Vaste sujet sur un élément si essentiel à la vie qui peut
être la cause du bonheur comme du malheur.
Je m’arrêterai au côté politique et particulièrement de
sa gestion. Fort de plus de 30 ans d’implication dans différents organismes
chargés de sa gestion tant sur la quantité que la qualité, car les deux côtés
de sa gestion sont bien ceux-là.
Gérant l’assainissement à St Pourçain depuis 1995 et
étant l’initiative de la seule station d’épuration traitant l’eau usée pour la
rendre au milieu naturel au niveau de potabilité, que mes fonctions dans un
syndicat d’eau potable et d’assainissement , siégeant dans deux SAGE, au comité
de bassin Loire-Bretagne, au comité de gestion des barrages de Naussac et
Villerest ou m’occupant au niveau régional de l’eau en agriculture, j’ai une
vision assez large sur cet élément naturel connaissant bien le côté
règlementaire et pratique de son utilisation, la sécheresse actuelle m’amenant
à participer à des comités sur la gestion de crise.
La sécheresse que nous vivons est historique, j’ai connu
celles de 1990 à 1992 où nous avons créé le syndicat des irrigants du Val d’Allier
avec Jean-Louis Laurent et un groupe d’agriculteur, celle de 2003, celle de
2011, de 2015, 2018 et 2019.
A chaque fois que des évènements comme ceux-là se produisent
on trouve un tas de gens qui ont un avis sur tout, des solutions à tout, mais
qu’à la première pluie on n’écoute plus car ils sont passés à autre chose,
surfant sur l’émotionnel ou l’actualité.
On sait très bien que beaucoup de guerres se déclenchent
par le sujet de l’eau, il n’y a qu’à regarder du côté du Moyen Orient ou de l’Afrique
et des régions où l’eau est rare pour que le moindre fil d’eau devienne objet
de convoitise souvent par les armes. N’oublions pas non plus le droit d’eau
très complexe en France par son histoire et son actualité, rien ne peut se faire
sur ce sujet sans avoir à faire à une réglementation conséquente.
Dans nos contrées où nous ne sommes pas sensés en manquer
pour le moment il est devenu un enjeu politicien, avec lequel certains se font
élire sur des dogmes simplistes n’ayant pour la plupart jamais géré la moindre
structure chargée de sa gestion.
Le changement climatique fait que les crises se
rapprochent et ce n’est pas tellement sa quantité qui va manquer que sa
répartition au long de l’année. Nous avons une myriade d’études et de
projections qui démontrent que nous n’avons que deux solutions pour s’adapter à
ce changement climatique.
Laisser faire, et dans ce cas il nous faut nous attendre
à des déplacements de population pour laisser de vastes parties de l’Europe
ouvertes à la désertification créant des espaces sans vie humaine qui seront,
suivant les évènements, laissés tantôt aux proies des flammes tantôt à celles
des inondations. Une étude récente portée par l’EPL Loire démontre parfaitement
qu’en 2050 si rien n’est fait Clermont-Ferrand rentrera dans une zone semi-aride
où il ne sera plus permis que de prendre 1 douche par semaine. Le SAGE Allier
porte d’ailleurs une étude conséquente sur l’aspect quantitatif de la chaine
des Puys. Il faut s’attendre beaucoup
plus souvent à avoir des restrictions d’eau tous les étés et les rivières comme
la Sioule ou l’Allier asséchées. Bien plus que toute l’économie qui sera
pénalisée c’est la vie locale qui devra se déplacer. Et ce n’est pas un
scénario catastrophe que je décris là car nous aurons des périodes de fortes
pluies pouvant déclencher des inondations très importantes.
Ou alors il y a aussi la solution de réagir de manière intelligente,
sans passion et trouver des solutions globales qui partent du principe simple
de la constitution de réserves et de son utilisation avec économie.
Faire de petites réserves personnelles ne résout rien et
ne sert qu’à exacerber les esprits lors des crises en créant la différence
entre ceux qui ont et ceux qui n’ont ou ne peuvent avoir.
Il convient donc d’accepter pour préserver un maximum de
vie qu’elle soit humaine ou renforçant la biodiversité, de créer des réserves d’eau
à l’échelle de bassins ou sous-bassins qui se rempliraient l’hiver pour être
utilisée lors des périodes de pénurie. On peut toujours dire qu’on ne veut pas
d’un barrage pour pas détruire la biodiversité locale, quand il n’y a plus d’eau
dans une rivière la biodiversité disparait et parfois de manière irrémédiable.
On connait les émois qu’a créé Sivens, mais hormis un enjeu
politicien c’est l’exemple même d’une zone vouée à la disparition de toute vie
dans le bassin concerné.
En matière agricole il aurait été intelligent d’accepter
des cultures génétiquement modifiées résistantes à la sécheresse, cela existe,
mais le côté émotionnel sociétal l’emporte là aussi sur le côté rationnel et scientifique.
Il existe aussi sur ce secteur le développement de plantes résistantes
naturellement à la sécheresse ou des modes d’agriculture économes en eau, ou
des modes d’irrigation performant, j’ai confiance au progrès technique mais
sans l’irrigation aucune agriculture ne sera possible et encore moins l’élevage,
il suffit de voir l’état des prairies cette année.
Il ne convient absolument pas de faire ce qui se fait en
Arabie-Saoudite où dans des déserts gigantesques des pivots d’irrigation
immenses irriguent des surfaces de maïs ou de luzerne avec de l’eau pompée à
des centaines de mètre de profond pour alimenter des élevages de 10.000 vaches.
Je n’ai pas abordé l’aspect qualitatif qui là aussi
pourrait occuper bien des mots mais lorsqu’il y a rareté, mécaniquement la
qualité est étroitement liée.
En conclusion, sans passion et une fois qu’on a enlevé
les Yaka-Faukon, les acteurs de l’eau peuvent trouver des solutions à long
terme et je me réjouis que depuis peu de la base jusqu’au plus haut de l’Etat,
ces idées font leur chemin et commencent à être acceptées jusqu’à leur mise en œuvre.
Dans l’Allier grâce à l’initiative de la Préfète, des
services de l’Etat, du Conseil Régional et Départemental et de la Chambre d’Agriculture
et d’acteurs locaux des réserves verront bientôt le jour dans le département
pour que les paroles deviennent des actes.
Bravo pour votre analyse saine de la situation.
RépondreSupprimerSirvens fût effectivement un immense gâchis pour tout le monde, car il n'y a pas que les éleveurs et agriculteurs qui manquent d'eau, mais ce problème en ville ne semble pas être compris pour le moment...
Là où vous nous "étrillez" un petit peu, c'est de mettre en première intention d'utiliser les OGM comme possible solution en matière de cultures: ne peut on pas regarder comment évolue les choses avec ce que l'on a avant de passer à "l'artillerie lourde"??? Les OGM tant qu'ils sont dans la semence, nous les contrôlons, après...
Créer un bouleversement radical par un autre non maîtrisé n'a jamais été une solution intéressante: les véritables lacs colinéaires, nous connaissons, nous maîtrisons. Les OGM peuvent apporter une réponse bien pire que le mal par sa dispersion non maîtrisée.