dimanche 14 août 2011

syndicalisme, mutualisme agricole?



Je suis en train de lire le livre sur Michel Debatisse écrit par Claude Goure. Je suis impressionné par le charisme de l’homme, le foisonnement d’idées et la persévérance à les faire aboutir.
J’ai appris beaucoup de choses sur la création des lois d’orientation agricole de 1960 mises en œuvre par Edgar Pisani. Et sur la création des organismes mutualistes, Crédit Agricole, MSA, coopération…
Certes, certains existaient auparavant, mais en 1960 un tournant a été pris dans ces organismes en faveur de l’agriculture.
Par contre des choses mises en place à l’époque dans un contexte précis mériteraient d’être modifié voir abolies, je pense aux SAFER notamment.
Mais que sont devenus nos organismes mutualistes, quels rôles jouent ils aujourd’hui dans l’agriculture ?
C’est triste de constater que ce ne sont plus les agriculteurs sociétaires qui décident maintenant, et que les directeurs ont prit les rênes pour ne plus les lâcher.
Les présidents eux-mêmes me disent ne plus rien décider. Il faut qu’ils demandent l’autorisation aux directeurs pour prendre des orientations. Le comble c’est quand ce sont des directeurs qui se font élire dans les instances nationales à la place des élus sociétaires.
Et quand je demande un peu plus de mutualisme, un peu plus de relation avec le monde agricole, on me répond que les agriculteurs ne représentent plus rien en chiffre dans la banque. Certes à prêter aux états en faillite ou investir dans les subprimes, les chiffres ne doivent pas pouvoir se comparer ; le retour en impayé non plus…
Si Michel Debatisse ou ses collègues étaient encore là aujourd’hui, que diraient ils ?
Je pense qu’ils nous diraient deux choses : soit vous reprenez le pouvoir, soit vous recréez à côté des organismes dévoués au monde agricole.
Que le Crédit Agricole prête à la Grèce qu’est ce que cela apporte aux agriculteurs sociétaires ?
Nos organismes nous ont échappé et je ne pense pas que nous pourrons reprendre le pouvoir, alors que la fracture se fasse et qu’ils vivent leur vie sans nous. Arrêtons de nous impliquer dans des organismes où nous servons de caution pour le nom, mais dont nous ne décidons plus rien, malgré notre capital social, et nous ne sommes traités sans aucune différence d’avec les autres banques privées.
Peut être est il temps de recréer une autre banque agricole, exclusivement dévouée aux agriculteurs et leurs familles. Peut être devons nous recréer des coopératives plus soucieuses de défendre les agriculteurs que le portefeuille de leurs débouchés. Mais est-ce que les agriculteurs d’aujourd’hui auront la moelle de nos aînés de 1960, ou préfereront ils se laisser faire ?

3 commentaires:

Corinne a dit…

Personnellement je partage l'impression que notre soi-disant banque agricole n'est vraiment plus à la hauteur, et est même totalement autiste aux demandes fondées de ses "clients". Et je ne parle pas des élus de terrain, mais bien évidemment des directeurs en tout genre.
Du coup, pour nous le choix est fait, nous ne travaillerons plus avec eux.

Cultilandes a dit…

Si vous voulez créer une banque spécifiquement agricole, avec des agriculteurs comme seuls clients créditeurs et débiteurs, je vous souhaite bien du courage!
L'époque, qui semble vous rendre nostalgique, du monopole des prêts bonifiés et super-bonifiés, est révolue! Les agriculteurs, comme Corinne, ont repris goût au libre choix, voire au consumérisme.
C'était dans les années où les banques réalisaient d'énormes profits sur les marchés financiers qu'il fallait remettre en cause la stratégie...

Qu'est devenue SODIAL, développée par M.Debatisse? A t'il maîtrisé la situation? Et votre coopérative: si elle est contrôlée par ses coopérateurs de Limagne, est-ce avec eux qu'elle prospère?

Bravo pour votre -surprenante- remise en cause des SAFER. Allez plus loin: les CDOA...

Surprenant qu'au moment où vous arborez le fanion FNSEA, vous remettiez en cause une partie de ses dogmes et de ses bras armés...
Parmi les bras armés: l'industrie contrôlée par son président!

Emmanuel Ferrand a dit…

Je n'ai pas peur non plus de remettre en cause les CDOA, au moins dans leur but actuel.

J'ai toujours dit que si nous "entrions" à la FNSEA ce n'était pas pour fermer notre gueule, mais pour dire à l'intérieur ce que nous pensions, même si ce n'était pas dans la ligne de la FNSEA.