Alors que le Salon International de l’Agriculture de
Paris se ferme avec un nouveau record de fréquentation, nous faisons face soit
à une schizophrénie incroyable des français, soit à des médias et un pouvoir qui
nous mènent dans une autre direction de leur volonté.
Dès l’ouverture du salon des militants L214 manifestaient
devant l’entrée contre l’usage d’animaux pour notre usage humain. Mais alors
que venaient donc voir ces français toujours plus nombreux au salon si ce n’est
l’excellence des produits agricoles avec une fréquentation la plus forte dans
les rangées exposant les animaux rassemblant le meilleur de chaque race dont
leur destination est sans ambiguïté dans notre assiette. La file d’attente
devant chaque restaurant des différentes races ou produits ne laissait là
encore aucun doute. Et pourtant les médias n’ont pas ménagé leur peine relayés
par quelques stars médiatiques sur des plateaux de télévision, pour montrer la
manifestation de L214 faisant croire à la France entière que c’était presque le
seul évènement de l’ouverture du salon. La réalité ce sont près de 700.000
visiteurs contre une centaine de militants.
Que penser de tous ces stands démontrant le meilleur de
notre agriculture très largement conventionnelle avec force d’explications sur
les pratiques préservant la qualité et le rendement procurant une alimentation
saine et sécurisée au consommateur français et étranger. L’agriculture
biologique était bien sûr représentée mais par quelques stands au milieu
d’autres tout à la hauteur relative de sa présence dans nos campagnes.
Et pourtant nos médias et nos dirigeants ne cessent de
défendre une agriculture moins productiviste et plus naturelle, autant dire
sans pesticides et décroissante, reléguant la France du 1er au 2eme
et bientôt 3eme pays agricole européen et de 3eme à 6eme exportateur mondial.
Ce soir le journal de France 2 pour le lancement d’un
reportage sur l’élevage d’insectes comestibles affirme une contre vérité en
annonçant la réduction des terres agricoles dans le monde.
Pendant ce temps et en raison de l’embargo européen sur
les produits agricoles, la Russie est devenue en 2 ans le premier producteur et
exportateur de blé mondial en remettant en culture des millions d’hectares avec
un potentiel à venir extraordinaire. La Chine achète des millions d’hectares
partout dans le monde y compris en France pour assurer sa sécurité alimentaire.
L’Amérique du nord et bientôt toute l’Amérique du sud grâce aux traités du CETA
et du Mercosur nous inonderont de produits agricoles bons marchés et produits
dans des conditions que nous avons interdites sur notre sol depuis plus de 20 ans.
L’Afrique relève la tête et met en place des politiques agraires et agricoles
dans les parties centrales de ce continent. Le Moyen Orient riche de son
pétrole, met en culture à grands frais ses déserts en asséchant ses réserves en
eau à des centaines de mètres sous terre ou dessalant l’eau de mer.
Bref, le monde entier réveille son agriculture, lui donne
les moyens d’être plus productive, intensifie sa recherche, augmente le
commerce à grand renfort de construction de ports, de silos, d’entrepôts de
voies ferrées de routes tandis que les dirigeants européens et particulièrement
français abandonnent leur agriculture et le monde rural.
En France contraintes multiples et croissantes à la
production, baisse des budgets agricoles, diminution de la recherche qui a été
la meilleure du monde, abandon du monde rural en fermant ses écoles,
contraignant et limitant ses déplacements par la dégradation des moyens de
circulation. Est-ce vraiment la volonté de cette France qui a parcouru les
allées du salon durant 7 jours ?
Une fracture se créé entre le pouvoir issu des villes
contre ce monde rural et agricole abandonné, laissé pour compte au nom d’intérêts
économiques favorisant notre exportation du secteur tertiaire concentré dans
les villes.
Je ne crois pas à la schizophrénie des français qui
aiment leurs campagnes et pas seulement pour venir en vacances, je désespère
juste d’un pouvoir qui abandonne le monde rural qui ressemblera sous peu aux
territoires ruraux abandonnés et sinistres de l’Union Soviétique où une
centaine de familles par canton travaillaient la terre dans un kolkhoze
gigantesque regroupant en interne le pouvoir politique, l’état civil,
l’éducation, la distribution du minimum vital, dénué de vie sociale culturelle
et spirituelle.
Si nos dirigeants n’y prennent garde, dans quelques
années le salon de l’agriculture de Paris deviendra un conservatoire du monde
rural, celui qui a nourri la France et l’Europe, vitrine d’un passé qui a fait
les belles heures de la France mais qui a abandonné sa souveraineté alimentaire
par dogme, par intérêts commerciaux et désintérêt de ceux qui l’habitent.
L’agriculture, la ruralité sont encore une chance pour la
France, réagissons avant qu’il ne soit trop tard !
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