Il y a déjà quelques temps que j’avais envie d’écrire un
article de fond sur l’avenir de l’agriculture, et c’est lors de la conférence
de Bruno Parmentier le 9 juin dernier que j’ai réussi à organiser mes idées
dans la tête. J’espère qu’il ne m'en voudra pas de reprendre quelques uns de ses
arguments et vous encourage vivement à aller voir son site
http://nourrir-manger.fr/ mais
que je complète avec ma propre opinion.
Les évènements mondiaux qui viennent de se dérouler ces
vingt dernières années proviennent tous de la désorganisation agricole et les
politiques publiques en la matière. Les guerres au moyen orient, Ben-Laden, le
printemps arabe, Daesh, l’immigration incontrôlée ont tous une seule genèse, la
révolution de peuples pauvres et souvent affamés contre un occident riche et
mangeant à satiété, jusqu’à jeter 30% de la production mondiale agricole. Nous sommes passés entre 2000 et 2012 de 800
millions de gens souffrant de la faim dans le monde à 1,4 milliard. Dans ce
même temps l’obésité devient une maladie dont le nombre de gens concernés à
progressé de 50% en 20 ans.
Nous serons 9 milliards d’hommes dans le monde en 2050
alors que nous sommes restés seulement 1 milliard jusqu’en 1800 sur cette planète. En 200 ans nous passerons de 2 milliards à 9
milliards juste par l’amélioration de l’alimentation et de la santé. Mais cela
veut dire un enjeu démesuré pour arriver à nourrir cette population.
Un seul croissant tous les matins pour chaque chinois
peut faire exploser le marché du blé, un seul yaourt chez 50% des indiens et le
marché du lait explose aussi, d’autant plus que le niveau de vie augmente et s’accompagne
de l’accès à des produits agroalimentaires élaborés provenant des marchés
mondiaux.
Le dérèglement climatique s’accompagnant de sécheresse ou
d’inondations ; la spéculation laissée à des entreprises capitalistiques
sans conducteur que les seuls actionnaires retraités ayant pour unique but le
paiement de leur pension pour consommer une nourriture toujours plus riche ;
l’enjeu de l’eau et de sa répartition sur la planète ; la disparition de
terres agricoles sous l’agrandissement des villes ; le pouvoir de la
semence et plus particulièrement de la maîtrise du génome, sont tous autant de
facteurs aggravant de ce qui à terme peu favoriser les guerres.
La sécurité de notre planète, la paix dans le monde
peuvent être dans les mains de seulement deux catégories d’hommes. Les
militaires ou les agriculteurs. Si les derniers ne réussissent pas seuls les
premiers pourront intervenir. Le printemps arabe est l’exemple le plus flagrant
à notre époque comme la révolution française l’a été au XVIIIe siècle.
Mais l’agriculture peut réussir et elle a tous les atouts
pour cela sauf deux. L’agriculture ne sera pas le fait des seuls agriculteurs
pour produire de l’alimentation et des technologies nouvelles transformeront
leur métier par un changement d’habitudes
alimentaires comme la production de protéines animales ou végétales inconnues jusqu’alors.
L’agriculture est la seule capable de produire encore
plus par la maîtrise des nouvelles technologies faisant disparaître la chimie
des champs. Ce sera par le génie génétique ou par les nouvelles techniques
culturales dont l’agroécologie en est le balbutiement.
La production d’énergies nouvelles basées sur le
recyclage des déchets agricoles et alimentaires permettra de se passer des
engrais minéraux et le captage nécessaire du carbone pour limiter le
dérèglement climatique ne se fera que par l’adaptation des méthodes culturales
pour une efficience maximum.
Enfin l’agriculture devra produire plus, mieux et sur
moins de surface du à l’extension des déserts et des villes ce qui revient à
peu près au même en matière de biodiversité.
Défendre la décroissance peut facilement s’appliquer à 1
ou 2 milliards d’hommes mangeant trois repas par jour, mais aucunement à 8
milliards qui jusque là n’en mangeaient pas toujours un par jour.
Il lui manque deux choses à ce jour pour arriver à ce
formidable défi, qui je le rappelle si elle échoue ce sera au prix de guerres y
comprit en occident, dont les attentats en sont l’exemple.
Il lui manque un mode d’organisation économique qui ne
soit pas aux seules mains du monde capitalistique et dont le mode coopératif
est sans doute la voie royale de cette réussite indispensable. Je croyais
beaucoup au sommet international des coopératives au Québec l’an dernier et j’ai
peur que le soufflé soit retombé.
Et il lui manque enfin une recherche publique
indispensable et ayant les moyens à la hauteur du défi afin que cet enjeu
devienne sociétal et que la population toute entière en détermine les priorités
et les orientations.
Il est frustrant de devoir se limiter à quelques lignes
sur ce qui sera le passage obligé de la survie des populations sur terres, un
développement serait plus que nécessaire, ce doit être à ceux qui seront les
hommes politiques d’aujourd’hui et de demain à s’emparer de cela tant que nous
vivons dans un monde démocratique et avant que les religions viennent imposer
leur dictature avec une régulation ….par la guerre. La paix se fera seulement
grâce à la nourriture pour tous sur une planète écologiquement équilibrée.
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