dimanche 31 juillet 2022

La sécheresse, l'eau et l'écologie.

 


Je vais vous parler sécheresse, eau et écologie.

Je risque d’être un peu long car difficile de traiter un si vaste sujet à la manière d’un tweet.

A la différence des écolos-bobos qui nous prodiguent leurs préceptes depuis le cœur des villes, bien bétonnées et imperméabilisées avec l’expérience des littératures toutes plus anxiogènes les unes que les autres, je pratique l’eau depuis 30 ans dans mon métier et 25 ans dans mes fonctions électives. A titre professionnel dans l’agriculture je suis irrigant et à titre électif, je m’occupe d’assainissement, d’eau potable depuis 25 ans et depuis plus de 10 ans de la gestion des bassins au travers de diverses instances telles le Comité de Bassin, les Schémas d’aménagement et de Gestion des Eaux de l’Allier et de la Sioule et diverses instances parallèles. Loin de vouloir faire étalage des fonctions que j’occupe, mais de mettre en parallèle la pratique et la théorie.

La sécheresse que nous subissons, une de plus, est la conséquence du dérèglement climatique constaté, mais pas anormal dans le long cycle de la terre qui depuis des millions d’années alterne réchauffement et refroidissement pour diverses raisons et celui actuel aggravé par l’activité humaine. Cela dit au passage nos écologistes toujours plus contradictoires ou soumis à des intérêts financiers portés par des puissances exportatrices de matières fossiles, parfois Russe, n’hésitent pas à favoriser l’électricité dans nos activités tout en combattant la production par le nucléaire ou l'hydraulique qui sont les modes de production les moins polluants.

Ainsi donc la sécheresse que nous vivons fait suite à plusieurs et devancent toutes celles à venir pour des dizaines d’années, une étude allant jusqu’en 2050 prévoit un dérèglement de la pluviométrie encore plus important. Je parle bien de dérèglement de la pluviométrie car ce que nous vivons cette année fait suite à une année pluvieuse excédentaire l’an dernier et un excès d’eau violent en juin dernier. Il a plu sur quelques jours entre 140 et 200mm ce qui représente entre 1400 et 2000m3 à l’hectare ou 140 à 200l/m². Une telle pluviométrie et avec une telle intensité a fait que 80% de cette eau est repartie à la mer, impossible pour les sols, les nappes et les zones humides de capter toute cette eau, sans parler des zones imperméabilisées. Ainsi donc forts de la pluviométrie exceptionnelle de l’an dernier et de gros coups d’eau jusqu’à maintenant, nous sommes incapables de garder seulement une petite partie de cette eau pour combattre la sécheresse.

La sécheresse ce n’est pas uniquement l’agriculture, c’est aussi l’eau potable, la défense incendie, les usines.
L’agriculture c’est notre alimentation et comme c’est important quand on voit les rayons vides des magasins.

Mettre en opposition la méchante irrigation sur d’immenses surfaces et le gentil jardinier qui collecte partiellement son eau de pluie, c’est mettre en opposition une agriculture capable de nourrir plusieurs dizaines de personnes par hectare avec 300mm d’irrigation sur tout un été, contre un jardinier nourrissant 2 à 4 personnes avec l’équivalent de 3000mm par hectare. Oui, l’INRAE a fait de nombreuses études prouvant qu’un hectare de maïs consommait en irrigation 300mm/ha, un hectare de maraichage 3000mm/ha et un maraichage sous serres 13000mm/ha.

Jusque dans les années 90 la France a créé des barrages, sur l’Allier Naussac est le dernier construit et grâce à lui permet de soutenir l’étiage (l’écoulement) tout l’été. Qui penserait à supprimer ce barrage aujourd’hui ? Il fait suite à Villerest qui soutient la Loire et les deux conjugués permettent un approvisionnement en eau sur tout l’été même par fortes sécheresses. Oui mais voilà depuis 1990, d’une part la population a augmenté, surtout dans les villes, l’économie avec et les sécheresses estivales s’accentuent.

