologues. L’un l’a payé de sa vie,
conspué par la presse si attachée « au système » l’autre le paye
encore par l’acharnement judiciaire des juges majoritairement à gauche qui lui
font payer de les avoir comparés à des petits pois.
Il faudra aussi s’interroger sur les pouvoirs des juges
jusque dans les instances suprêmes de la République qui vont jusqu’à mettre en
cause et détourner les lois votées par les députés.
Il manque l’humilité dans l’exercice du pouvoir, le
besoin d’écouter les conseils des gens d’expérience, la nécessité de la remise
en cause permanente des décisions prises.
La démocratie possède ses cycles et nous arrivons à la
fin d’un qui aura consacré la politique comme un métier Et quand on voit en
plus le partisanisme des écoles comme Science-Po ou certaines universités,
comment ne pas imaginer demain le chaos transporté dans les fonctions exercées.
Pourquoi la très grande majorité des collectivités de
tailles moyennes sont bien gérées ? Simplement parce qu’elles ne le sont
pas par des professionnels de la politique, mais par des agriculteurs, des
chefs d’entreprise, des artisans, des commerçants, des médecins, des gens qui
par ailleurs exercent un métier.
Je rappelle au passage que dans le code des
collectivités locales, exercer une fonction élective doit se faire de manière
bénévole et que les indemnités sont là pour compenser une perte de salaire
d’activité.
Ce cycle comme tous finira par l’arrivée des extrêmes au
pouvoir, pas grâce à eux, mais par la faute d’années de reniement et de
compromission par tous ceux qui ont gouverné loin de la réalité, jusqu’à la
chute prévisible. Ils ne résoudront d’ailleurs rien mais auront permis d’être
le défouloir démocratique le temps d’un instant.
Bien sûr qu’il y a des solutions !
Elles passent par l’impossibilité pour les élèves sortant
des grandes écoles d’exercer un mandat durant un minimum de 15 ans et avant
d’avoir exercé un métier, une profession dans la fonction publique. Appliquer aux
élèves qui ont bénéficié d’une haute formation payée par l’Etat le système imposé
aux militaires me semble normal.
Et si jamais pendant cette période de 15 ans un de ces
élèves voulait absolument exercer un mandat il devrait démissionner de la
fonction publique et de tous ses avantages.
Il est nécessaire de pouvoir cumuler en même temps
plusieurs mandats mais avec des limites dans le temps. Deux à trois mandats de
suite me semblent nettement suffisants pour imprimer une politique. Cela permet
en outre de prendre des décisions parfois difficiles sans le souci de la
réélection.
Il est indispensable aussi de revoir les lois sur les
conflits d’intérêts qui paralysent la bonne gestion et les négociations utiles
à celle-ci.
Cela passe aussi par un renforcement de la cour des
comptes avec des sanctions d’inégibilité et pécuniaires personnelles très
fortes pour ceux qui en profiteraient à titre personnel.
Enfin il faut surtout la politique par l’expérience.
L’expérience de la réussite professionnelle…
Bien plus qu’un changement de politique de droite de
gauche ou de nulle part c’est un changement par le retour de la démocratie par
la représentation directe du peuple, celui qui produit, celui qui créé la
richesse…
Le chaos est à notre porte, favorisée par l’intelligence
et l’instruction et je finirai par cette citation de Montesquieu sans doute
trop souvent proclamée mais qui plus que jamais est d’actualité au sens du
paysan et son pays : « J'aime les paysans, ils ne sont pas assez
savants pour raisonner de travers. »
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