mercredi 11 novembre 2015

Mon discours à l'occasion de la cérémonie du 11 novembre


« Tu ne peux savoir, ma mère aimée, ce que l’homme peut faire contre l’homme. Voici cinq jours que mes souliers sont gras de cervelles humaines, que j’écrase des thorax, que je rencontre des entrailles. Les hommes mangent le peu qu’ils ont, accotés à des cadavres. Le régiment a été héroïque : nous n’avons plus d’officiers. » 

Cet extrait de lettre d’Eugène Emmanuel Lemercier à sa mère il y a cent ans nous rappelle par des mots très justes et très directs une triste réalité transposable aujourd’hui.
Fermez les yeux, imaginez ce que peut écrire un combattant en Syrie, ou quelque part au moyen orient, ces mots sont sans doute les mêmes dans les décombres des villes détruites.
« Tu ne peux savoir, ma mère aimée, ce que l’homme peut faire contre l’homme. »
Il n’y a aucun dieu ni aucune religion qui guide l’homme vers la guerre, il n’y a pas de loi supérieure à l’homme qui dicterait de faire la guerre.
Au contraire c’est l’homme seul, fanatique dont la réflexion se situe au plus bas de sa conscience par la vanité et la soif de pouvoir qu’il veut exercer sur l’autre, se servant de toute croyance pour se détruire lui-même.
Ce 11 novembre 2015 commémore la barbarie humaine alors que nous sommes il y a cent ans au paroxysme de la guerre dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire.
Faut il justement que nous n’ayons pas de mémoire pour répéter sans cesse les mêmes erreurs, qui amènent  aux mêmes résultats.
Soyez remerciés vous toutes et tous qui êtes présents ici en ce jour pour se souvenir de ce que peut être la bêtise humaine et de ceux qui ont donné leur vie pour que nous puissions jouir de nos libertés.
Usons de cette liberté pour nous exprimer, pour crier notre expérience de la guerre, de ses souffrances, de ses horreurs et de son inutilité.
Usons de cette liberté pour porter l’éducation, le savoir, la connaissance afin que cesse la domination de ceux qui ignorent par ceux qui savent.
L’historial de Fleuriel que nous avons inauguré vendredi dernier n’a pour seul but de faire savoir que ce sont les paysans, les petits, les faibles qui ont donné leur vie comme très souvent dans toutes les guerres.
Bien au-delà soyons les chantres de la liberté de parole, du dialogue, du respect pour que quelles que soient les différences les hommes cessent de se faire la guerre, très loin mais aussi très près de nous, chez nous.
La France est un pays de liberté, la France est un pays de conscience dont ses valeurs sont malmenées en ces temps difficiles qui amènent le trouble chez nos concitoyens et la tentation des vieux démons ressurgit dans l’expiation des conséquences plutôt que la correction de la cause.
Gardons la tête froide, soyons les porteurs de nos valeurs et de nos droits, sans oublier la masse de nos devoirs  et du premier d’entre eux le devoir de mémoire.
Mesdames et Messieurs nous sommes là car la force de notre nation est d’avoir surmonté toutes les épreuves même les pires,  le peuple français s’est toujours retrouvé pour dépasser les difficultés,  en l’honneur de ceux qui ont donné leur vie pour nous et pour leur respect nous devons faire bloc devant l’adversité d’aujourd’hui.
La chance de notre société moderne est de porter la connaissance, le savoir et l’information à chacun d’entre nous, pour que nous puissions décider en toute connaissance de cause.
La propagande pouvait exister en 1915 lorsque les poilus n’avaient qu’une seule source d’information officielle ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, alors jouissons de la pléthore d’informations mais ne nous laissons pas griser par les sirènes de celles qui crient le plus fort.

Encore merci de votre présence en ce jour et je vous invite à boire un verre autour de la fraternité  en l’honneur de ceux qui sont inscrits au fronton de notre monument aux morts.

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