Le courant écologiste en permanence minoritaire mais bruyant, n’a pas permis la construction ni de Chambonchard sur le Cher ni de Serre de la Farre sur la Loire, on en paye aujourd’hui les conséquences par le prix de la compromission politicienne.  Chaque année le Val d’Allier, grâce à la vision brillante des hommes politiques depuis 40 ans qui ont construit l’interconnexion des réseaux d’eau sur notre département, permet d’alimenter Montluçon et la vallée du Cher grâce à l’exportation de 650.000m3. Sans cela Montluçon n’existerait plus.

Ainsi donc le barrage de Chambonchard n’a pas pu voir le jour, mais ironiquement grâce au barrage de Naussac, Montluçon a de l’eau à grands frais et au détriment du bilan carbone.

Le stockage de l’eau devient donc une des solutions pour subvenir aux sécheresses à venir. Le stockage naturel de l’eau en premier grâce aux zones humides qu’il faut préserver. Mais là aussi les écologistes font du mal au milieu naturel. Ces derniers veulent absolument préserver les forêts notamment dans les montagnes ce qu’on appelle les têtes de bassin. Le problème c’est que l’expansion de la forêt se fait au détriment des zones humides, les assèche et diminue leur capacité de stockage. Il faudrait pour préserver les zones humides aider l’élevage qui permet de garder des zones « ouvertes » en prairie, mais garder l’élevage veut aussi dire manger la viande que les écologistes combattent aussi car l’élevage émettrait des gaz à effet de serre et combattre les loups et les ours qui détruisent l’élevage, autre tabou écologique qui préfère le loup et la viande de synthèse à l’eau indirectement.

Il faut reconstituer le stockage de la neige qui ne tombe plus et qui était un stockage naturel d’eau sur ces zones humides en montagne. Il faut donc gérer les zones humides pour une capacité maximum notamment en hiver.

Mais on n’échappera pas au stockage artificiel, par des retenues de moyennes tailles multi-usages dans les vallées et les plaines et sans doute la construction de grands barrages capables de retenir à l’image de Villerest et Naussac plusieurs millions de m3 d’eau prélevés en hiver quand l’eau ne manque pas. Sur le bassin Adour-Garonne d’ici 2030 (c’est demain) il va manquer par an 1,5 milliards de m3 rien que pour l’alimentation en eau potable, principalement pour Toulouse, Montpellier et Bordeaux.

Bien sûr que l’économie d’eau est essentielle dans la politique de gestion, mais qui est prêt à supprimer toutes les piscines ? supprimer l’export de l’eau en bouteille ? ne plus laver les moyens de transport ? ne plus arroser les pelouses et espaces verts ? et ne plus prendre qu’une douche et faire une machine à laver par semaine ? C’est pourtant ce que préconise l’étude explore 2050 si on n’augmente pas la ressource en eau, c’est-à-dire son stockage.

Seules, les économies ne seront pas possibles même s’il convient de rendre les réseaux d’eau potable moins fuyards, l’irrigation plus performante et les process industriels utilisateurs en circuit fermé.

Le stockage artificiel devra se faire sous deux formes principales, quelques grands barrages alimentant les fleuves par un soutien géré sur les années et des retenues de moyennes tailles, quelques milliers de m3, afin de pallier le court terme dans ses différentes utilisations.

On peut comparer deux rivières distantes d’à peine quelques kilomètres dans un même bassin, la Sioule et la Bouble, l’une soutenue par le barrage des Fades, l’autre sans soutien. En cas de sécheresse c’est la continuité écologique dans la Sioule et c’est l’assec, la mort de toute biodiversité dans la Bouble.

En outre ces grands barrages fournissent une électricité complètement décarbonée, on ne peut plus verte et stockable par la réserve en eau que le barrage contient.

Le Canada qui est un des pays ayant le plus d’eau sur son territoire a maillé le pays de grands barrages qui régulent et produisent de l’électricité de manière continue sans subir les aléas du vent ou du soleil.

Le Lac du Der, lac complètement artificiel dans la Haute Marne est devenu la plus grande zone humide écologique d’Europe de 48km² et 350 millions de m3, alors que sa création en 1967 a été initiée pour l’alimentation en eau de Paris.

