Le développement de la méthanisation en France ne sera pas
celui des discours volontaristes des élus, qui ressemblent dans ce domaine bien
plus à de l’activisme gesticulatoire qu’à la mise en pratique de mesures concrètes.
En effet pour méthaniser il faut trois conditions
essentielles réunies en même temps. Le débouché de l’énergie et du digestat, l’approvisionnement
en intrants et le capital à investir.
Pour le débouché de l’énergie il existe deux possibilités
que sont la production d’électricité ou de gaz. Dans le dernier cas il faut un
réseau en capacité d’absorption suffisante à proximité de l’unité de
méthanisation et être capable de produire du gaz de qualité et on le sait
maintenant la voie sèche discontinue n’est pas la mieux adaptée pour cela. Ce
qui de fait élimine une grande partie des régions françaises qui produisent
davantage de fumier que de lisier, ce dernier étant essentiellement restreint à
la Bretagne. Pour la production d’électricité la condition en France est de
valoriser la chaleur en plus de l’électricité. Il y aura toujours par ci par là
quelques serres, séchage de bois, piscine ou autres installations à chauffer
mais pas en quantité suffisante pour écluser la chaleur qui ira avec le développement
voulu de la méthanisation.
Ensuite il faut valoriser les digestats et se posera l’énorme
problème des digestats provenant de déchets ménagers, boues de station d’épuration
ou tout autre déchet industriel. Les filières agroalimentaires refusent
désormais dans leur cahier des charges la production de céréales sur des
parcelles ayant reçue ce genre d’épandage. De plus la directive nitrate et la
réglementation française restreignent considérablement les conditions d’épandage dans
le milieu naturel. On connaît désormais des projets d’unité de méthanisation
qui ne verront pas le jour faute de plan d’épandage.
L’approvisionnement en intrants est aussi la clé de la
construction d’une unité de méthanisation et là encore la France s’attache un
boulet aux pieds en limitant la production de cultures dédiées. Or les déchets
industriels méthanisables font déjà pour la plupart l’objet de contrat de
récupération par les majors en matière d’élimination des déchets qui ont bien
compris là le filon rentable.
De plus il ne faut pas s’imaginer que la ressource est
inépuisable et lorsque deux ou trois gros projets portés par des industriels
verront le jour par département on peut penser que la source sera tarie.
Le gros du gisement pourrait être les déchets agricoles
sur les fermes type fumier ou lisier mais ayant un faible pouvoir méthanogène.
Enfin il faut pour réussir un projet de méthanisation du
capital, beaucoup de capital et si les banques prêteront environ 60% de la
somme sur un projet viable il n’en reste pas moins qu’il faut trouver les 40%
restants. Et plus le projet est important plus les sommes sont importantes.
On parle souvent de l’Allemagne en matière de
méthanisation, mais la différence avec
la France c’est que ce premier a décidé d’arrêter la production d’électricité
par le nucléaire et de tout reporter sur les énergies renouvelables dont la
méthanisation. Mais pour réussir ce challenge l’Allemagne ne s’est mis aucune
contrainte ! Aucune contrainte en matière de production de cultures
dédiées, un rachat de l’électricité élevé sans tenir compte de la chaleur, des
normes d’injection gaz très souples et peu contraignantes etc…
Comme d’habitude en France lorsqu’on veut développer de
nouveaux projets, on commence par limiter toutes les possibilités, encadrer au
maximum par une réglementation démesurée en espérant que malgré cela le
développement soit démesuré, mais si possible sans gagner trop d’argent non
plus…
La méthanisation va sans doute se développer en France,
mais il y aura beaucoup de projets et beaucoup moins de réalisations faute des
conditions ci-dessus réunies. La meilleure preuve est le grand chamboulement
qui a commencé avec le rapprochement des bureaux d’étude et sociétés qui
construisent ces unités qui d’ici trois ou quatre ans ne seront qu’une dizaine
en France faute d’avoir pu toutes, et elles sont nombreuses, porter des projets
viables en nombre
bravo pour cette analyse extrêmement réaliste de la méthanisation! beaucoup de travail et de nuits blanches pour les agriculteurs porteurs de projets! l'agriculture de groupe sera certainement un des vecteurs de développement de cette technologie. En espérant que l'intérêt commun l'emporte sur les intérêts particuliers! Hervé
RépondreSupprimerbravo pour cette analyse extrêmement réaliste de la méthanisation! beaucoup de travail et de nuits blanches pour les agriculteurs porteurs de projets! l'agriculture de groupe sera certainement un des vecteurs de développement de cette technologie. En espérant que l'intérêt commun l'emporte sur les intérêts particuliers! Hervé
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