Les barrages sont au détriment de quelques hectares noyés, la solution de la vie sur terre, celle des hommes mais aussi celle de toute la biodiversité.

Et plus en aval il convient de constituer au gré des zones utilisatrices (plaines agricoles, zones urbaines, zones économiques, zones touristiques) des réserves de moyennes tailles pour assurer la consommation d’eau localement en puisant sur les excédants hivernaux qui le plus souvent inondent avec beaucoup de dégâts des villes entières.

Il faudra réutiliser l’eau usée sortant des stations d’épuration, ce qu’on appelle la « réu », comme c’est déjà le cas à Clermont Ferrand où la totalité de l’eau de la STEP sert à irriguer 1500ha de la plaine de Limagne l’été après avoir été stockée et dépolluée par les rayons UV dans de grands bassins tout l’hiver. Ou comme à St Pourçain l’eau qui sort de la STEP, traitée à l’ozone de qualité eau potable.

Le BRGM, qui est une référence mondiale dans l’étude et l’utilisation des ressources naturelles terrestres vient dans un épais rapport affirmer que les « bassines » (réserves d’eau artificielles) si contestées dans les deux sèvres, amélioraient le stockage dans les nappes phréatiques et même le fonctionnement du Marais Poitevin.

Il y a aussi la possibilité des plantes génétiquement améliorées résistantes à la sécheresse, combattues là aussi par les écologistes.

Les solutions passent toutes par la recherche, la science, l’expérimentation et le progrès, j’en suis convaincu.  

Il est vrai que j’ai entendu dans de hautes instances de la bouche même de ces écologistes que nous étions trop nombreux sur terre, quand le malthusianisme est la boussole, la vie devient vite contradictoire avec la nature dont ils favorisent aussi la destruction.

Si nous sommes trop nombreux sur terre, je ne les empêche pas de montrer l’exemple.

Les écologistes avec leurs thèses antitout, avec leurs solutions de retour à la nature comme un jardin d’Eden, par leur dogme et leurs incantations détruisent la nature, détruisent la vie et empêche toute adaptation, tout progrès.

Il y aurait encore beaucoup à dire, évidemment ce texte ne fait pas peur, il n’est pas effrayant, il n’a donc peu de chance de faire de grands échos si vous avez eu le courage de le lire jusqu’au bout, mais outre le fait de remettre l’église au milieu du village, il apporte des solutions, ces solutions dont on reproche si souvent aux hommes politiques de ne pas apporter.

Hélas actuellement lorsque le bout d’une décision politique est prise elle devient difficile à mettre en œuvre, freinée par une administration de l’eau vérolée par des militants écologistes activistes rongeant de l’intérieur l’application par le système.  

Lorsque dans notre pays, sur ce sujet comme sur d’autres, les majorités constituées réussiront à faire loi par -dessus les crieurs d’apocalypse, nous aurons fait un progrès, un seul, celui de faire avancer notre pays vers la modernité et l’adaptation au climat qui change.

5 commentaires:

  1. merci pour cette expo .Tu as parfaitement raison, il faut stocker l'eau par des retenue qui peuvent aussi produire de l'énergie .
    autour des lacs artificielle se développe aussi une activité touristique importante.
    Rc

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  2. Tellement vrai.

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  3. Tout n'est pas dit dans le stockage artificiel de l'eau, un exemple le lac Chambon, l'eau qui y rentre est actuellement à 12,5° celle qui en sort 23,4°, en moins de 1km donc pas sûre que la biodiversité apprécie...

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  4. Bravo pour ces explications et cette vision progressiste
    A quand nous dirigeants politiques vont enfin se réveiller et prendre des décisions de bon sens et envoyer mettre tous ces imbéciles d'ecolos si trouvent que l'on est trop nombreux sur qu'ils commencent à se suprimer comme ça on sera tranquille

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  5. De Quatrebarbes08 août, 2022

    Bravo Emmanuel,
    merci de défendre un principe de réalité allant à l’encontre de la bien pensance médiatique.
    A ne pas hésiter à diffuser.

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